FDSEA de l’Yonne
Agriculture biologique : attentes et interrogations
Afin d’accompagner et d’évaluer les demandes des adhérents déjà convertis en agriculture biologique ou souhaitant le devenir, la FDSEA de l’Yonne a organisé une journée sur ce thème, en présence notamment d’Étienne Gagneron, président de la Commission agriculture biologique à la FNSEA.

L’explosion du bio ces trois dernières années a multiplié le nombre de conversions et l’on compte aujourd’hui plus de 1,5 million d’ha du territoire national engagés en agriculture biologique, soit 6,5% de la SAU agricole.
Un chiffre qui a doublé en dix ans. Le marché n’est pas en reste, passé de 5,8 milliards en 2015 à 7 milliards d’euros à fin 2016. Multiplié par 7 en une quinzaine d’années ! À l’échelle de la région BFC, près de 1 800 exploitations étaient engagées à fin 2016, la classant au 8e rang national, pour un total de 124 669 ha (5e rang national). Dans l’Yonne, que ce soit en terme de surfaces ou de conversions, tous les curseurs sont également à la hausse et l’on compte désormais près de 300 exploitations engagées en agriculture biologique, dont une majorité en grandes cultures et polyculture élevage.
C’est dans ce contexte que la FDSEA de l’Yonne a organisé une journée sur le sujet, à l’attention de ses adhérents, pour recueillir leurs attentes et demandes en la matière.
En réponse à une conviction
Céréalier converti en partie, éleveur bovin viande en Puisaye, engagé en bio depuis une dizaine d’années, arboriculteur sensibilisé pour répondre à la demande de ses clients en vente directe, viticulteur s’intéressant au sujet depuis son installation il y a 19 ans… Les profils des exploitants présents sont multiples. Éleveur de porcs de label rouge, Éric Saison pour sa part s’interroge : «je suis venu ici en curieux, mais satisfait que les fédés s’intéressent au bio, car il ne faut pas que cela reste la chasse gardée d’autre syndicats. Je suis à la frontière entre deux mondes, à la recherche d’un équilibre…»
Même questionnement chez ce jeune viticulteur arboriculteur de Coulanges-la-Vineuse, qui réfléchit à passer en bio demain, lorsque ses emprunts seront remboursés : «je suis venu chercher des réponses sur les moyens de mettre en place le bio sur mon exploitation. En viti, pour ce qui est du blanc, ça me paraît pus facile qu’en rouge. Côté “arbo”, je n’y crois pas trop, à moins de couvrir les vergers de filets…»
Considérant que le bio doit avant tout répondre à un état d’esprit : «certains viticulteurs n’arrivant pas à vendre leur vin sont passés au bio, pensant accéder à un marché de niche. Dès lors que l’on a cette idée, on va droit dans le mur. Pour moi, le bio doit, avant même de parler d’économie, être une conviction, passant par le respect de ses sols, de la plante…» Même prudence, chez cet exploitant céréalier installé en bio sur les plateaux : «les secteurs en difficulté, comme nos zones intermédiaires, avec les résultats économiques catastrophiques que l’on connaît ces dernières années peuvent amener à des conversions bio opportunistes, mais on peut se demander quel en sera l’avenir, du fait de raisonnements faussés par la situation économique des exploitations…»
Avec parfois un peu de regrets sur la perception qu’ont encore certains conventionnels au sujet des agriculteurs bios, explique cet éleveur de Puisaye engagé depuis une dizaine d’années : «je suis adhérent à la FDSEA depuis 40 ans, je n’ai pas lâché, mais quelques fois, par delà l’aspect économique des choses, on se sent jugés comme des “bons à rien” !»
«J’en suis pas loin, mais j’y suis pas…»
Le problème de l’agriculture bio aujourd’hui, explique Étienne Gagneron, polyculteur éleveur dans le Cher et président de la Commission bio à la FNSEA : «ce sont les fruits et légumes, importés pour plus de la moitié, à l’image de la banane bio, qui arrive majoritairement d’Équateur. On ne trouve pas de banane bio française, du fait d’un cahier des charges trop contraignant…»
À l’image des conditions d’application de certains traitements, autorisés par voie aérienne en Équateur, là où la législation européenne l’interdit dans les Antilles. Avec à la clé, une distorsion de concurrence sans égal. Se pose aussi aujourd’hui le problème de la distribution des produits, face à «l’appétit» des grands groupes en place : «on sait très bien que la grande distribution est en train d’attaquer le marché du bio pour répondre à la demande des consommateurs et aller au moindre prix. C’est là dessus qu’il va falloir se battre et le combat sur la bio est le même qu’en conventionnel, c’est à dire le retour de la valeur ajoutée au producteur…»
Autre difficulté, celle de la visibilité dans la durée : «rien ne sert d’avoir une ambition politique en bio, si derrière on n’a pas les moyens pour l’atteindre…» À l’image du nouveau plan Ambition bio appelé à se mettre en place à l’horizon 2020, alors même que celui en cours n’est toujours pas soldé et que se multiplient les interrogations sur la pérennité des aides au maintien selon les régions. Comme le résume un viticulteur du sud auxerrois présent à cette réunion : «le bio, j’en suis pas loin, mais j’y suis pas !»
Un chiffre qui a doublé en dix ans. Le marché n’est pas en reste, passé de 5,8 milliards en 2015 à 7 milliards d’euros à fin 2016. Multiplié par 7 en une quinzaine d’années ! À l’échelle de la région BFC, près de 1 800 exploitations étaient engagées à fin 2016, la classant au 8e rang national, pour un total de 124 669 ha (5e rang national). Dans l’Yonne, que ce soit en terme de surfaces ou de conversions, tous les curseurs sont également à la hausse et l’on compte désormais près de 300 exploitations engagées en agriculture biologique, dont une majorité en grandes cultures et polyculture élevage.
C’est dans ce contexte que la FDSEA de l’Yonne a organisé une journée sur le sujet, à l’attention de ses adhérents, pour recueillir leurs attentes et demandes en la matière.
En réponse à une conviction
Céréalier converti en partie, éleveur bovin viande en Puisaye, engagé en bio depuis une dizaine d’années, arboriculteur sensibilisé pour répondre à la demande de ses clients en vente directe, viticulteur s’intéressant au sujet depuis son installation il y a 19 ans… Les profils des exploitants présents sont multiples. Éleveur de porcs de label rouge, Éric Saison pour sa part s’interroge : «je suis venu ici en curieux, mais satisfait que les fédés s’intéressent au bio, car il ne faut pas que cela reste la chasse gardée d’autre syndicats. Je suis à la frontière entre deux mondes, à la recherche d’un équilibre…»
Même questionnement chez ce jeune viticulteur arboriculteur de Coulanges-la-Vineuse, qui réfléchit à passer en bio demain, lorsque ses emprunts seront remboursés : «je suis venu chercher des réponses sur les moyens de mettre en place le bio sur mon exploitation. En viti, pour ce qui est du blanc, ça me paraît pus facile qu’en rouge. Côté “arbo”, je n’y crois pas trop, à moins de couvrir les vergers de filets…»
Considérant que le bio doit avant tout répondre à un état d’esprit : «certains viticulteurs n’arrivant pas à vendre leur vin sont passés au bio, pensant accéder à un marché de niche. Dès lors que l’on a cette idée, on va droit dans le mur. Pour moi, le bio doit, avant même de parler d’économie, être une conviction, passant par le respect de ses sols, de la plante…» Même prudence, chez cet exploitant céréalier installé en bio sur les plateaux : «les secteurs en difficulté, comme nos zones intermédiaires, avec les résultats économiques catastrophiques que l’on connaît ces dernières années peuvent amener à des conversions bio opportunistes, mais on peut se demander quel en sera l’avenir, du fait de raisonnements faussés par la situation économique des exploitations…»
Avec parfois un peu de regrets sur la perception qu’ont encore certains conventionnels au sujet des agriculteurs bios, explique cet éleveur de Puisaye engagé depuis une dizaine d’années : «je suis adhérent à la FDSEA depuis 40 ans, je n’ai pas lâché, mais quelques fois, par delà l’aspect économique des choses, on se sent jugés comme des “bons à rien” !»
«J’en suis pas loin, mais j’y suis pas…»
Le problème de l’agriculture bio aujourd’hui, explique Étienne Gagneron, polyculteur éleveur dans le Cher et président de la Commission bio à la FNSEA : «ce sont les fruits et légumes, importés pour plus de la moitié, à l’image de la banane bio, qui arrive majoritairement d’Équateur. On ne trouve pas de banane bio française, du fait d’un cahier des charges trop contraignant…»
À l’image des conditions d’application de certains traitements, autorisés par voie aérienne en Équateur, là où la législation européenne l’interdit dans les Antilles. Avec à la clé, une distorsion de concurrence sans égal. Se pose aussi aujourd’hui le problème de la distribution des produits, face à «l’appétit» des grands groupes en place : «on sait très bien que la grande distribution est en train d’attaquer le marché du bio pour répondre à la demande des consommateurs et aller au moindre prix. C’est là dessus qu’il va falloir se battre et le combat sur la bio est le même qu’en conventionnel, c’est à dire le retour de la valeur ajoutée au producteur…»
Autre difficulté, celle de la visibilité dans la durée : «rien ne sert d’avoir une ambition politique en bio, si derrière on n’a pas les moyens pour l’atteindre…» À l’image du nouveau plan Ambition bio appelé à se mettre en place à l’horizon 2020, alors même que celui en cours n’est toujours pas soldé et que se multiplient les interrogations sur la pérennité des aides au maintien selon les régions. Comme le résume un viticulteur du sud auxerrois présent à cette réunion : «le bio, j’en suis pas loin, mais j’y suis pas !»