Au pied de l’Olympe

A quelques jours du voyage vers la capitale, pas de stress particulier pour Déesse, qui profite pleinement de ce moment de récréation, le temps d’une photo, pour brouter l’herbe tendre. Docile, voire cabotine et prenant la pose avant de retourner à ses amours herbeux. Tout juste un peu plus de fébrilité chez Jérôme De Winter, son jeune propriétaire, éleveur laitier installé dans la campagne auxerroise. Il le sait, la concurrence sera rude : «là c’est sûr, on monte d’un cran ! Avec pas moins de 120 vaches à se présenter au final, pour 900 au départ» Une sélection qui est déjà une récompense en soi pour l’éleveur et son animal, recalés l’an passé pour leur première inscription au concours général agricole : «son dernier vêlage était trop lointain et sa mamelle pas assez remplie. Cette année, elle a vêlé mi janvier et la mamelle est intacte. On peut même dire hors norme, attachée très haute et bien conservée, comme si elle venait de faire son deuxième veau, alors qu’elle en est à son cinquième…» Fille de Spirte sur Passenger, Déesse multiplie les bonnes notes sur sa fiche éditée par le contrôle laitier, que ce soit au niveau du format, de l’ensemble morphologique ou des membres : «elle est assez costaud, notamment par rapport à ses pattes de devant et a une côte parfaite, ce qui est prépondérant en Prim’Holstein. Une bête faite pour durer dans le temps…»
 
Passionné de génétique
Ce passionné de génétique n’en est pas à son coup d’essai, ayant remporté en 2014 à Brienne-le-Château, pour sa première participation à un concours, pas moins de trois titres avec une autre de ses pensionnaires, Faste, couronnée Grande Championne, Championne Jeune et Meilleure Mamelle. Au fil des années, Jérôme en est arrivé à pratiquer lui-même ses inséminations, à partir du plan d’accouplement établi avec Prim’Holstein France. Une passion qui a néanmoins un coût, de plus en plus difficile à assumer en ces temps de crise pour l’élevage : «entre les transplantations embryonnaires, les doses les échographies, l’insémination, le budget avoisine les 10 000 € par an». L’éleveur Icaunais, espère bien profiter de sa présence Porte de Versailles, pour discuter de la situation de la filière avec ses collègues venus du national, rêvant secrètement de croiser un certain Stéphane Le Foll sur son stand, pour lui faire part de ses griefs et lui expliquer comment, compte-tenu du prix payé par sa laiterie, il a perdu 65 000 € cette année…
Pour l’heure, c’est le temps des derniers préparatifs, avant le départ pour Paris ce jeudi : «j’espère arriver vers 15 h, de sorte de s’installer tranquillement et qu’elle puisse se reposer un peu avant le premier rush de samedi». Pas question de réitérer l’erreur commise lors du concours de Château-Gontier, en Mayenne, où, arrivée trop tard le soir, après huit heures de route, Déesse n’a pu donner tout son potentiel le lendemain. Pas de régime alimentaire particulier avant le Salon, tout juste un peu plus de foin dans la ration, «pour donner plus de volume de panse, de sorte qu’elle puisse ingérer plus d’aliments et faire plus de lait. Avec pour conséquence, de présenter au mieux les caractéristiques morphologiques de la mamelle». Rendez-vous lundi 29 février, à partir de 12h30, sur le grand ring du hall 1, pour les épreuves de présentation. Avec à la clé, de nouveaux lauriers peut-être, pour Jérôme et sa protégée. On croise les doigts… Pardon ! Les sabots…