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Élevages allaitants

Ça va bouger à la rentrée

Une réunion syndicale s’est tenue la semaine dernière dans l’Auxois. De nouvelles actions se préparent pour tenter de sortir du marasme.
Par Aurélien Genest
Ça va bouger à la rentrée
Des rencontres avec l’aval vont être programmées à l’automne.
La crise perdure dans le monde de l’élevage. La FDSEA de Côte d’Or estime à 10,6 millions d’euros le préjudice annuel de la chute des cours, soit un montant moyen supérieur à 8 000 euros par exploitation. Un rendez-vous syndical était organisé mardi 2 août à Clomot près d’Arnay-le-Duc, au Gaec du Charmoy chez Dominique et Michel Boulmier. Le témoignage des deux éleveurs allaitants a permis d’illustrer les difficultés rencontrées au quotidien, en présence notamment de Jean-Pierre Fleury et Dominique Guyon, présidents respectifs de la Fédération nationale bovine et de la commission Bovins viande de la FDSEA.

Manque de soutiens
Les prix décrochent, les aléas climatiques et sanitaires se multiplient : la situation est rude pour tout le monde. «Il y a quelques années, lors de crises agricoles, tous les partenaires se mettaient autour de la table afin d’abonder une enveloppe qui était à redistribuer équitablement» se rappelle Michel Boulmier, «cette année, pour le Fac, notre situation n’a rien coûté à la banque car nous ne lui avons rien demandé tellement c’était compliqué. Nos coopératives et les privés, eux, n’ont qu’un souhait : équilibrer les comptes de leur exercice». Michel Boulmier regrette le «nouveau mode opératoire» de ces derniers : «que ce soit pour commercialiser les bovins ou les céréales, le prix est établi après livraison lorsque l’opérateur en amont a rendu son verdict. Il n’y a ainsi rien à craindre ! Nos partenaires vont bien et nous, nous allons mal. Nous souffrons de la concurrence entre viandes que nous impose la grande distribution. Les consommateurs changent aussi leurs méthodes et après les végétariens, les végétaliens, voici les végans auxquels les médias accordent beaucoup trop d’importance».

«L’aval» aux abonnés absents»
Jean-Pierre Fleury s’est dit très en colère de cette situation de marché : «L’avenir manque cruellement de lisibilité, les prix manquent eux de reconnaissance... Nous sommes réunis aujourd’hui sur une exploitation remarquablement bien gérée, censée bien tourner. Néanmoins, les problèmes sont importants. C’est dire les difficultés que l’on peut retrouver un peu partout ailleurs». Le président de la FNB déplore les difficultés des éleveurs  adhérant à leur groupement et «ne retrouvant pas leur compte» pour autant : «je m’attends à ce que l’on trouve des situations désespérantes cet automne. Nous avons globalement un aval qui est aux abonnés absents. Tout le monde gère ses flux, ses marges. Que les animaux soient à 4,5€/kg ou 3,5€/kg, les marges fonctionnent de la même façon. Nous aurons prochainement une explication avec l’aval, en l’occurrence tous les groupements et entreprises qui fournissent les grandes surfaces. Nous nous dirigeons vers un ultimatum». Jean-Pierre Fleury rappelle la hausse annuelle de productivité de 2,5% des élevages depuis une vingtaine d’années  : «ce taux est impressionnant et irréalisable dans les autres secteurs professionnels. Les éleveurs ont été au rendez-vous de la productivité. Maintenant, on parle de compétitivité, on leur demande de travailler pour moins cher. À un moment donné, le discours devient incohérent. Il faut avoir une discussion sur la restructuration des exploitations et la structuration des filières. On ne peût pas continuer dans un modele qui perd sans cesse de la valeur». Pour Dominique Guyon, il faut «taper plus fort», compte tenu que les prix n’ont pas bougé «d’un poil» ces derniers mois : «3,30€/kg pour une vache R+, ce n’est pas du travail, il faut absolument que les prix remontent. Nous allons aller chercher 1,50€/kg, c’est la marge qui nous manque. Il y a urgence, je connais certaines situations dramatiques, qui touchent le social et l’humain».

«On doit pouvoir avancer»

Benoît Choné, agriculteur à Sussey près de Liernais, était particulièrement remonté lors de cette rencontre FNB : «Il est très usant de travailler 100 heures par semaine pour ne rien gagner. On nous vole. Je pense tout particulièrement aux opérateurs de la filière». L’exploitant de 34 ans a pris à la parole à maintes reprises pour illustrer ses propres difficultés : «un exemple parmi d’autres : j’ai vendu 18 génisses prévus à la grille il y a six mois. Sur ces 18 génisses, j’ai perdu 1 300 euros car mon groupement a décidé d’appliquer sa propre grille ! Je me bats sur ce dossier depuis le début d’année. On envoie des lettres, des mises en demeure avec la FDSEA et la FNB, mais ils ne veulent toujours pas payer». Benoît Choné tire du positif de cette réunion du 2 août : «si l’on fait ce que l’on a dit, on doit pouvoir avancer. Cette réunion avec les OP devrait nous permettre de voir où vont les marges et en récupérer une partie. Je participerai moi-même à ces rencontres, j’y tiens. Les éleveurs peuvent et doivent faire bouger les choses. Si on se serre tous les coudes, on peut faire mal. La crise est vraiment profonde et il y a besoin d’agir».

Les solutions existent
Michel et Dominique Boulmier ont listé un certain nombre de solutions qui pourraient régler les problèmes rencontrés dans les élevages : la répercussion des coûts des matières premières sur l’aliment, la disparition de la TFNB, la baisse des cotisations sociales, la maîtrise des dépenses de mécanisation, le maintien de leur secteur en zone défavorisée (impliquant le maintien de l’ICHN) et le règlement des aides Pac dans les délais.