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Soirée élevage

Bataille du prix : «l’export est un des outils»

La section bovine de la FDSEA 58 organise, en partenariat avec les Jeunes Agriculteurs, sa soirée élevage 2018 le mercredi 7 novembre à Châtillon en Bazois. Au menu de cette soirée : «L’export, une réponse à la bataille du prix». Rapide projection avec Emmanuel Bernard, président de la section bovine de la FDSEA.
Par Propos recueillis par Stéphane Lafranchise
Bataille du prix : «l’export est un des outils»
- Emmanuel, le thème de votre nouvelle soirée élevage portera cette année sur l’exportation. Dîtes en nous un peu plus …
«Oui effectivement, on a fait le choix de revenir sur ce sujet cette année après l’avoir fait en 2012, lors de l’ouverture du marché Turc qui avait soudainement soutenu la demande et tiré les cours. Depuis, il y a eu nombre d’initiatives prises en matière d’export, notamment sur le plan interprofessionnel et des certificats sanitaires ont été signés avec des pays du pourtour Méditerranéen mais également avec des pays asiatiques où une demande nouvelle émerge. Sur la Chine par exemple, le pouvoir politique a été un accélérateur de la demande. Malgré tout, structurer dans la durée des courants commerciaux c’est compliqué, d’autant plus que des acteurs de la filière jouent à un jeu de dupe. Plutôt que d’avoir une vision globale de l’enjeu export, certains se contentent de « faire des coups ». Ils se servent personnellement, mais ne font pas avancer d’un brin le dossier sous l’angle collectif. On a des exemples très concrets sur la Chine ces dernières semaines où du commerce s’est fait par de gros faiseurs de la filière française. Mais aucune communication sur le sujet … On ne sait jamais, dès fois que ça remettrait 5,10 ou 15 centimes du kilo sur les animaux».

- Donc pour vous, les opportunités sont réelles sur ces marchés ?
«Oui bien sûr. Elles sont liées à deux facteurs principaux qui sont l’évolution de la demande de ces pays, dont la croissance est importante, et au fait que sur le marché mondial, les viandes sud-américaines sont bien moins compétitives qu’elles l’ont été. Sans parler du sanitaire, de la traçabilité, de la qualité de nos produits qui sont des réalités françaises et de vrais arguments commerciaux à l’export. Vous savez, les équilibres sur les marchés de la viande sont précaires et ces derniers influent particulièrement les cours. Nous n’avons pas besoin d’exporter des volumes conséquents sur pays-tiers pour que l’effet s’en fasse ressentir sur le prix des animaux. Mais pour cela il faut s’en occuper et que l’ensemble de la filière joue le jeu. Sur ce plan les initiatives prises sont encore très perfectibles».

- Et quels seront les intervenants lors de cette soirée ?
«On va déjà essayer de reposer le contexte au travers d’une intervention de Germain Millet, du service économie des filières de l’Institut de l’élevage. Au travers d’une courte intervention il reprécisera ce qu’est la réalité des flux commerciaux de viande bovine en Europe et dans le Monde. C’est un préalable à une bonne appréhension des enjeux de l’exportation pour notre filière.
Ensuite on aura deux intervenants au cours de cette soirée. Patrick Bénézit, vice-président de la FNB et secrétaire général adjoint de la FNSEA, qui au-delà de la dynamique export repositionnera cet aspect dans la stratégie globale portée par nos réseaux en matière de reconquête du prix. Patrick qui est très impliqué sur la question de l’exportation a aussi été en pointe dans le suivi du projet de loi alimentation et dans les négociations préalables avec Bruxelles sur les évolutions du droit de la concurrence. Sur la question des prix, l’export est un des outils mais pas l’outil exclusif. Il est important pour nous, éleveurs, que tous les leviers soient activés pour ramener de la valeur dans les exploitations.
Enfin, nous aurons à nos côtés, Laurent Trémoulet qui est le directeur de la SEPAB, premier exportateur européen de bétail vif sur le bassin méditerranéen, depuis le port de Sète. Laurent Trémoulet est plutôt « cash » dans ses propos. C’est quelqu’un qui dans son quotidien est à la croisée du monde de l’élevage, du commerce et du monde maritime, qui connaît parfaitement les rouages, les ficelles et les limites de ce que l’Etat Français est capable de mettre en œuvre aux côtés des professionnels pour accompagner la conquête de nouveaux marchés. Là, il est aussi question de diplomatie, de politique.
La filière n’est pas forcement en ordre de bataille mais l’Etat ne mets parfois pas que de l’huile dans les rouages … Il saura repositionner tout ça avec une vision des opportunités à l’export qui est celle d’un professionnel du commerce avec le Maghreb, « au charbon » quotidien sur le sujet.
Et puis, on reviendra enfin sur les outils sur lesquels nous travaillons à la FNB pour accompagner la dynamique export. C’est compliqué, on est pas chez les bisounours ! Mais il est pour nous essentiel de continuer à bosser ce sujet car sur un marché de la viande européen impacté par une consommation stagnante et une décapitalisation laitière et allaitante liée à la sécheresse, l’export est probablement le levier le plus réactif pour ramener du prix. Il y a de la demande, il faut saisir les opportunités».