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Épandage organique

Analyse du lisier et du digestat : quel capteur choisir ?

L’analyse des valeurs du lisier ou du digestat garantit une fertilisation précise des parcelles. Pour effectuer les mesures, deux technologies de capteurs se rencontrent sur le marché – proche infrarouge NIR et conductimètre - dont l’efficacité varie en fonction des effluents.

Par Michel Portier
Analyse du lisier et du digestat : quel capteur choisir ?
D. Laisney
La présence sur la tonne à lisier d’un système d’analyse des valeurs fertilisantes du lisier ou du digestat permet de mieux valoriser les effluents d’élevage.

Le capteur proche infrarouge (NIR) est assez répandu dans les ETA et les Cuma, qui le valorisent à la fois sur l’ensileuse, la tonne à lisier et tout récemment la moissonneuse-batteuse. Son coût élevé, environ 15 000 euros pour le capteur seul et de 30 000 à 40 000 euros pour l’équipement complet d’une tonne à lisier, rend sa rentabilité complexe. Bon nombre d’ETA équipées peinent à justifier ce surcoût en l’absence de reconnaissance des données par l’administration, limitant ainsi la valorisation de la précision des doses épandues dans le plan d’épandage. Le capteur HarvestLab de John Deere, le plus répandu, mais aussi l’Evo NIR de l’équipementier italien Dinamica Generale (NIRXAct dans la gamme AgXTend, du groupe CNH) sont pourtant certifiés par l’organisme allemand DLG. Ces dispositifs mesurent en continu divers éléments du lisier (azote total, azote ammoniacal, phosphore, potassium, matière sèche…), permettant ainsi d’ajuster la dose en temps réel, en faisant varier la vitesse du tracteur manuellement ou automatiquement.

La mesure par conductivité plus économique

Une alternative émergente repose sur la sonde d’Agro Intelligent utilisée par le système Ana’Lisier de Vantage AM. Celle-ci analyse le lisier par conductimétrie, offrant une solution plus abordable (4 000 euros) tout en maintenant un niveau de précision satisfaisant, avec une marge d’erreur de 8 à 10 % en lisiers de porcs et bovins, selon Vantage AM. Le capteur, inséré dans la citerne au contact du lisier, effectue une mesure après chaque remplissage pendant le trajet vers les zones d’épandage. Le dispositif réalise en réalité plusieurs mesures toutes les secondes pour établir une valeur moyenne. Le chauffeur n’a ensuite plus qu’à suivre la vitesse indiquée pour respecter la dose voulue ou à prendre en compte le volume par hectare affiché, s’il dispose d’un DPAE. Compte tenu de sa grande hétérogénéité, le digestat semble être plus difficile à évaluer, mais c’est également le cas pour les capteurs NIR.

Une longueur d’avance pour l’HarvestLab de John Deere

D’une manière générale, la précision de ces capteurs dépend de la robustesse des courbes d’étalonnage pour chaque produit analysé. Sur ce point, le système HarvestLab de John Deere affiche une certaine longueur d’avance, grâce aux nombreuses mises à jour, dont il a déjà bénéficié.

Une dernière technologie, présentée par le constructeur de tonnes à lisier Samson à l’Agritechnica 2019, utilise la résonance magnétique nucléaire, promettant une précision d’analyse élevée. Cependant, cette solution est encore en phase de tests avant une éventuelle commercialisation.