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GDS

Aller de l’avant

Le président du Groupement de Défense Sanitaire de Côte-d’Or annonce des projets pour la nouvelle année.
Par Aurélien Genest
Aller de l’avant
Jean-Luc Chevalier, rencontré la semaine dernière sur son exploitation laitière près de Saint-Seine-l’Abbaye.
Jean-Luc Chevalier, éleveur de 75 vaches Simmental à Cestres, soignait ses jeunes veaux en ce matin du 8 janvier. Cette tâche quotidienne terminée, le Côte-d’orien de 49 ans abordait avec nous l’actualité sanitaire  et les différents dossiers du département. À la tête du GDS21 depuis un an et demi, Jean-Luc Chevalier se réjouit tout d’abord de la bonne tenue des 23 assemblées cantonales de la fin d’année 2019  : « De bons rendez-vous se sont déroulés, nous en avons profité pour nous rendre une nouvelle fois sur le terrain. Des dialogues constructifs ont animé chaque réunion, les remarques et différents points de vue que nous avons recueillis vont nous permettre d’orienter aux mieux nos actions futures » (voir encadré).

Un second souffle
En 2020, le GDS veut se concentrer davantage sur sa mission de prévention, sans s’égarer dans un volet social qui n’est pas de son ressort. « Nous affichons la ferme volonté de conserver notre esprit mutualiste. Nous allons continuer de défendre les intérêts des éleveurs et ce, jusqu’au niveau national », souligne le président du GDS. Une augmentation de la cotisation de 10 centimes d’euro par bovin est effective pour l’année en cours : « pour être performant et faire des choses intéressantes, il faut être fort financièrement. Il n’y avait eu aucune hausse depuis 2014 », rappelle le président. Jean-Luc Chevalier souhaite redynamiser le fonctionnement du GDS et notamment le déroulé de ses différentes réunions organisées tout au long de la campagne : «nous avons déjà innové lors de nos dernières assemblées cantonales, celles-ci ont été particulièrement techniques et synthétiques. Les rendez-vous interminables, ce n’est plus d’actualité ! Nous voulons conserver des moments conviviaux à la fin de chaque rendez-vous pour que les éleveurs aient le temps de parler».

Proposition tuberculose
Jean-Luc Chevalier va prochainement inviter le référent national de la tuberculose bovine basé à la DGAL , pour discuter, avec lui et en présence du bureau départemental du GDS, de la stratégie à suivre pour ces dix prochaines années dans le département : «les éleveurs sont littéralement blasés de cette maladie. Nous avons besoin de leur donner des perspectives pour y voir plus clair. Nous devons arrêter de subir la tuberculose, nous serons peut-être amenés à vivre toujours avec, mais il nous faut d’autres réponses. Nous sommes descendus à trois foyers cette dernière campagne en Côte-d’Or, c’est une satisfaction. Au national, on nous annonce un durcissement de la réglementation car la situation est actuellement très compliquée au sud ouest du pays : nous sommes fermement opposés à un durcissement ici, en Côte-d’Or, car un travail sérieux est réalisé depuis de nombreuses années. Nous ne sommes pas du tout dans la même situation ». Lors de cet entretien avec le référent national de la tuberculose (en l’occurrence Fabrice Chevalier, ancien salarié de la DDPP21), le GDS proposera de nouvelles pistes à envisager dans la «zone rouge» : « il y a bien sûr les mesures de biosécurité que de nombreux éleveurs mettent en place au quotidien. Déjà une trentaine d’éleveurs ne mettent plus de bovins dans leurs prés situés dans cette zone à risques, ils ne font plus que du foin. Il faut aussi et surtout aller plus loin dans la biosécurité stratégique, qui consiste à activer des leviers avec différents partenaires. Nous devons inventer de nouvelles choses avec eux, travailler davantage avec les acteurs du terrain. Il faut aller plus loin dans les échanges parcellaires, un travail est à réaliser avec la Chambre d’agriculture et pourquoi pas la Safer. Nous voulons continuer de travailler avec le monde de la chasse, les discussions se multiplient depuis déjà un an. Le piégeage doit être redynamisé, le blaireau est encore une menace sur notre territoire : cet animal nous fait du mal car il transporte la mycobactérie. D’intéressants travaux sont en cours pour assainir les terriers, avec notamment la propulsion de chaux dans ces terriers ».

Rendez-vous en avril
L’assemblée générale départementale du GDS, qui évoquera tous ces dossiers, est programmée fin mars. « Nous voulions, comme tout les ans, la tenir en début d’année mais avec le salon de l’agriculture qui débute le 23 février et surtout les élections municipales qui se tiennent en mars, il était difficile pour nous d’accueillir et d’échanger comme il se doit avec nos élus. Avec leur pouvoir de réserve, cela n’aura pas été facile d’avancer. De tradition, nous souhaitons accueillir les représentants de l’État à notre  assemblée, le secrétaire général de la préfecture, mais également le président du Conseil départemental qui soutient le monde agricole côte-d’orien depuis de nombreuses années. Et nous en avons bien besoin ! Nous communiquerons en date et en heure sur ce rendez-vous qui sera une nouvelle fois organisé à Sombernon pour arranger le plus de monde possible », informe le président.

Retour des assemblées : IBR et BVD très discutés

L’IBR et la BVD ont alimenté la majorité des discussions lors des assemblées cantonales du GDS. Concernant l’IBR, Jean-Luc Chevalier a affiché une ferme volonté de diminuer le nombre d’animaux positifs dans le département  : « D’importants efforts doivent être réalisés. Nous nous donnons deux bonnes années pour obtenir des résultats significatifs et faire des économies par la même occasion. En visant un seuil acceptable, nous pourrions économiser 200 000 euros, car il y aura moins de prophylaxies, d’analyses et de prélèvements. Cette même somme serait intégralement convertie en pouvoir d’achat dans les fermes ». La Côte-d’Or se dote d’un véritable plan d’actions pour parvenir à ses fins, un courrier a été envoyé fin septembre aux élevages concernés par l’IBR. Le GDS échange également avec les services vétérinaires pour trouver des solutions dans ce domaine. Des visites dans les élevages sont aussi programmées pour que les vaches positives ne soient plus conservées dans les différents cheptels.
L’arrêté ministériel BVD a également été présenté lors de ces réunions cantonales, en présence de la DDPP. Le GDS de Côte-d’Or a fait le choix de travailler avec les vétérinaires. «Nous pensons que c’est la meilleure solution. Les vétérinaires réceptionneront les échantillons et seront là pour interpréter les résultats », commente Jean-Luc Chevalier, en rappelant que les boucles auriculaires devront être utilisées dès la campagne prochaine. C’est une décision régionale Bourgogne-Franche-Comté. Le coût total de l’opération pour l’éleveur sera aux environs des 3 euros à 3,5 euros par veau : « une pince au prix unitaire de 13 euros sera partiellement ou intégralement prise en charge par les GDS cantonaux. Le surcoût de la boucle est d’1,15 euro. L’analyse en elle-même s’élève à 4,70 euros. Cette année l’aide du Conseil régional sera fléchée pour 1 euro sur la vaccination à l’identique de l’année dernière, mais également sur le coût de l’analyse du dépistage auriculaire. Suivant le nombre d’analyses réalisées durant cette année, l’aide devrait être de 2,3 à 2,8 euros par analyse réalisée ». Ce plan BVB n’a visiblement pas laissé indifférents les éleveurs présents, comme le décrit le président du GDS, qui a lui-même participé à un tiers de ces réunions : « trois types de réactions sont à distinguer. Il y a ceux qui vaccinaient, qui faisaient tout pour être le plus propres possible et qui ont affiché une certaine déception. Je peux les comprendre, mais les exigences de la filière, demandeuse du dépistage BVD, doit les rassurer. La vaccination est de toute manière vouée à disparaître à terme, sauf en cas de situations non favorables. Les personnes qui ne faisaient rien jusqu’à aujourd’hui vont prendre le chemin du dépistage assez facilement. Je note d’ailleurs que 14 000 boucles sont déjà commandées dans le département, dont les trois quarts sont issues du cheptel allaitant. Enfin, il y a ceux qui expriment un mécontentement en pointant du doigt la charge supplémentaire que ce dépistage engendre. Nous leur répondons qu’il faut bien prendre conscience que cette maladie amène des pertes économiques énormes dans les élevages avec les diarrhées néo-natales, les mortalités, les troubles de la reproduction... Il ne faut pas oublier non plus, les économies d’antibiotiques que cette démarche va permettre. Ce qui va pleinement dans le sens de la lutte contre l’antibio-résistance ».