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Cultures

Blé, orge, colza : oui, mais pas que ça

L’allongement des rotations était l’une des thématiques de SeineYonne lors d’une visite d’essais dans le Châtillonnais.
Par Aurélien Genest
Blé, orge, colza : oui, mais pas que ça
Éric Ducornet, responsable nouvelles cultures à 110 Bourgogne, fait la part belle au chanvre et au lin.
La visite de la plateforme d’expérimentation de Prusly-sur-Ource était proposée mercredi 3 juin par SeineYonne (mutualisation des services agronomiques 110 Bourgogne et Capserval). Les agriculteurs avaient un large choix d’ateliers. L’un d’eux s’intéressait aux alternatives de la traditionnelle rotation colza, blé, orge. «L’allongement de la rotation a des bénéfices bien reconnus d’un point de vue agronomique» annonce Éric Ducornet, responsable nouvelles cultures à 110 Bourgogne. La gestion des ravageurs et des maladies devient très difficile avec un retour trop fréquent du colza au sein d’une même parcelle. «Résoudre les problèmes de désherbage et d’insectes augmente le niveau de charges» poursuit Éric Ducornet. «La diversification des cultures est un sujet qui intéresse beaucoup, nous recevons beaucoup de questions de la part de nos adhérents» assure Amélie Petit, responsable agronomique de SeineYonne. La substitution du colza n’est pas si simple que cela, comme le rappelle Éric Ducornet  : «il faut reconnaître que sur nos terres à cailloux, le colza est une formidable culture avec sa faculté à s’enraciner et à exploiter des sols avec des réserves en eau limitantes».

Un duo prometteur
Deux cultures font leur retour depuis peu dans le Châtillonnais  : le lin et le chanvre. Pour la première citée, les graines sont extrudées puis confiées à Valorex qui alimente l’usine Soréal. «C’est la deuxième année que nous faisons du lin» indique Éric Ducornet, «il s’agit d’une excellente tête de rotation. Nous en avons 170 hectares aujourd’hui dans le Châtillonnais et il est amené à se développer. Des rendements de 17 à 18q/ha ont été enregistrés l’an passé, nous visons 20q/ha». La seconde option de substitution au colza est donc le chanvre, présent en Haute Côte d’Or sur environ 150 hectares. «Là encore, nous n’inventons rien, tous les anciens exploitants présents aujourd’hui à notre visite en faisaient déjà dans le passé. Avec le chanvre, le nombre d’interventions est plus que minime, on sème et on récolte ! Financièrement parlant, cette culture est intéressante à double titre puisque nous avons un contrat paille et un contrat pour les graines de chènevis» relève le responsable nouvelles cultures. En ce qui concerne le lin, Eric Ducornet fait part de nettes améliorations d’un point de vue agronomique, suivi de désherbage et fongicides : «nous maitrisons parfaitement ces aspects par rapport à il y a vingt ans. Selon les exploitations, la marge réalisée pour ces deux cultures peut être supérieure à celles des céréales et du colza».

Les pistes ne s’arrêtent pas là
D’autres possibilités sont également étudiées par 110 Bourgogne  : «nous travaillons sur d’autres espèces mais nous sommes seulement au stade de l’observation. Il serait bien trop tôt d’en parler aujourd’hui puisque nous n’avons pas encore les débouchés derrière, contrairement au chanvre et au lin. Notre coopérative défend le revenu de ses adhérents et ne saurait se lancer dans la moindre production hasardeuse». Certains adhérents de la coopérative atteignent aujourd’hui le nombre de huit cultures dans leur rotation en optant notamment pour le maïs, le tournesol ou encore le pois. Un changement d’habitudes certain qui nécessite plus d’agronomie mais que 110 Bourgogne se propose d’accompagner : «il n’y a aucun problème dès lors que l’agriculteur n’est pas seul. Nous publions régulièrement des flashs techniques spécifiques aux cultures et nous avons quoiqu’il arrive nos relais technico-commerciaux sur le terrain» ajoute Éric Ducornet. Les ateliers de cette journée s’intéressaient également aux cultures plus traditionnelles avec présentation des essais variétés, fertilisation azotée, pulvérisation en bas-volume, techniques d’implantation et starter et fertilité des sols. «Par ces rencontres, nous mettons en avant les nombreuses actions innovantes menées par nos coopératives pour garantir la marge brute de nos adhérents, asseoir les débouchés et préserver notre environnement eau, sol, air» indique Amélie Petit.