Accueillir les camping-cars sur son exploitation

Les uns cherchent souvent des endroits pour stationner le temps d’une étape, les autres ont de l’espace à proposer autour de leur exploitation. C’est partant de ce constat que le réseau France Passion (voir encadré) est né, et se positionne aujourd’hui comme un véritable trait d’union entre les camping-caristes et le monde rural. Le guide, édité chaque année recense les agriculteurs, viticulteurs, artisans, commerçants, mais aussi quelques particuliers, qui mettent à disposition un emplacement pour les voyageurs désireux de quitter les sentiers battus. Dans notre région, plusieurs agriculteurs proposent cette forme d’accueil, et parfois depuis de nombreuses années déjà. C’est le cas de la famille Olivier, de la Ferme Fruirouge à Concœur, près de Nuits-Saint-Georges. Depuis près de 20 ans, une aire de stationnement est aménagée sur la propriété, dans un cadre bucolique, avec une vue imprenable sur les vignes et vergers de la Côte. Camille Olivier, qui représente la septième génération sur la ferme, se remémore comment tout a commencé. « L’histoire est toute simple… Nous étions encore enfants. Un été, nos parents ont voulu tester les vacances en camping-car, découvrir ce mode de voyage et la liberté que cela procure ». se souvient-il. « Ils ont donc loué un véhicule et nous sommes partis en direction de la Camargue ». Rapidement, la petite famille déchante. « Nous nous sommes rendu compte qu’on n’était pas si libre que cela. Trouver un endroit où stationner, passer la nuit n’était pas toujours facile » souligne Camille Olivier. « Faute d’être les bienvenus dans certains lieux ou villages, nous devions bien souvent rabattre vers un camping ou sur des aires de stationnement aménagées pour les camping-cars. Nous nous retrouvions parfois à plusieurs véhicules entassés les uns contre les autres sur une surface bitumée ». Une expérience qui laisse finalement une certaine frustration à la famille Olivier. L’hiver suivant, en se rendant au Salon de l’agriculture, les parents de Camille ont rencontré le créateur du guide France Passion, Pierre Ginoux. « Il a présenté le concept à mes parents, qui ont tout de suite adhéré » se souvient-il.

Le principe est simple et quasiment sans contrainte. Pour les accueillants, il suffit a minima, d’aménager un espace à plat, permettant de stationner un camping-car… rien d’autre n’est exigé.

Gagnant-gagnant

Véronique Saudemont, de la Ferme des Louvières à Saint-Julien près de Dijon, a elle aussi été séduite par cette formule. Depuis huit ans elle propose un accueil sur sa ferme. « J’adhère au réseau France Passion via Bienvenue à la Ferme » souligne-t-elle. « Les camping-caristes de passage recherchent souvent un endroit tranquille et sûr pour passer une nuit, ou plus. Pour eux, la prestation est totalement gratuite. Je leur mets à disposition un point d’eau et un branchement électrique, mais ce n’est pas obligatoire » précise l’exploitante. Un petit plus qui plaît aux visiteurs qui profitent en effet de la proximité avec l’atelier de transformation. Ce qui plaît aussi, c’est la possibilité pour les voyageurs de faire leurs courses. Et au magasin de producteur de la Ferme des Louvières, « la consommation est quasiment systématique », avoue Véronique Saudemont qui compte une dizaine de visites par mois durant la période estivale. « Certains sont même devenus des habitués et font une étape systématique chez moi et remplissent leur frigo de charcuterie et autres produits que nous proposons ». Un phénomène que connaît également la Ferme Fruirouge. « Sur les 150 camping-caristes que nous recevons chaque année, près d’un quart sont devenus des habitués », précise Camille Olivier. Pour certains, l’étape à Concœur est désormais inscrite dans leur road-trip, histoire de faire le plein de confitures et autres produits issus des vergers. La ferme Fruirouge propose également à ses visiteurs une visite avec dégustation commentée, mais là aussi, rien n’est obligatoire. Et de l’aveu de Camille Olivier, « 95 % d’entre eux la prennent, et font quelques achats. Bien souvent, les voyageurs ont à cœur de payer un petit quelque chose, pour le service ». Mais pour Camille Olivier, c’est avant tout la notion d’échange qui prime.

Échange et partage

Accueillir des visiteurs sur son exploitation est en effet un moyen de s’ouvrir sur les autres. Au-delà d’offrir l’hospitalité, il s’agit aussi pour les accueillants d’ouvrir les portes de leur vie, de faire connaître leur métier, leur savoir-faire… leur territoire. Et sur ce plan, notre région a bien des choses à offrir : la Côte de Nuits, bien sûr, avec ses paysages, ses terroirs et ses vignes… et du côté de Saint-Julien, la proximité avec la capitale des Ducs de Bourgogne et son patrimoine. « Certains touristes laissent leur véhicule sur la ferme et prennent le train à la gare, située à 10 minutes à pied, pour aller visiter Dijon », indique Véronique Saudemont toujours prête à partager les bons plans. Un aspect que les voyageurs ne trouvent pas ailleurs. Et c’est sans aucun doute ce qui séduit et qui, pourquoi pas, va susciter des vocations. En effet, Véronique Saudemont n’exclut pas, une fois sonnée l’heure de la retraite, partir elle aussi à son tour parcourir la France à bord d’un camping-car.