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Mobilisation syndicale

«Après Nevers, la suite»

La mobilisation syndicale du 15 octobre à Nevers a marqué les esprits. Par les exactions qui ont conduit à ce qu’un temps donné, la forme prenne le pas sur le fond, certes. Mais aussi et surtout parce que derrière la cohorte d’indignation urbaine qu’a généré l’issue de la manifestation, le message du malaise paysan et rural a été on ne peut plus explicite. Par la voie de son président, Stéphane Aurousseau, la FDSEA 58 fait le point … et se projette d’ores et déjà vers la prochaine échéance syndicale, le 5 novembre, à Dijon.
Par Stéphane Aurousseau
Mes amis, à Nevers, le 15 octobre, quelques hommes ont flanché, quelques hommes n’ont pas tenu le coup. Aujourd’hui, la FDSEA est mise devant ses responsabilités d’organisateur, elle ne se dérobera pas. Ma conviction est que certains comportements de fin de manif n’aident pas à la résolution de nos problèmes. Ma conviction est qu’une manifestation n’est pas organisée pour donner l’occasion à quelques-uns de se laisser aller à des dégradations en toute impunité.
Le passage syndical est étroit entre une volonté de lutte qui doit être fermement exprimée, parce que les épreuves qui nous sont imposées sont dures et insupportables, et une action qui doit demeurer dans le cadre républicain du pays. Le syndicalisme est un contre-pouvoir à l’action des élus mais il les respecte, ce sont les élus du peuple et nous négocions en toute circonstance avec les élus que le peuple s’est choisi.
Avec l’ensemble du bureau élu en mai, nous avons le projet de renforcer le poids, et l’efficacité de la FDSEA au service de tous les agriculteurs nivernais. Nous sommes là pour obtenir de l’homme des villes qu’il soit plus attentif aux préoccupations de l’homme des champs. Nous ne sommes pas là pour renverser la table. Ce ne serait plus du syndicalisme, ce serait autre chose.
«Les hommes se tenaient près de leurs clôtures et regardaient leur maïs dévasté qui se desséchait vite maintenant.
Les femmes sortirent des maisons pour venir se placer près de leurs hommes, pour voir si cette fois les hommes allaient flancher.
Les enfants cherchaient à deviner si les hommes et les femmes allaient flancher.
Au bout d’un moment, les visages des hommes devinrent durs, colères et résolus.
Alors les femmes comprirent que le danger était passé et qu’il n’y aurait pas d’effondrement.
Les femmes savaient que tout allait bien, et les enfants savaient que tout allait bien. Femmes et enfants savaient au fond d’eux même que nulle infortune n’est trop lourde à supporter du moment que les hommes tiennent le coup.» (John Steinbeck, les raisins de la colère)