A toute volée

Début du XIXème siècle. L'action se déroule dans le village de Sermages, à quelques lieues de Château-Chinon et Moulins-Engilbert, municipalité dont il dépend administrativement. Napoléon Bonaparte vient juste d'être proclamé Premier Consul et dans les campagnes morvandelles, des préoccupations de la vie quotidienne troublent le bonheur et la sérénité de ses habitants. Ce 1er septembre 1802, le sous-préfet de Château-Chinon vient de décider de priver le clocher de Sermages de sa cloche, pour la monter à celui du chef-lieu d'arrondissement. Arbitrairement. Pourtant, que serait un village sans une cloche qui rythme les heures, les fléaux et les grâces? Entre friches et fraux, le chaos s'installe à Sermages; la nature et les hommes tournent à l'envers: les moissonneurs se rendent aux champs en hiver, la chouette hulule à la lumière du jour... Comme dans toute bonne fable, bêtes et villageois sauront unir leurs forces dans un seul but: faire revenir la cloche et que le village retrouve la paix!
[INTER]Perspective historique[inter]
Quelque peu scénarisé et allégé, le pitch du spectacle est inspiré de faits réels. En tableaux, musiques, chants, pyrothechnies, combats équestres et animations folkloriques, il retrace les heures sombres de cette spoliation qui, en réalité, dura plus de vingt ans, jusqu'à l'obtention par Sermages d'une cloche de substitution en 1821, après moultes batailles administratives et cléricales. L'essence même du [I]«sons et lumières»[i] puise dans cette authenticité historique, ce que les bénévoles d'aujourd'hui ont tiré des affres de leurs tourmentés prédécesseurs. Conté par des anciens du village, il y a un an, à Dominique Strieska, maire adjointe installée dans la commune depuis une quinzaine d'années, cet épisode lui a donné l'idée d'en créer un rendez-vous grand public (2500 spectateurs sont attendus sur les deux jours). Après des réunions d'information et d'appels à bonne volonté, une association était créée: [I]«Sud Morvan en scènes»[i] n'a eu de cesse dès lors de fédérer les mémoires et les énergies pour créer, décors, costumes, accessoires et préparer la mise en scène.
Pour ce faire, servie par un budget de 40 000 euros, l'élue et les organisateurs ont fait appel à un producteur de l'Allier, Jean-Pierre Chauvet, qui apportera le plateau technique (40 000 watts), après avoir imaginé la bande-son et écrit les trois chansons qui seront interprétées en direct par une chanteuse professionnelle. Si la légèreté et le burlesque présideront aux scènes jouées par les bénévoles, le spectacle, qui se veut familial et convivial, fera aussi la part belle à la grande Histoire, en intégrant les démonstrations équestres d'une compagnie d'amateurs lanciers polonais de la Garde impériale, basée à Chiddes. Quand les petites péripéties d'un village se fondent dans les grandeurs et les vicissitudes d'une époque...