FDSEA
Au chevet du monde paysan
Droite et gauche confondues, les parlementaires de l’Yonne, ainsi que la présidente de la Commission agricole au Conseil départemental ont fait front commun ce vendredi à Jussy, pour aller à la rencontre des exploitants et prendre la mesure des dégâts occasionnés par les intempéries, répondant à l’invitation lancée par la FDSEA de l’Yonne.
D’ordinaire, c’est dans l’ambiance feutrée d’un bureau que se déroule la réunion trimestrielle initiée par l’instance syndicale avec les parlementaires du département. Mais les récents épisodes de grêle et de gel ainsi que les fortes pluies tombées ces dernières semaines en ont décidé autrement et c’est à Jussy, sur l’exploitation d’Alain et Benard Duruz, céréaliers arboriculteurs, que s’est tenue la réunion, en présence de nombreux agriculteurs ou viticulteurs, venus témoigner du marasme économique dans lequel est plongée la profession.
A la tête d’une dizaine d’ha implantés en arbres fruitiers, Alain Duruz a fait ses comptes : «cette année, si on fait 500 kg de cerises, ce sera le bout du monde, au lieu de 20 tonnes en temps ordinaire». Même bilan pour ce qui est des autres productions comme les pêches ou nectarines : «grosso modo, on estime à plus de 80% les dégâts dans les parcelles. Le problème est qu’on ne peut pas intervenir pour traiter et protéger le peu qu’il reste, avec cette pluie qui n’en finit pas de tomber et des cerises qui éclatent de rire», c’est le cas de le dire».
Sur les 120 ha en grandes cultures que compte l’exploitation, beaucoup de pertes en perspective également : «après un premier passage d’experts, on estime les dégâts de 40 à 80%, voire 85% sur les blés, de 60 à 65% sur les orges et de 60% en colza». Ils sont quatre parlementaires à avoir fait le déplacement à Jussy : les sénateurs Henri de Raincourt et Jean-Baptiste Lemoyne, ainsi que Guillaume Larrivé, côté LR et le député PS d’Avallon, Jean-Yves Caullet. Présente également, Michèle Crouzet, présidente de la Commission agriculture au Conseil départemental. Oubliés un temps les clivages politiques. Tout le mode est à l’écoute et mesure l’ampleur de la catastrophe, synonyme de situations financières compliquées pour beaucoup.
La vigne n’a bien sur, pas non plus été épargnée, comme le rappelle Alain Rigoutat, viticulteur dans le village : «12 ha implantés en Coulanges, Bourgogne aligoté et crémant, avec des pertes sur les hauteurs, de 100% pour tout ce qui est exposé plein sud et de 60 à 85% pour ce qui est du crémant et de l’aligoté». Avec le souci supplémentaire de voir la situation empirer : «les rameaux sont tellement impactés que ça se casse comme du verre et les parcelles touchées aujourd’hui à 50 et 60%, risquent demain de l’être bien plus» Un préjudice estimé pour l’heure à 150 K€. Bien qu’assuré, le viticulteur est pessimiste : «l’assurance me permet d’assurer la pérennité de l’entreprise et couvrir les charges de personnel, mais l’on risque de perdre une part importante de clientèle, faute de vins à vendre».
Le monde paysan vous regarde de près
L’éleveur et président de 110 Bourgogne, Gérard Delagneau, a lui aussi fait les comptes : «on estime les pertes par la grêle, à 20 000 tonnes, sur le secteur de la coopérative. Mais après, quid des températures ? On sait que la floraison sous la pluie, que ce soit en blé ou en orge, c’est pas terrible!» Réclamant dans la foulée aux parlementaires présents, «de pouvoir, comme il y a quelques années, tenter de récolter des jachères, mais il faut faire vite !» Un message repris au vol par le président de la FDSEA de l’Yonne, Francis Letellier, qui appelle à déroger à l’interdiction d’utiliser les jachères : «aujourd’hui, la position syndicale est claire ! Faisons de la désobéissance agricole et agronomique pour le sauvetage de l’élevage. On ne va pas s’occuper de l’administration et on va dire de récolter les jachères. Cela se fait bien en Seine et Marne, où le préfet l’a autorisé».
La liste des propositions présentée aux élus présents, pour «garantir et sécuriser le revenu des exploitants agricoles», est longue : amélioration des outils dédiés à la gestion des risques, meilleure répartition de la valeur ajoutée, maintien à 10% de l’enveloppe destinée au paiement redistributif, étiquetage de l’origine des produits, prolongement du plan de soutien… D’autant que les perspectives sont loin d’être au beau fixe, rappelle le président de la FDSEA 89 : «en lait, on est descendu à 270 € les 1 000 litres ce mois ci en prix A chez Sodiaal. Et on annonce déjà pour l’été, des prix à 250 €, ça va forcément poser des soucis aux fabricants d’aliments, quand on sait que le point d’équilibre est à 340 € !» Autre sujet portant à polémique et alimentant les débats, celui de la protection des cultures, avec là aussi un message clair : «nous demandons qu’aucune interdiction franco-française de substances actives ne soit prise, ces décisions relevant du niveau européen. Quand il y a un problème à traiter, on ne le renvoie pas aux pays membres en disant, débrouillez vous avec ! C’est ce qui s’est passé avec les néocotinoides et ce qui va se passer avec le glyphosate !»
Au final, des échanges à bâtons rompus, francs et directs parfois. Pas de solutions miracle mais une écoute peut-être renforcée et ce message délivré à l’attention des élus : «le monde paysan vous regarde de près, quelque soit votre couleur politique. Sur des sujets aussi importants, il vous faut faire bloc. Il en va de la survie de l’agriculture».
A la tête d’une dizaine d’ha implantés en arbres fruitiers, Alain Duruz a fait ses comptes : «cette année, si on fait 500 kg de cerises, ce sera le bout du monde, au lieu de 20 tonnes en temps ordinaire». Même bilan pour ce qui est des autres productions comme les pêches ou nectarines : «grosso modo, on estime à plus de 80% les dégâts dans les parcelles. Le problème est qu’on ne peut pas intervenir pour traiter et protéger le peu qu’il reste, avec cette pluie qui n’en finit pas de tomber et des cerises qui éclatent de rire», c’est le cas de le dire».
Sur les 120 ha en grandes cultures que compte l’exploitation, beaucoup de pertes en perspective également : «après un premier passage d’experts, on estime les dégâts de 40 à 80%, voire 85% sur les blés, de 60 à 65% sur les orges et de 60% en colza». Ils sont quatre parlementaires à avoir fait le déplacement à Jussy : les sénateurs Henri de Raincourt et Jean-Baptiste Lemoyne, ainsi que Guillaume Larrivé, côté LR et le député PS d’Avallon, Jean-Yves Caullet. Présente également, Michèle Crouzet, présidente de la Commission agriculture au Conseil départemental. Oubliés un temps les clivages politiques. Tout le mode est à l’écoute et mesure l’ampleur de la catastrophe, synonyme de situations financières compliquées pour beaucoup.
La vigne n’a bien sur, pas non plus été épargnée, comme le rappelle Alain Rigoutat, viticulteur dans le village : «12 ha implantés en Coulanges, Bourgogne aligoté et crémant, avec des pertes sur les hauteurs, de 100% pour tout ce qui est exposé plein sud et de 60 à 85% pour ce qui est du crémant et de l’aligoté». Avec le souci supplémentaire de voir la situation empirer : «les rameaux sont tellement impactés que ça se casse comme du verre et les parcelles touchées aujourd’hui à 50 et 60%, risquent demain de l’être bien plus» Un préjudice estimé pour l’heure à 150 K€. Bien qu’assuré, le viticulteur est pessimiste : «l’assurance me permet d’assurer la pérennité de l’entreprise et couvrir les charges de personnel, mais l’on risque de perdre une part importante de clientèle, faute de vins à vendre».
Le monde paysan vous regarde de près
L’éleveur et président de 110 Bourgogne, Gérard Delagneau, a lui aussi fait les comptes : «on estime les pertes par la grêle, à 20 000 tonnes, sur le secteur de la coopérative. Mais après, quid des températures ? On sait que la floraison sous la pluie, que ce soit en blé ou en orge, c’est pas terrible!» Réclamant dans la foulée aux parlementaires présents, «de pouvoir, comme il y a quelques années, tenter de récolter des jachères, mais il faut faire vite !» Un message repris au vol par le président de la FDSEA de l’Yonne, Francis Letellier, qui appelle à déroger à l’interdiction d’utiliser les jachères : «aujourd’hui, la position syndicale est claire ! Faisons de la désobéissance agricole et agronomique pour le sauvetage de l’élevage. On ne va pas s’occuper de l’administration et on va dire de récolter les jachères. Cela se fait bien en Seine et Marne, où le préfet l’a autorisé».
La liste des propositions présentée aux élus présents, pour «garantir et sécuriser le revenu des exploitants agricoles», est longue : amélioration des outils dédiés à la gestion des risques, meilleure répartition de la valeur ajoutée, maintien à 10% de l’enveloppe destinée au paiement redistributif, étiquetage de l’origine des produits, prolongement du plan de soutien… D’autant que les perspectives sont loin d’être au beau fixe, rappelle le président de la FDSEA 89 : «en lait, on est descendu à 270 € les 1 000 litres ce mois ci en prix A chez Sodiaal. Et on annonce déjà pour l’été, des prix à 250 €, ça va forcément poser des soucis aux fabricants d’aliments, quand on sait que le point d’équilibre est à 340 € !» Autre sujet portant à polémique et alimentant les débats, celui de la protection des cultures, avec là aussi un message clair : «nous demandons qu’aucune interdiction franco-française de substances actives ne soit prise, ces décisions relevant du niveau européen. Quand il y a un problème à traiter, on ne le renvoie pas aux pays membres en disant, débrouillez vous avec ! C’est ce qui s’est passé avec les néocotinoides et ce qui va se passer avec le glyphosate !»
Au final, des échanges à bâtons rompus, francs et directs parfois. Pas de solutions miracle mais une écoute peut-être renforcée et ce message délivré à l’attention des élus : «le monde paysan vous regarde de près, quelque soit votre couleur politique. Sur des sujets aussi importants, il vous faut faire bloc. Il en va de la survie de l’agriculture».