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Fenaison

Bilan 2018 : des stocks remplis déjà entamés

L’année 2018 a été synonyme de précocité pour la pousse de l’herbe. Le foin, présent en quantité, a perdu un peu en qualité. L’inquiétude pèse aujourd’hui face à la sécheresse et l’absence de repousse de l’herbe, qui font déjà puiser dans les réserves de foin.
Par Orianne Mouton
Bilan 2018 : des stocks remplis déjà entamés
Les charolaises de Vincent Beau vont prochainement avoir du foin et de la paille dans les prés, à défaut d’herbe.
«Au niveau du département, la fenaison a été homogène, au moins dans les dates». Jérôme Laviron, responsable du pôle viande chez Alysé, livre le bilan de cette année 2018. «Quand le beau temps est enfin arrivé aux alentours du 10 juin, les éleveurs se sont empressés de faucher leurs prairies dans les quinze jours». L’herbe avait bien poussé pendant le pic de chaleur de mai, et sa récolte tardive a eu des conséquences sur la qualité des fourrages. «La végétation était avancée, presque tout était épié, ce qui diminue la valeur alimentaire du foin. En revanche, ceux qui ont fait de l’ensilage en avril et ont fauché les repousses en juin ont un foin de bien meilleure qualité, avec de l’herbe moins développée. Idem pour l’enrubanné qui est plutôt bon cette année». Niveau quantités, les granges icaunaises ont pu se remplir un peu : les rendements sont légèrement au-dessus d’une année normale, hormis quelques zones où les récoltes ont été plus restreintes, ou dans les prairies temporaires touchées par les inondations de l’hiver. Au Gaec Beau à Ligny-Le-Chatel, les 50 ha de prairies en terres argileuses destinées aux 100 charolaises de l’exploitation ont été fauchés en enrubannés et foin. La fenaison s’est déroulée dans de bonnes conditions, avec des rendements supérieurs à l’an dernier. «Dans une parcelle, on avait fait 135 ballots en 2017 et on en a fait 174 cette année. C’est un peu au-dessus des rendements habituels, au global de l’exploitation. Ce qui nous a le plus embêté, ce sont les dégâts de sangliers qui se multiplient dans les prairies… ça abîme vraiment le matériel, et pour ça, on n’est pas indemnisés…» explique Vincent Beau associé de l’exploitation, en montrant le cadre brisé de sa faneuse.

L’eau se fait désirer
Nadine Darlot, éleveuse de vaches laitières à Venouse, est plutôt satisfaite de la fenaison. «Il y a eu ce qu’il faut en quantité, avec une qualité marquée par la récolte tardive. Les petits 8-9 mm de pluie tombée le 20 juillet ont été les bienvenus, mais l’herbe reste très sèche». Le sentiment de sécurité offert par les granges bien remplies risque d’être de courte durée au vu de l’absence prolongée de pluie. Jérôme Laviron s’inquiète «impossible de faire une deuxième coupe, c’est trop sec, l’herbe a du mal à repousser. Les rendements ont été plutôt satisfaisants, mais certains éleveurs commencent déjà à entamer leur stock pour nourrir les bêtes au pré…» Chez Vincent, à Ligny-Le-Chatel, la sécheresse estivale est chose commune sur les terres argileuses, très sensibles aux extrêmes «les extrêmes, il n’y a plus que ça maintenant avec le changement climatique». La gestion de l’herbe n’est jamais évidente : «Pour être tranquilles, on a un chargement léger et on fait vêler tôt, pour que les broutards partent fin juillet, début août. Ça allège les prairies quand c’est très sec». Cette année, après des mises à l’herbe printanières réussies, le jeune éleveur redoute le manque d’eau et prévoit dès la semaine prochaine d’apporter du foin et de la paille à toutes ses bêtes en espérant «qu’il ne faudra pas les nourrir comme en plein hiver tout l’été».