Accès au contenu
Environnement

Au tour des phytos

Après la signature d’une charte sur l’eau il y a un mois, le département de l’Yonne se dote d’une charte sur l’utilisation des phytosanitaires avec pour objectif d’obtenir des résultats probants dans le cadre du plan ÉcoPhyto 2
Par Claire Ciupa
Au tour des phytos
Les représentants des coopératives étaient présents pour signer
A l’échelon national la situation reste préoccupante avec une augmentation de 5,8% du recours aux produits phytosanitaires sur les campagnes 2011 à 2014 et de
9,4 % sur les campagnes 2013-2014. Plus récemment la tendance est encore à la hausse, malgré le lancement du plan EcoPhyto 2 octobre 2015.
Si le sujet est particulièrement «empoisonnant» selon les termes de Jean-Christophe Moraud, préfet de l’Yonne, c’est avant tout pour des raisons de santé publique, pour répondre à la préoccupation de la population et protéger les exploitants eux-mêmes, mais aussi sur le plan économique pour réduire les coûts en faisant baisser les charges d’exploitation sur les dix ans à venir et combler le retard en matière d’agronomie. Si d’une part les travaux réalisés par l’INRA ont montré qu’en viticulture 40 % des produits utilisés n’atteignent pas les feuilles, on sait également que dans le réseau de fermes Déphy lancé en 2009 l’utilisation de produits phytosanitaires a reculé de 12 % sur trois ans.

L’objectif du plan Écophyto 2 est ambitieux puisqu’il s’agit de diminuer de 25 % l’utilisation des produits d’ici cinq ans en renforçant les bonnes pratiques telles que le respect des conseils d’application (horaires, distances, conditions climatiques, délai avant récolte), le choix de produits garantissant la protection des abeilles et pollinisateurs, le réglage et le contrôle des pulvérisateurs et de l’équipement en buses anti-dérives : les fabricants de matériels agricoles sont notamment incités à investir dans la production de buses plus fines et plus précises.

En faisant le choix de recourir à une charte, le département de l’Yonne fait figure de pionnier et s’inscrit dans une démarche de dialogue et d’intelligence des situations qui implique autant les exploitants que les prescripteurs et les collectivités territoriales. Ainsi la Chambre d’agriculture s’est engagée pour sa part à promouvoir le plan ÉcoPhyto 2 et le modèle des fermes Déphy, tandis que l’association des maires de l’Yonne et l’association des maires ruraux inciteront les élus à intégrer cette problématique dans les documents d’urbanisme, à identifier les zones agricoles voisines des écoles, hôpitaux, établissements recevant du public et à discuter avec les exploitants sur les modalités d’épandage et de pulvérisation. Le préfet n’exclut pas cependant de mettre en œuvre des arrêtés pour prescrire par exemple certains créneaux horaires ou hebdomadaires afin d’assurer l’application de la charte qui vise à peser sur quatre  catégories de coûts cachés : environnementaux, sanitaires, règlementaires, et d’évitement qui amènent à une baisse du pouvoir d’achat pour la population sensibilisée aux dangers des pesticides. «Ces coûts cachés sont au cœur de la problématique» rappelle-t-il en conclusion de son allocution.