Dégâts de sangliers
Bientôt des tirs de nuit
En dépit des mesures prises, concernant notamment la suspension du plan de chasse dans les zones les plus impactées, la population de sangliers n’a cessé de croître et le préfet de l‘Yonne s’apprête à prendre un arrêté pour organiser tirs de nuit et battues administratives
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L’importance des dégradations affectant cultures et semis dans le département, causées par une population accrue de sangliers ne fait qu’augmenter, notamment dans cinq zones cynégétiques (sur 21) du département : Serein, Vermentonnais, Puisaye, Vrin et Chablisien. Dans cette dernière, l’on constate même une hausse de 131% des dégâts enregistrés antérieurement. Une situation qui a conduit les services de l’État en début d’année, à suspendre de manière exceptionnelle, le plan de chasse «sanglier» en vigueur au sein de ces territoires. Avec pour conséquence, d’autoriser les chasseurs, à tuer des sangliers sans avoir à acheter au préalable à la Fédération des Chasseurs de l’Yonne (FDCY), des bracelets au prix unitaire de 40 €. Une mesure saluée unanimement par la profession agricole, mais contestée et attaquée devant le juge administratif par la Fédération, qui a toutefois été déboutée de sa requête, notamment pour cause de forte augmentation des surfaces endommagées par le gibier en 2016/2017 par rapport à la campagne précédente. Il se tue bon an mal an, environ 8 000 sangliers chaque année. Des prélèvements insuffisants selon les pouvoirs publics, au regard des concentrations d’animaux dans les zones les plus concernées, dont certaines sont classées «point noir» depuis plusieurs années, explique Jean-Christophe Moraud : «en fait, les plans de chasse y sont sous réalisés de manière systématique, de 20 à 28 % en dessous des seuils à atteindre, selon les années…» Conduisant mécaniquement à la hausse spectaculaire des populations. Et le préfet de l’Yonne enfonce le clou : «dans certains points du département, on estime avoir atteint des limites de population qui pourraient bien, au delà d’un certain seuil, échapper à tout contrôle…»
Des agrainages «sauvages»
C’est dans ce contexte que la FDCY avait demandé une dérogation générale, visant à autoriser l’agrainage pendant une période allant du 1er décembre 2016 au 15 février 2017. Refus catégorique de l’administration qui a en revanche, réclamé aux chasseurs d’exercer dans les meilleurs délais une pression de chasse accrue sur la population de sangliers, d’autant que des agrainages «sauvages» ont déjà été verbalisés par l’ONCFS *, souligne le préfet Moraud : «on a relevé des dispositifs d’agrainage quasi industriels… Des pratiques condamnables, d’autant que certaines proviennent d’administrateurs de la fédération de chasse et qui donnent lieu à verbalisation systématique…» Rappelant en l’occurrence, que si les fédérations de chasse ont une mission de service public, «elles ont aussi pour rôle de préserver ou participer au maintien de la biodiversité, hors tout le monde constate qu’en la matière, dans le département, on est plutôt sur le mode mono espèce avec un modèle économique mis en place par la fédération de l’Yonne, reposant largement sur la chasse du sanglier…» Autre pierre d’achoppement, avec le fait que les chasseurs ne sont pas seuls utilisateurs de la nature : «il y a d’autres usagers, à commencer par les agriculteurs qui y vivent en vivent. Que les récoltes soient bonnes ou mauvaises, il faut veiller à cela…»
Tirs de nuit et battues administratives
Au final, la facture risque d’être lourde pour la FDCY, avec un montant d’indemnisation atteignant déjà de 830 000 € à fin janvier, mais l’addition aurait pu être plus salée encore : «les indemnisations sont calculées sur les cours des céréales, très bas en ce moment. S’ils avaient été identiques à ceux que la profession a connu il quelques années, pas certain que les finances des chasseurs aient suffi pour en assurer le paiement…» Aujourd’hui, l’on compte 22 % de dégâts supplémentaires attribués majoritairement aux sangliers, pour une surface globale de cultures détruites, estimée à 1120 ha. Une situation qui conduit les autorités à organiser dans un délai de deux mois, des actions de régulation supplémentaires en instaurant, en lien avec l’ONCFS et les lieutenants de louveterie, des battues administratives et des tirs de nuit. Ces derniers étant considérés comme plus efficaces rappelle Jean-Christophe Moraud : «s’il y a bien une bête maligne et intelligente, c’est bien le sanglier ! À se demander s’il ne mange pas du poisson tous les jours, pour «phosphorer» aussi vite !» Nul doute que si l’animal passait au régime crétois, cela arrangerait bien les affaires des agriculteurs, mais ce n’est pas gagné !
Des agrainages «sauvages»
C’est dans ce contexte que la FDCY avait demandé une dérogation générale, visant à autoriser l’agrainage pendant une période allant du 1er décembre 2016 au 15 février 2017. Refus catégorique de l’administration qui a en revanche, réclamé aux chasseurs d’exercer dans les meilleurs délais une pression de chasse accrue sur la population de sangliers, d’autant que des agrainages «sauvages» ont déjà été verbalisés par l’ONCFS *, souligne le préfet Moraud : «on a relevé des dispositifs d’agrainage quasi industriels… Des pratiques condamnables, d’autant que certaines proviennent d’administrateurs de la fédération de chasse et qui donnent lieu à verbalisation systématique…» Rappelant en l’occurrence, que si les fédérations de chasse ont une mission de service public, «elles ont aussi pour rôle de préserver ou participer au maintien de la biodiversité, hors tout le monde constate qu’en la matière, dans le département, on est plutôt sur le mode mono espèce avec un modèle économique mis en place par la fédération de l’Yonne, reposant largement sur la chasse du sanglier…» Autre pierre d’achoppement, avec le fait que les chasseurs ne sont pas seuls utilisateurs de la nature : «il y a d’autres usagers, à commencer par les agriculteurs qui y vivent en vivent. Que les récoltes soient bonnes ou mauvaises, il faut veiller à cela…»
Tirs de nuit et battues administratives
Au final, la facture risque d’être lourde pour la FDCY, avec un montant d’indemnisation atteignant déjà de 830 000 € à fin janvier, mais l’addition aurait pu être plus salée encore : «les indemnisations sont calculées sur les cours des céréales, très bas en ce moment. S’ils avaient été identiques à ceux que la profession a connu il quelques années, pas certain que les finances des chasseurs aient suffi pour en assurer le paiement…» Aujourd’hui, l’on compte 22 % de dégâts supplémentaires attribués majoritairement aux sangliers, pour une surface globale de cultures détruites, estimée à 1120 ha. Une situation qui conduit les autorités à organiser dans un délai de deux mois, des actions de régulation supplémentaires en instaurant, en lien avec l’ONCFS et les lieutenants de louveterie, des battues administratives et des tirs de nuit. Ces derniers étant considérés comme plus efficaces rappelle Jean-Christophe Moraud : «s’il y a bien une bête maligne et intelligente, c’est bien le sanglier ! À se demander s’il ne mange pas du poisson tous les jours, pour «phosphorer» aussi vite !» Nul doute que si l’animal passait au régime crétois, cela arrangerait bien les affaires des agriculteurs, mais ce n’est pas gagné !