Alerte sur les BAC !
Dossiers des plus épineux depuis des années, les bassins d’alimentation de captage ont été pointés du doigt par le réseau FDSEA.
Lundi et mardi, on a vu fleurir sous les panneaux de certaines communes des messages d’alerte : «Non au BAC», «Ici -50ha de blé = - 1,5 millions de baguettes».
En cause, une liste de 18 potentiels BAC supplémentaires. Quand on sait que l’Yonne en compte déjà 14, les agriculteurs trouvent la pilule difficile à avaler. Jean-Luc Gennerat, en charge du dossier à la FDSEA 89, explique les raisons de cette action.
- TdB : Pourquoi une telle réaction des agriculteurs face à une préoccupation partagée : la qualité de l’eau ?
Jean-Luc Gennerat : Oui, c’est une problématique partagée. Les agriculteurs sont des citoyens qui se sentent concernés par la qualité de l’eau autant que les autres. Il n’y a qu’à voir leur implication et les propositions qui sont faites pour améliorer la qualité de l’eau dans les Comités de pilotages des BAC avec la DDT et l’Agence de l’eau. Mais pourquoi ajouter 18 BAC quand on n’a pas trouvé de solutions pour certains des 14 premiers ? Dans mon secteur, nous sommes concernés par 6 BAC. Les propositions des représentants agricoles sont souvent déformées par l’administration et l’AESN et présentées aux agriculteurs comme «le fruit des concertations avec la profession», les études réalisées par certains cabinets sont quelques fois tronquées et on veut nous faire croire qu’on est prêt à mettre les moyens sur le dossier de la qualité de l’eau ? Notre colère est compréhensible : nous sommes les premiers impactés par les mesures envisagées. Les compensations pour ce nouveau rôle de producteur d’eau sont calculées sur des bases erronées qui ne tiennent pas compte des réelles pertes de production. La protection de l’eau a un coût pour l’agriculteur comme pour le citoyen.
- TdB : Il y a pourtant des exemples de réussite. Il y a avait la semaine dernière un article sur le BAC de Brienon où les relations ont l’air apaisées…
JLG : Heureusement que nous avons de tels exemples ! Il est encore possible de réussir à mettre en œuvre des mesures sur le territoire, d’ailleurs les agriculteurs concernés par les 6 BAC dont je parlais ont déjà travaillé et mis en œuvre gratuitement des mesures de protection : rajout de bandes enherbées, enherbement de doline, suppression de molécules, essais conduits avec la Chambre (strip till), cultures associées…
- TdB: Quelles sont les revendications syndicales alors ?
JLG : Nous ne refusons pas le rôle de producteurs d’eau. Sur certains territoires, il faut admettre qu’il n’y a pas d’autre solution que de produire différemment. Mais cette décision ne doit pas être prise à la légère ! Les zones «très vulnérables» doivent être les plus restreintes possibles et avoir une compensation à la hauteur des pertes subies si les agriculteurs ne peuvent plus en vivre ! Les agriculteurs peuvent produire de l’eau, des grandes cultures, du lait de la viande sur un territoire, mais c’est notre métier. Nous l’exerçons pour un revenu. C’est aussi simple que ça.