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Entretien

Bien curer ses fossés

La cureuse de fossé se présente sous différentes formes et peut avoir des usages multiples en agriculture.
Par Ludovic Vimond
Bien curer ses fossés
Sur leurs parcelles, les agriculteurs doivent concourir au bon écoulement des eaux: cela passe par l’entretien des canaux.
«Les cureuses de fossé sont avant tout des outils d’entretien», explique Jérémy Baczkowski, dirigeant de la société Greffet, spécialisée dans les cureuses de fossé. En effet, ils servent en premier lieu à ôter la terre accumulée dans les fossés, évitant ainsi aux drains de se boucher. L’eau s’écoule et ne s’accumule plus, préservant des problèmes d’anoxie dans les cultures et favorisant le développement d’essences plus qualitatives dans les prairies sur sols à tendance hydromorphes. Mais il existe d’autres usages en agriculture. En riziculture, ces machines servent aussi bien à évacuer l’eau rapidement qu’à inonder efficacement les parcelles. Certaines cureuses de fossé sont équipées de déflecteurs permettant de déposer la terre enlevée sur le bord du fossé.
Les cureuses de fossé restent des matériels simples d’usage, à condition de respecter les consignes de vitesse, à savoir, selon les marques, 500 à 800 m/h en création de fossé, et 1 600 à 2 000 m/h en entretien. «Il faut comparer aux 500 à 800 mètres par jour avec une pelle mécanique,précise Jérémy Baczkowski. Investi en Cuma ou en faisant de la prestation, c’est un matériel très vite amorti». Le constructeur proscrit son usage pendant la saison humide, même si on visualise immédiatement l’efficacité du travail effectué. Privilégier la saison sèche, après avoir éparé, pour éviter la formation d’eaux souillées dans les réseaux d’eau en aval.
On distingue deux grandes familles de cureuses de fossé : celles à rotor à axe transversal et celles à axe longitudinal. Selon le matériel, plusieurs solutions sont proposées en termes d’éjection de la terre. Outre le ou les volet(s) à réglage manuel, les constructeurs proposent des volets à réglage hydraulique, voire un système de mise en cordon pour déposer la terre à proximité du fossé.
Le Code civil impose le maintien du libre écoulement des eaux. Les obstacles ponctuels (branchages, glissements de terrain) doivent donc être enlevés régulièrement des fossés pour prévenir tout risque d’inondation. «Cela ne signifie pas pour autant un curage systématique,explique Nicolas Surugue délégué adjoint à l’Onema (1) pour la région Nord-Ouest. Il faut adapter la fréquence d’intervention aux besoins et surtout entretenir sans creuser plus profond que le fossé d’origine». Le délégué adjoint signale également qu’il existe d’autres réglementations dont il faut tenir compte, notamment celles concernant l’assèchement des zones humides, ainsi que la faune et la flore, proscrivant les interventions lors des périodes de reproduction ou de développement d’espèces protégées ou encore d’espèces sensibles situées dans les cours d’eau en aval des fossés. Dans ce contexte réglementaire qui peut paraître complexe, bon nombre d’agriculteurs hésitent à remplir leur devoir d’entretien, préférant ne rien faire que de mal faire. «Nous avons la chance en France d’avoir un bon réseau de techniciens de rivières et de techniciens environnement dans les chambres d’agriculture. Il ne faut pas hésiter à les contacter. Ceux-ci peuvent conseiller sur les bonnes pratiques d’entretien, cela fait partie de leurs missions», conclut Nicolas Surugue.

(1) Office national de l’eau et des milieux aquatiques.