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Moissons

Anxiété chez les producteurs

Jacques de Loisy, président de la commission «Productions végétales» de la FDSEA, dresse un tour d’horizon des grandes cultures du département.
Par Aurélien Genest
Anxiété chez les producteurs
Une bonne moisson est «presque vitale pour un certain nombre de producteurs» estime le Côte d’orien, qui aborde les dossiers politiques.
Le soleil se montre enfin. Il était temps pour des moissons 2016 qui approchent doucement mais sûrement. «Elles ne seront pas spécialement en avance et ce n’est pas plus mal, une année précoce n’est pas forcément bon signe pour les plateaux» indique Jacques de Loisy, estimant le début de la récolte du colza autour du 14 juillet.

Le président de la commission «Productions végétales» de la FDSEA espère une moisson «honorable» en Côte d’Or, même si le potentiel espéré en février-mars ne sera malheureusement pas «pleinement conquis»: «la moyenne départementale devrait être à peu près honorable effectivement, enfin je l’espère. Les plateaux devraient remonter la donne, par rapport à ce qu’il sera récolté dans certains secteurs comme ceux du val de Saône». Les trois mois de pluie ont certes évité la sécheresse et les restrictions d’eau, mais malheureusement gorgé d’eau un certain nombre de parcelles  : «la plaine et le val de Saône ont souffert» précise Jacques de Loisy, «ce n’est pas bon signe pour le système racinaire des cultures, ni pour la bonne finition des grains, en particulier ceux du colza, culture n’aimant pas avoir les pieds dans l’eau trop longtemps». Les conséquences de l’excès d’eau sont déjà palpables dans les cultures de printemps, notamment le maïs et le soja, si tant est que ces derniers aient pu être semés. «Nous avons aussi des problèmes sur les pois. Avec l’hiver doux, l’excès d’eau et l’épisode de gel, les plantes ont rapidement dépéri» poursuit le Côte d’orien.

Les prix n’y sont toujours pas
Le président de la commission «Productions végétales» espère une moisson d’un autre niveau que les précédentes : «les producteurs ne peuvent pas se permettre de vivre une quatrième année consécutive de déficit. Malgré un léger regain des cours ces derniers temps, les prix restent particulièrement faibles. Nous sommes encore bien loin des 180 euros pour la tonne de blé, niveau nécessaire pour équilibrer convenablement les charges. En colza, il nous faudrait au moins 400 euros la tonne. Il est important que tout le monde fasse une bonne moisson dans nos régions. C’est presque vital pour un certain nombre d’exploitations. Nous ne pourrons plus supporter le mauvais régime qui nous est infligé».

Jacques de Loisy fait allusion aux orientations du ministre de l’Agriculture : «ce dernier va laisser l’agriculture française dans un bien triste état, au terme d’un quinquennat bien sombre. Ses MAE ne sont pas adaptées à nos régions et c’est vraiment dommage. Nous regrettons aussi que la Région ne prenne pas à bras le corps le dossier de la céréaliculture. Nous espérons les rencontrer pour avancer et espérer un redressement à court ou moyen terme».

Un mépris «rural»
Jacques de Loisy fait part de ses inquiétudes sur l’évolution de la Pac : «l’équité entre producteurs et entre productions pose vraiment problème. Les charges sont pourtant les mêmes partout mais l’aide européenne est repartie de manière différente malgré les différences de potentiel. Le ministre laisse pour compte les productions céréalières à faibles potentiels, c’est un mépris certain pour les régions rurales. Les politiques se plaignent souvent des résultats électoraux : quand tout va mal, les gens se déplacent moins, ont des réactions plus fermes ou extrêmes. Je ne pense pas que les orientations prises ces temps-ci arrangent la situation. Pour ne rien arranger, la ministre de l’Environnement sort des anathèmes inconcevables d’un point de vue technique, sans le moindre fondement scientifique. Là, elle s’apprête à interdire les néonicotinoïdes, notamment sur le traitement des semences. Nous n’avons jamais vu un essaim d’abeilles se promener derrière un semoir de céréales fin octobre début novembre, alors que les orges sont semés... C’est un grand mépris vis-à-vis des producteurs et des salariés du milieu agricole. Ils sont trop peu reconnus. Il est vraiment temps que les aides européennes soit rééquilibrées en faveur des zones à faible potentiel et que le gouvernement tienne enfin compte des salariés, c’est la moindre des choses».