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Besoin de perspectives

Depuis mi-mars, la FDSEA arpente les routes du département pour aller à la rencontre de ses adhérents. Après une bonne dizaine de réunions cantonales, et malgré la crise durable qui frappe les productions départementales, les agriculteurs Nivernais ne se laissent pas aller à la résignation. Face aux contusions des derniers mois, ils ont besoin de perspectives.
Par S.L – FDSEA 58
Besoin de perspectives
Des réunions cantonales à nouveau suivies en ce début de printemps 2016.
Rarement, pour ne pas dire jamais, le contexte n’avait était aussi dégradé au sortir d’une année à oublier au plus vite. Sécheresse, crise sanitaire, prix en berne : un cocktail explosif pour les revenus et pour le moral des paysans, pour lesquels croire en des lendemains meilleurs relève, selon la vindicte populaire, de l’inconscient personnel plus que de la raison collective. Pour parler un peu cru, 2015 aura été une année de «m…» Et pas la moindre personne censée ne pourra affirmer le contraire. Mais lorsque se présente un écueil, deux options s’offrent à celles et ceux qui en font les frais : mettre la tête dans le sable et attendre la prochaine salve, ou mettre les bouchées doubles et tenter de rebondir.

Certains demeurent droit dans leurs bottes !
Il y en a néanmoins, dont l’action influe largement sur le quotidien des exploitations, et qui ne fléchissent pas. On pense en l’occurrence à l’Etat qui, en réponse au malaise agricole, a fait son choix : les SNA, les SIE, les prorata-prairies. Droit comme un I dans ses bottes ! Depuis Paris, les sacoches de technocratie pleuvent à tel point que plus personne n’y comprend quoi que ce soit. Même les agents de l’administration y vont de leur commentaire acerbe pour tenter d’expliquer l’intérêt d’une démarche ou d’une contrainte qui n’en a pas ! On aurait presque envie de les inviter à manifester à nos côtés.
Alors pour limiter la grogne, on nous envoie quelques rustines au travers du plan de soutien à l’agriculture. Bien qu’importantes, les enveloppes demeurent insuffisamment calibrées. Et même si mises bout à bout, les diverses mesures représentent plus de 5,6 milliards d’€ arrachés par le syndicalisme pour le département, les paiements tardent à venir. Pour retrouver des perspectives, il faudra donc plus que des aides conjoncturelles.

Activer tous les leviers influençant la dynamique des exploitations
C’est sur ce postulat et sur les actions mises en œuvre pour redonner une visibilité aux agriculteurs que se sont attardés, au cours de ces réunions, les adhérents FDSEA. Au travers aussi, de la présentation synthétique du rapport d’orientation que la FDSEA dévoilera dans quelques jours à l’occasion de son assemblée générale. Avec en bout de chaîne une seule et unique obsession, celle du revenu.
Pour la filière allaitante, la section bovine de la FDSEA, en appui à la dynamique impulsée par la FNB, s’est engagée dans une double stratégie. Celle de la valorisation de l’origine France, de la restauration hors-foyer, et de la restauration d’un «socle qualité» articulé autour de la segmentation et de la maturation. Le tout pour contrarier la casse du segment race à viande voulue et initiée par Bigard. En parallèle, et pour tendre l’offre sur le marché intérieur, toutes les opportunités sont saisies sur le marché export. Et le travail mené en 2015 sur ce dossier doit perdurer pour peser sur les cours. Les résultats sont néanmoins encourageants avec une croissance d’export d’animaux vifs sur pays-tiers de + 155 % en 2015 par rapport à 2014. Enfin, et dans l’objectif de pouvoir également accompagner les éleveurs dans la maîtrise des leviers internes à leurs entreprises, la FDSEA a contracté une convention avec la Chambre d’agriculture pour permettre à ses adhérents de bénéficier de diagnostics économiques et d’un accompagnement visant à optimiser leurs revenus. Neuf réunions de terrain sur ce sujet se dérouleront d’ici la fin du printemps.

Grandes cultures : les zones à moindre potentiel reconnues
Même dynamique du côté de la section grandes cultures de la FDSEA, qui au côté de l’AGPB, s’est attachée à faire reconnaître les problématiques propres aux zones à potentiel limité : rendement, accompagnement de la Pac, sensibilité accrue à la volatilité des cours. Sur chacun de ces paramètres, dans la Nièvre comme sur toutes la zone intermédiaire, la fragilité des systèmes d’exploitations céréaliers est importante et nécessite des mesures d’accompagnement spécifiques, tant sur le plan structurel (plafonnement du prélèvement opéré pour la surmajoration des 52 premiers hectares, mises en place d’une Maec zones intermédiaire au cahier des charges accessible) que sur le plan conjoncturel, où après deux années consécutives de revenu négatif, les céréaliers ne peuvent plus faire les frais des jugements tronqués portés par les politiques sur leurs comptes. Ainsi, au cours des dernières semaines, la mesure année blanche a été ouverte aux scopeurs tout comme l’accès à certaines mesures du plan de soutien. Enfin, et parce que les fermes céréalières Nivernaises ne peuvent plus seulement se contenter d’implanter des productions à faible niveau de rentabilité, des scénarios prospectifs doivent être construits pour trouver les voies de retour vers des revenus stabilisés et dignes. Le tout sans tabou : le blé à 190 € est une option, les cultures dites marginales, sur lesquelles des groupes de développement réalisent des essais, en est une autre (chicorée coriandre, trèfle incarnat, tout comme une approche renouvelée de son système de production. Sans oublier de regarder ce que pourrait apporter la valorisation des céréales par la consommation animale sur les exploitations. Là encore, le seul et unique objectif recherché, c’est le revenu. Un enjeu, une problématique réelle, qui sera au cœur des échanges et des débats lors de l’assemblée générale de la FDSEA qui se déroulera le 15 avril prochain, en présence de Xavier Beulin, président de la FNSEA, à la salle des fêtes de Cours, à Cosne-sur-Loire