Productions végétales
Au service des plantes
L’Association pour la promotion d’une agriculture durable (Apad) s’est intéressée aux mycorhizes lors de son assemblée générale.

L’Apad Centre-Est, créée il y a deux ans, compte une quarantaine d’adhérents et ne cesse de grandir. «Nous organisons plusieurs rendez-vous techniques chaque année. Échanger sur nos pratiques nous apporte beaucoup, nous qui optons majoritairement pour le semis direct sous couvert végétal» informe Bernard Darosey, agriculteur dans le canton d’Is-sur-Tille et président de l’association. Le thème développé lors de l’assemblée générale du 21 novembre était celui des mycorhizes, résultats d’une association symbiotique entre des champignons et les racines des plantes. «Nous avons fait appel à Daniel Wipf, spécialiste du sujet à l’Université de Bourgogne. Nous nous intéressons de plus en plus à ce qu’il se passe dans le sol. Pour en savoir davantage, nous avons voulu donner la parole aux chercheurs» poursuit le président.
Du «donnant-donnant»
Dans son introduction, Daniel Wipf a capté l’attention du public en indiquant qu’«un gramme de sol contenait plus d’un million de micro-organismes» : «Ils sont incapables de photosynthèse. Certains d’entre eux s’associent durablement à des plantes en développant des structures morphologiques adaptées à un développement à bénéfices mutuels. Ils forment une symbiose avec les végétaux : la mycorhize». Des structures se forment lors de la mycorhization et permettent le transfert d’eau et de nutriments entre les deux protagonistes. «Les hyphes, qui constituent l’organe principal d’un champignon, se présentent comme de fins filaments et sont capables d’explorer un volume de sol jusqu’à mille fois supérieur à celui exploré par les racines» explique Daniel Wipf. Ces filaments pénètrent les interstices du sol les plus fins, en quête de l’eau résiduelle et améliorent la résistance de la plante à la sécheresse. «Les hyphes mobilisent également des sources d’éléments nutritifs du sol auxquels la plante seule n’a pas accès. Cela permet de mieux exploiter les ressources du sol, y compris les engrais organiques apportés à des doses modérées» enchaîne le spécialiste. Les champignons mycorhizogènes jouent le rôle de biofertilisants en améliorant la nutrition du végétal, notamment en azote et en phosphore. En retour, ils bénéficient de la photosynthèse de la plante sous forme de composés carbonés (sucres). «Ils influent également sur le développement des plantes et la qualité de leurs produits. Ils jouent aussi un rôle majeur dans la résistance du végétal vis-à-vis des pathogènes du sol» mentionne Daniel Wipf.
Une menace dans certains cas
L’intervenant évoque ensuite le «mis à mal» de cette symbiose par l’emploi «excessif de pesticides ou d’engrais chimiques» : «ces derniers tendent à les faire disparaître de nos sols agricoles. Une utilisation excessive d’engrais, des sols laissés nus et les fongicides peuvent avoir un impact négatif sur la diversité mycorhizienne. L’absence d’inocula commerciaux adaptés aux grandes cultures et mis sur le marché à des prix compétitif n’aident pas non plus à leur développement et leur utilisation». Daniel Wipf prône alors plusieurs mesures possibles pour «respecter et favoriser ces associations si bénéfiques», des mesures particulièrement en lien avec la technique du semis sous couvert utilisée par la grande majorité des adhérents de l’Apad :
-bouleverser physiquement le moins possible le sol afin de ne pas y détruire les réseaux d’hyphes des champignons mycorhizogènes
- ne pas apporter des quantités d’engrais injustifiées et excessives
- ne pas laisser les sols nus de façon longue et répété, notamment entre les rotations. Dans le cas d’un sol nu, les champignons mycorhizogènes n’ont plus de partenaire végétal et sont affaiblis, voire disparaissent
- diminuer dans la mesure du possible l’utilisation de certains fongicides.
Du «donnant-donnant»
Dans son introduction, Daniel Wipf a capté l’attention du public en indiquant qu’«un gramme de sol contenait plus d’un million de micro-organismes» : «Ils sont incapables de photosynthèse. Certains d’entre eux s’associent durablement à des plantes en développant des structures morphologiques adaptées à un développement à bénéfices mutuels. Ils forment une symbiose avec les végétaux : la mycorhize». Des structures se forment lors de la mycorhization et permettent le transfert d’eau et de nutriments entre les deux protagonistes. «Les hyphes, qui constituent l’organe principal d’un champignon, se présentent comme de fins filaments et sont capables d’explorer un volume de sol jusqu’à mille fois supérieur à celui exploré par les racines» explique Daniel Wipf. Ces filaments pénètrent les interstices du sol les plus fins, en quête de l’eau résiduelle et améliorent la résistance de la plante à la sécheresse. «Les hyphes mobilisent également des sources d’éléments nutritifs du sol auxquels la plante seule n’a pas accès. Cela permet de mieux exploiter les ressources du sol, y compris les engrais organiques apportés à des doses modérées» enchaîne le spécialiste. Les champignons mycorhizogènes jouent le rôle de biofertilisants en améliorant la nutrition du végétal, notamment en azote et en phosphore. En retour, ils bénéficient de la photosynthèse de la plante sous forme de composés carbonés (sucres). «Ils influent également sur le développement des plantes et la qualité de leurs produits. Ils jouent aussi un rôle majeur dans la résistance du végétal vis-à-vis des pathogènes du sol» mentionne Daniel Wipf.
Une menace dans certains cas
L’intervenant évoque ensuite le «mis à mal» de cette symbiose par l’emploi «excessif de pesticides ou d’engrais chimiques» : «ces derniers tendent à les faire disparaître de nos sols agricoles. Une utilisation excessive d’engrais, des sols laissés nus et les fongicides peuvent avoir un impact négatif sur la diversité mycorhizienne. L’absence d’inocula commerciaux adaptés aux grandes cultures et mis sur le marché à des prix compétitif n’aident pas non plus à leur développement et leur utilisation». Daniel Wipf prône alors plusieurs mesures possibles pour «respecter et favoriser ces associations si bénéfiques», des mesures particulièrement en lien avec la technique du semis sous couvert utilisée par la grande majorité des adhérents de l’Apad :
-bouleverser physiquement le moins possible le sol afin de ne pas y détruire les réseaux d’hyphes des champignons mycorhizogènes
- ne pas apporter des quantités d’engrais injustifiées et excessives
- ne pas laisser les sols nus de façon longue et répété, notamment entre les rotations. Dans le cas d’un sol nu, les champignons mycorhizogènes n’ont plus de partenaire végétal et sont affaiblis, voire disparaissent
- diminuer dans la mesure du possible l’utilisation de certains fongicides.
«D’un point de vue économique, on s’y retrouve largement»
Damien Boudrot, agriculteur à Villy-le-Moutier dans le canton de Nuits-Saint-Georges, participait à ce rendez-vous : «Je fais partie de l’association depuis sa création. J’étais déjà en semis direct avant mon adhésion. Pour moi, c’est le moyen idéal de rencontrer des exploitants qui pratiquent la même agriculture que moi. Je ne tire que du bénéfice de ces échanges car nous avançons ensemble : même une personne qui s’est mise récemment au semis direct peut nous apporter. Cette technique n’est pas encore assez répandue à notre goût mais elle progresse sûrement. Ce qui m’a motivé à faire cela ? L’agronomie. Ma ferme est basée sur des limons assez fragiles : le travail du sol ne permettait pas d’améliorer le foncier. Le semis direct sous couvert nous fait replonger dans des notions que l’agriculture avait quelque peu perdues. D’un point de vue économique, on s’y retrouve largement : nous dépensons moins de fioul, il y a moins besoin de puissance à l’hectare. Une ferme de 200 ha qui travaille de façon classique peut supprimer son plus gros tracteur avec cette technique ! Les sols sont de plus en plus fertiles, il y a une baisse d’intrants et j’en passe...».