Acte 1 Mobilisation contre l’extension de la zone vulnérable
Le projet d’extension des zones vulnérables sorti du chapeau par l’état le 26 juillet dernier passe mal, très mal, sur le terrain. Afin de signifier leur totale incompréhension avec les scandaleuses méthodes gouvernementales - n’ayant rien à envier aux plus performantes des dictatures mondiales ! - les FDSEA et JA de 36 départements du bassin Loire-Bretagne ont posément exprimé leur lassitude face au déferlement de folie qui s’empare des élites parisiennes en matière environnementale. Acte 1 d’une mobilisation qui a pris sa source à Orléans.
Mardi 16 septembre dernier, ce sont près de 800 agriculteurs, selon les organisateurs, venus de 36 départements, (soit 8 régions: Bretagne, Basse-Normandie, Limousin-Auvergne, Rhône-Alpes, Bourgogne, Pays de la Loire, Massif central, Centre) qui se sont retrouvés, suite à l’appel de la FRSEA Centre et les JA, pour manifester contre la surenchère règlementaire dont est victime l’agriculture.
En début d’après-midi, un cortège d’une vingtaine de tracteurs et remorques a mené la danse. Pommes de terre, oignons, fumier, pommes, ont été déversés tout au long du trajet, puis les manifestants se sont ensuite retrouvés devant la Cathédrale d’Orléans avant la réception d’une délégation en préfecture.
«Les agriculteurs sont en colère car ils en ont marre des contraintes réglementaires» expliquent les manifestants, sages mais déterminés. «Les pratiques de l’Etat sont scandaleuses ! Sans concertation, depuis Paris, on parachute des cartes, on établit des normes … Des bureaucrates nantis se font plaisir et emmerdent ceux qui bossent. Mais là, trop c’est trop ! Si ces nantis là avaient nos niveaux de rémunération en dépit des heures de boulot, ils seraient dans les rues depuis longtemps. Alors exiger encore et toujours plus, obliger certains éleveurs à se remettre aux normes, à financer du non productif et à remplir encore plus de paperasse … La coupe est pleine !» Un cri du cœur, relayé quelques minutes plus tard par Eric Thirouin, président de la FRSEA Centre, organisateur de l’action et relais des préoccupations des FDSEA et JA s’étant ralliés à l’action : «Le vrai sujet de la manifestation, c’est la surenchère et la surrèglementation. Notre message c’est laissez-nous produire, laissez-nous produire français !»
Quatre sujets de contestation
Si les agriculteurs, parmi lesquels une vingtaine de Nivernais, ont occupé les rues mardi après-midi, c’est parce que les réglementations les empêchent d’exercer leur métier. «Notre métier est le plus beau métier du monde et c’est désormais le métier le plus difficile à exercer» explique Daniel Prieur, secrétaire général adjoint de la FNSEA. Récital à la Prévert :
- Extension des zones vulnérables. Suite à l’abaissement des seuils de teneur en nitrates des eaux souterraines de 50 à 40 mg par litre des zones vulnérables, annoncée fin juillet par le ministère de l’Ecologie, des agriculteurs ont été reclassés. «Ils vont devoir faire des plans prévisionnels de fumures, mettre aux normes leur bâtiment d’élevage. La directive nitrates n’a pas encore été appliquée que déjà on change le zonage. Le pire a été par rapport à l’eutrophisation. Sans aucune étude scientifique, un seuil de 18mg/l a été imposé».
- Programme d’action de la directive nitrates. «Il y a des problèmes avec le stockage d’effluents au champ, la période d’épandage et si on continue comme ça on va avoir la quinzaine de l’épandage une fois par an»... Se mettre aux normes ça a un coût... «Les éleveurs qui se sont mis aux normes il y a deux, trois ans, dépensant 200 à 300 000 euros vont devoir augmenter leurs capacités de stockage et de nouveau investir. C’est impossible. Un paquet d’éleveurs va être contraint de s’arrêter faute de financement».
- Problématique de l’Agence de l’Eau du bassin Loire-Bretagne qui doit gérer son Sdage (schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux), voté en octobre. «Ils veulent encore rajouter des zonages différents et de ce fait, rajouter de la réglementation».
- Réforme de la Pac. «Elle rentre en action en 2015 et aujourd’hui, on a déjà commencé les semis de colzas mais on ne connaît toujours pas les règles que l’on doit appliquer. Peut-être qu’on va devoir faire de la jachère, on l’ignore, par contre en mai, on devrait être en règle»
Les éleveurs les plus touchés …
Un représentant des Pays de Loire précise «Nous sommes là pour défendre l’élevage qui est mal mené par les réglementations. Les éleveurs se découragent et beaucoup vont préférer s’arrêter plutôt que s’endetter pour se mettre aux normes. Et là, le gouvernement s’étonnera que le taux de nitrates ne s’améliore toujours pas».
«Nous avons affaire à la même injustice qui s’abat sur l’agriculture française. C’est un plan d’extermination, notamment de l’élevage, qui est en train de se produire dans notre pays. Les mesures que le gouvernement prend contre nous, c’est juste pour enterrer l’agriculture» avoue un représentant du Massif Central.
Le représentant de la Haute-Loire va plus loin «Nous sommes au début de la Loire et ils veulent de l’eau à zéro nitrate mais les nitrates sont naturels dans l’eau ! C’est donc impossible. Regardez certaines eaux comme la Volvic qui affiche 6,3mg de nitrates, ce n’est donc pas mauvais ! Je suis fier de mon métier, je voudrais juste qu’on le respecte».
Samuel Vandeale, secrétaire général adjoint des JA, se pose aussi des questions sur le devenir des jeunes agriculteurs. «On sort à peine des mises aux normes, le béton est encore chaud que déjà les règles ont changés. Pour les jeunes agriculteurs, l’installation va être encore plus difficile voire impossible. Il faut aller encore plus loin pour faire changer les choses. On ne peut plus supporter l’empilement des réglementations».
Si la manifestation de mardi dernier s’est tenue à Orléans, c’est surtout parce qu’elle est capitale de région et que les réunions avec le préfet coordonnateur de bassin ne se déroulent qu’ici. D’ailleurs, le même jour, Etienne Bisch, préfet, présentait la nouvelle carte des 1 100 communes en zones vulnérables, en plus des 4 600 déjà inscrites devant les présidents des Chambres de l’agriculture.
En fin d’après-midi, une délégation des FRSEA a été reçue à la préfecture pour justement exposer leur problème avant la suite des opérations.
FDSEA/JA Les actions syndicales vont suivre
Premier avertissement à Orléans … La suite des évènements se précise. Les agriculteurs, exaspérés, sont au bout du bout, les cours en berne dans toutes les productions et la réglementation … encore et toujours plus ! Le syndicalisme FDSEA/JA dit Stop ! Les 24 et 25 septembre se réunit le conseil fédéral de la FNSEA, puis le 29 septembre le conseil d’administration de la FDSEA de la Nièvre. Les semaines qui suivent seront en conséquence mouvementées. Mais qu’on se le dise, les paysans en ont ras le bol. Ras le bol des contrôles, ras le bol de la réglementation, ras le bol des préjugés, ras le bol du déferlement sur notre métier. Les paysans ne sont pas des salauds et sauront le rappeler dans les prochains jours … Avec leurs mots, leur colère, leur indignation … et avec conviction.