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Alysé

Bâtir pour optimiser son temps de travail

Devenues aujourd’hui un rendez-vous incontournable, les Portes Ouvertes «Passion Élevage» organisées par Alysé, mettent en lumière chaque année plusieurs exploitations ayant investi dans un bâtiment pour entre autres, optimiser leur temps de travail, à l’exemple du Gaec Erfort, à Venouse
Par Dominique Bernerd
Bâtir pour optimiser  son temps de travail
Un bâtiment en bois d’une surface totale de 1 242 m2.
Yves et Joël Erfort sont deux frères associés en GAEC, en système polyculture-élevage bovins allaitants. Ils exploitent 250 ha de SAU, dont 75 ha de surfaces fourragères réparties en 62 ha de prairies naturelles, 4 ha de prairies temporaires et 9 ha de maïs. Pour un cheptel de 85 vaches charolaises en système naisseur avec engraissement de femelles.

Adhérents au contrôle de performance depuis une trentaine d’années, ils ont vu le niveau génétique du troupeau évoluer au fil du temps, avec un index de valeur maternelle synthétique au sevrage (IVMAT), aujourd’hui à 105,5, au dessus du niveau racial à 98,4. La dernière campagne s’est soldée par 76 vêlages, dont près des trois-quarts pour la seule période d’octobre à janvier, avec dix vêlages difficiles dont deux césariennes. Les deux frères ont commencé à mener une réflexion pour optimiser leur temps de travail en 2008, qui a débouché sur la construction d’un nouveau bâtiment de stabulation.

Achevé depuis trois ans, ce sera la première fois que le cheptel y passera entièrement l’hiver. Deux anciennes stabulations ont été conservées sur l’exploitation : l‘une abritant une quinzaine de vaches allaitantes (les dernières à vêler), en 100% paillée, la seconde pour les génisses d’élevage et l’engraissement, elle aussi entièrement paillée. Il s’est passé de longues années entre le début de la réflexion et le premier coup de pioche, souligne Yves Erfort : «un laps de temps qui s’explique en partie par le fait qu’il nous a fallu plus d’un an pour qu’EDF intervienne et déplace des poteaux électriques situés à l’emplacement du nouveau bâtiment, retardant d’autant le début des travaux, alors que nous avions déjà le permis de construire…» Un retard qui peut en certaines occasions, voir l’éleveur soumis à une autre réglementation que celle initiale.

Un couloir transversal pour faciliter l’accès
Le choix d’être en 100% paillé n’est pas anodin, face à la réglementation, comme le rappelle Isabelle Cadoux, Conseillère bâtiment à la Chambre d’agriculture : «la nouvelle réglementation autorise une distance de 50 m jusqu’en limite de propriété lorsque l’on est en paillage intégral, contre 100 m, en cas de logettes et couloir de raclage…» Un choix dicté également pour Yves et Joël Erfort, par la toponymie des lieux. De type portique, le nouveau bâtiment possède un auvent de chaque côté et deux couloirs d’alimentation, pour soixante dix places aux cornadis et des travées de 6 m, avec huit places par travée. Une case est réservée pour les vêlages, entièrement bétonnée, pour éviter les problèmes sanitaires et faciliter le travail de l’éleveur, tout en renforçant la sécurité pour lui-même ou un vétérinaire. Une table d’alimentation surélevée, des abreuvoirs sur la ligne d’auge, trois rangées de néons indépendantes, ainsi qu’un local technique abritant un chauffe-eau et un point d’eau complètent l’installation. Avec comme autre particularité, la création d’un couloir transversal pour accéder aux deux couloirs d’alimentation : «cela permet de passer des vaches aux veaux plus facilement et l’on s’en sert aussi comme couloir de contention pour peser les veaux…» D’une longueur de 54 m pour une largeur de 23 m, la surface totale de la nouvelle stabulation est de 1 242 m2, soit une surface aire paillée/vache allaitante + veau de 11,60 m2. La gestion des effluents s’effectue par un curage tous les deux mois. Un bâtiment construit à partir de bois de chêne et de sapin douglas du Morvan, privilégiant une ventilation à partir des lames de bois ajourées, «avec au final, un jour de près de un centimètre une fois que les planches sont sèches…», pour limiter les risques de condensation.
 
Un travail personnel important
Points forts du nouveau bâtiment : sa luminosité, une distribution de fourrage facilitée, un couloir d’alimentation surélevé facilitant la surveillance, des abreuvoirs chauffants sur la table d’alimentation, un local technique… Ses points faibles : une zone de manœuvre trop étroite, un positionnement des abreuvoirs décalés des poteaux, la profondeur de l’aire paillée…
Coût total des travaux réalisés sur deux ans : 195 000 €, dont 100 000 € pour le bâtiment en bois, 35 000 € de terrassement et 20 000 € de gros œuvre. Compte tenu des subventions PMBE perçues, d’un montant de 52 600 €, émanant du Feader, de l’État, du Conseil régional et du Conseil départemental, le coût à la place par vache allaitante revient à 2 005 €, soit 115 €/m2 couvert. Un chiffre obtenu par le fait que les exploitants ont consacré environ 1 500 heures de travail au projet : chargement et transport des cailloux, location mini pelle pour les fondations, réalisation de la maçonnerie, pose des tubulaires, réduisant d’autant le coût final, explique Isabelle Cadoux : «aujourd’hui, un bâtiment de ce type, clés en mains, on serait plus près de 2 800 à 3 000 € de la place, d’où l’intérêt de travailler au maximum sur la réflexion de l’aménagement intérieur, pour essayer de réduire au mieux les coûts».