Chambre d’agriculture
Au service du monde agricole
La Chambre d’agriculture, réunie en session vendredi dernier, a accueilli ses nouveaux membres dans les locaux de Bretenière.

La session de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or s’est réunie la semaine dernière à Bretenière, trois semaines après son installation. Cette réunion a été l’occasion d’examiner le compte financier 2018 et de présenter la structure aux 19 nouveaux élus de cette mandature.
Le président Vincent Lavier et le directeur François Depuydt ont rappelé les deux grandes missions de la Chambre d’agriculture, regroupées entre la consultation (rôle de porte-parole des intérêts du monde agricole auprès des services de l’État) et l’intervention (réalisation de nombreuses actions de développement auprès des exploitants). La volonté d’apporter le meilleur service possible aux agriculteurs a été réaffirmée à cette occasion.
Dans ce même objectif, la Chambre entend continuer son travail commun avec les autres OPA. «C’est une des caractéristiques de notre Chambre d’agriculture: nous développons des collaborations et entreprenons des actions communes avec d’autres organismes agricoles. Cela n’est pas le cas dans tous les autres départements», indique Vincent Lavier, «nous considérons qu’il y a bien trop à faire dans l’accompagnement des agriculteurs pour assister à une quelconque concurrence entre OPA.
Les agriculteurs méritent bien mieux que cela. Ce travail en commun sera encore développé durant cette mandature, dans un souci de performance à apporter aux producteurs. D’autre part, les moyens financiers mis à notre disposition par l’État ont tendance à stagner, voire à diminuer : c’est la raison pour laquelle nous avons fait le choix de développer la prestation pour maintenir à un niveau élevé la qualité de nos services».
Rencontre avec Vincent Lavier
- Votre nouvelle équipe travaille sur la résilience des systèmes de productions, le renouvellement des générations et l’attractivité du métier. Pouvez-vous résumer votre position ?
«Sur le plan économique, nous déplorons une déconnexion globale entre les montants des capitaux investis et le résultat des exploitations. Ce n’est pas normal, nos systèmes doivent être capables de générer plus de revenus. Le renouvellement des générations, lui, passe inévitablement par une plus grande attractivité de nos métiers. Nous devons être capables de communiquer beaucoup plus positivement pour attirer des jeunes dans nos filières, je pense notamment aux hors-cadre familiaux. Nous travaillons sur la mise en place d’une communication agricole portée par tout ou partie des structures du département. Plus nous serons nombreux, plus nous aurons de chances d’y arriver».
- Les États généraux de l’alimentation peuvent-ils encore changer la donne ?
«Nous assistons à un léger frémissement dans la filière lait, il se passe des choses intéressantes, du moins sur la partie commercialisée en France. Ce n’est malheureusement pas le cas pour la viande bovine, pour laquelle il manque toujours 1 euro/kg aux producteurs. Nous butons encore et toujours sur les prix. Nous n’avons pas le droit de dire que c’est fichu, il faut encore y croire. Des gens se battent comme des lions sur ce dossier. J’espère que celui-ci aura une issue positive. Mais c’est très dur, croyez-moi...»
- Que faire devant les aléas à répétition ?
«Nous devons être capables de faire évoluer nos systèmes de production pour les rendre moins fragiles. Sur le plateau, nous arrivons au bout d’un cycle, avec notamment des problématiques insectes dans le colza et désherbage de graminées dans les céréales. Nous n’avons jamais eu autant d’impasses techniques qu’aujourd’hui, cela commence même à s’entrevoir dans la plaine dijonnaise. Notre modèle historique est rattrapé... Nous n’avons pas beaucoup d’alternatives, les possibilités de diversification restent très limitées. Notre seule porte de sortie, c’est l’agronomie. Pour les éleveurs, face aux aléas climatiques, l’amélioration du quotidien passe sans doute par des surfaces fourragères plus importantes pour nourrir les animaux. Avec une pousse de moins en moins bien répartie dans l’année, il faudra aussi apprendre à mieux gérer l’herbe pour valoriser sa production et son utilisation».
- Ces derniers mois, vous avez fait plusieurs fois la promotion de la méthanisation. Pourquoi ?
«Je suis persuadé qu’un important travail est à réaliser autour de la production d’herbe dans les systèmes grandes cultures. Pour ce faire, il faudrait dé-serrer l’étau réglementaire et pouvoir méthaniser des cultures dédiées. Dans certains secteurs, il n’y a pas d’autre solution que de remettre de l’herbe, sans pour autant relancer l’élevage. De l’herbe dans les méthaniseurs: ce sujet est tabou mais mérite d’être mis sur la table».
- La réforme de la Pac approche, quelle est votre priorité ?
«Nous devons faire reconnaître les spécificités de nos zones dites intermédiaires. Ces zones beaucoup moins productives que la moyenne ont été les grandes perdantes des dernières réformes de la Pac, un soutien spécifique doit être enfin trouvé. De plus en plus de monde nous rejoint dans cette requête, je pense notamment à la Région, dont les services ont effectué un déplacement à Bruxelles en fin d’année 2018 avec une délégation agricole pour porter le dossier. Ce même type d’action est envisagé au ministère, et même auprès du Premier ministre. Des régions et départements de France sont beaucoup mieux lotis que nous aujourd’hui : à un moment donné dans le passé, ils ont sans doute su se montrer convaincants auprès des plus hautes instances. À nous d’opérer dans la même logique».
- L’agriculture biologique est en nette progression dans le département, quel est votre ressenti ?
«De plus en plus d’agriculteurs se posent des questions sur une éventuelle conversion. La Chambre d’agriculture est très sollicitée sur le sujet, je m’en félicite, avec de nombreuses études de conversion à réaliser. Le dispositif d’accompagnement financier est toutefois à nouveau restreint : le plafonnement des aides pose problème pour un certain nombre de structures. Quinze mille euros/an, ce n’est vraiment pas beaucoup pour faire une conversion. Le bio est-il l’avenir de l’agriculture ? En partie, mais pas exclusivement. Je pense qu’il y a de la place pour tout le monde, nous ne devons pas opposer les systèmes. Tout le monde peut cohabiter en bonne intelligence. Pour ceux qui ne prendront pas la direction de l’agriculture biologique, il est certain qu’il faudra devenir moins dépendants aux intrants».
- Que pensez-vous des discussions autour du glyphosate ?
«Je ne fais pas partie de ceux qui militent pour son interdiction. L’agriculture de conservation, qui peut être une des solutions pour l’avenir de notre agriculture, a besoin du glyphosate. En revanche, je suis favorable à un meilleur encadrement de son utilisation. Le glyphosate doit être exclusivement réservé aux usages inter-culturaux, afin de ne pas en retrouver dans notre alimentation. Certaines personnes réalisent des analyses pour savoir si leur urine en contient: si cela est le cas, cela ne peut être dû qu’aux produits OGM importés de l’étranger. Avec les produits uniquement français, ce problème n’a vraiment pas lieu d’être».
- Quelles seront les conséquences de la séparation de la vente et du conseil ?
«Ce qui m’importe le plus, dans ce dossier, est la position de l’agriculteur. Avec la mise en place d’un nouveau mode de fonctionnement, je ne voudrais pas que des exploitants se retrouvent désemparés et livrés à eux-mêmes. Le risque serait de ne plus être suffisamment conseillé et d’assister à une utilisation de produits phytosanitaires plus importante qu’aujourd’hui. Sur le plan économique, l’arrêt des 3R et l’accroissement de la TGAP vont engendrer des surcoûts non négligeables pour les exploitations. Il faut diminuer la dépendance à la chimie, certes, mais dans ce pays, nous n’avons jamais trouvé d’autres solutions que des mesures de répression. C’est bien dommage».
Le président Vincent Lavier et le directeur François Depuydt ont rappelé les deux grandes missions de la Chambre d’agriculture, regroupées entre la consultation (rôle de porte-parole des intérêts du monde agricole auprès des services de l’État) et l’intervention (réalisation de nombreuses actions de développement auprès des exploitants). La volonté d’apporter le meilleur service possible aux agriculteurs a été réaffirmée à cette occasion.
Dans ce même objectif, la Chambre entend continuer son travail commun avec les autres OPA. «C’est une des caractéristiques de notre Chambre d’agriculture: nous développons des collaborations et entreprenons des actions communes avec d’autres organismes agricoles. Cela n’est pas le cas dans tous les autres départements», indique Vincent Lavier, «nous considérons qu’il y a bien trop à faire dans l’accompagnement des agriculteurs pour assister à une quelconque concurrence entre OPA.
Les agriculteurs méritent bien mieux que cela. Ce travail en commun sera encore développé durant cette mandature, dans un souci de performance à apporter aux producteurs. D’autre part, les moyens financiers mis à notre disposition par l’État ont tendance à stagner, voire à diminuer : c’est la raison pour laquelle nous avons fait le choix de développer la prestation pour maintenir à un niveau élevé la qualité de nos services».
Rencontre avec Vincent Lavier
- Votre nouvelle équipe travaille sur la résilience des systèmes de productions, le renouvellement des générations et l’attractivité du métier. Pouvez-vous résumer votre position ?
«Sur le plan économique, nous déplorons une déconnexion globale entre les montants des capitaux investis et le résultat des exploitations. Ce n’est pas normal, nos systèmes doivent être capables de générer plus de revenus. Le renouvellement des générations, lui, passe inévitablement par une plus grande attractivité de nos métiers. Nous devons être capables de communiquer beaucoup plus positivement pour attirer des jeunes dans nos filières, je pense notamment aux hors-cadre familiaux. Nous travaillons sur la mise en place d’une communication agricole portée par tout ou partie des structures du département. Plus nous serons nombreux, plus nous aurons de chances d’y arriver».
- Les États généraux de l’alimentation peuvent-ils encore changer la donne ?
«Nous assistons à un léger frémissement dans la filière lait, il se passe des choses intéressantes, du moins sur la partie commercialisée en France. Ce n’est malheureusement pas le cas pour la viande bovine, pour laquelle il manque toujours 1 euro/kg aux producteurs. Nous butons encore et toujours sur les prix. Nous n’avons pas le droit de dire que c’est fichu, il faut encore y croire. Des gens se battent comme des lions sur ce dossier. J’espère que celui-ci aura une issue positive. Mais c’est très dur, croyez-moi...»
- Que faire devant les aléas à répétition ?
«Nous devons être capables de faire évoluer nos systèmes de production pour les rendre moins fragiles. Sur le plateau, nous arrivons au bout d’un cycle, avec notamment des problématiques insectes dans le colza et désherbage de graminées dans les céréales. Nous n’avons jamais eu autant d’impasses techniques qu’aujourd’hui, cela commence même à s’entrevoir dans la plaine dijonnaise. Notre modèle historique est rattrapé... Nous n’avons pas beaucoup d’alternatives, les possibilités de diversification restent très limitées. Notre seule porte de sortie, c’est l’agronomie. Pour les éleveurs, face aux aléas climatiques, l’amélioration du quotidien passe sans doute par des surfaces fourragères plus importantes pour nourrir les animaux. Avec une pousse de moins en moins bien répartie dans l’année, il faudra aussi apprendre à mieux gérer l’herbe pour valoriser sa production et son utilisation».
- Ces derniers mois, vous avez fait plusieurs fois la promotion de la méthanisation. Pourquoi ?
«Je suis persuadé qu’un important travail est à réaliser autour de la production d’herbe dans les systèmes grandes cultures. Pour ce faire, il faudrait dé-serrer l’étau réglementaire et pouvoir méthaniser des cultures dédiées. Dans certains secteurs, il n’y a pas d’autre solution que de remettre de l’herbe, sans pour autant relancer l’élevage. De l’herbe dans les méthaniseurs: ce sujet est tabou mais mérite d’être mis sur la table».
- La réforme de la Pac approche, quelle est votre priorité ?
«Nous devons faire reconnaître les spécificités de nos zones dites intermédiaires. Ces zones beaucoup moins productives que la moyenne ont été les grandes perdantes des dernières réformes de la Pac, un soutien spécifique doit être enfin trouvé. De plus en plus de monde nous rejoint dans cette requête, je pense notamment à la Région, dont les services ont effectué un déplacement à Bruxelles en fin d’année 2018 avec une délégation agricole pour porter le dossier. Ce même type d’action est envisagé au ministère, et même auprès du Premier ministre. Des régions et départements de France sont beaucoup mieux lotis que nous aujourd’hui : à un moment donné dans le passé, ils ont sans doute su se montrer convaincants auprès des plus hautes instances. À nous d’opérer dans la même logique».
- L’agriculture biologique est en nette progression dans le département, quel est votre ressenti ?
«De plus en plus d’agriculteurs se posent des questions sur une éventuelle conversion. La Chambre d’agriculture est très sollicitée sur le sujet, je m’en félicite, avec de nombreuses études de conversion à réaliser. Le dispositif d’accompagnement financier est toutefois à nouveau restreint : le plafonnement des aides pose problème pour un certain nombre de structures. Quinze mille euros/an, ce n’est vraiment pas beaucoup pour faire une conversion. Le bio est-il l’avenir de l’agriculture ? En partie, mais pas exclusivement. Je pense qu’il y a de la place pour tout le monde, nous ne devons pas opposer les systèmes. Tout le monde peut cohabiter en bonne intelligence. Pour ceux qui ne prendront pas la direction de l’agriculture biologique, il est certain qu’il faudra devenir moins dépendants aux intrants».
- Que pensez-vous des discussions autour du glyphosate ?
«Je ne fais pas partie de ceux qui militent pour son interdiction. L’agriculture de conservation, qui peut être une des solutions pour l’avenir de notre agriculture, a besoin du glyphosate. En revanche, je suis favorable à un meilleur encadrement de son utilisation. Le glyphosate doit être exclusivement réservé aux usages inter-culturaux, afin de ne pas en retrouver dans notre alimentation. Certaines personnes réalisent des analyses pour savoir si leur urine en contient: si cela est le cas, cela ne peut être dû qu’aux produits OGM importés de l’étranger. Avec les produits uniquement français, ce problème n’a vraiment pas lieu d’être».
- Quelles seront les conséquences de la séparation de la vente et du conseil ?
«Ce qui m’importe le plus, dans ce dossier, est la position de l’agriculteur. Avec la mise en place d’un nouveau mode de fonctionnement, je ne voudrais pas que des exploitants se retrouvent désemparés et livrés à eux-mêmes. Le risque serait de ne plus être suffisamment conseillé et d’assister à une utilisation de produits phytosanitaires plus importante qu’aujourd’hui. Sur le plan économique, l’arrêt des 3R et l’accroissement de la TGAP vont engendrer des surcoûts non négligeables pour les exploitations. Il faut diminuer la dépendance à la chimie, certes, mais dans ce pays, nous n’avons jamais trouvé d’autres solutions que des mesures de répression. C’est bien dommage».