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Cultures de printemps

Ça part pas mal

Tournesol, maïs, soja, pois... Toutes ces espèces débutent parfaitement dans le département.
Par Aurélien Genest
Ça part pas mal
Laurent Garnier, dans le canton de Gevrey-Chambertin, constate une levée homogène sur l’ensemble de ses parcelles.
L’année sera t-elle exceptionnelle pour les productions végétales ? Pour Laurent Garnier, exploitant à Épernay-sous-Gevrey, il est «bien sûr trop tôt pour se prononcer» et «tout pronostic serait bien trop risqué». Ce Côte d’orien de 58 ans reconnaît néanmoins le très bel aspect de ses parcelles pour le moment, un constat qui peut se dresser sur une très grande partie du département. Avec des conditions d’implantation presque «optimales», les cultures de printemps ont réussi leur levée et se sont visiblement inspirées de leurs voisines d’hiver, très prometteuses également. «Les terres étaient bien ressuyées, nous sommes intervenus sans endommager la structure du sol» se réjouit Laurent Garnier, «l’implantation s’est déroulée dans une terre fine après un hiver tout à fait normal. Les pluies, elles, sont arrivées juste quand il fallait, une semaine plus tard». Aucun problème de parasitisme n’est à déplorer pour le moment. Laurent Garnier surveillait tout de même l’arrivée de quelques pucerons verts, vecteurs potentiels de viroses, la semaine dernière dans ses pois et tournesols, mais rien n’était «pour l’heure inquiétant»  : «la présence de coccinelles dans les tournesols pourrait suffire à pallier l’arrivée de ces ravageurs» espérait l’agriculteur.
Quelques points noirs
Invité à citer plusieurs «imperfections» dans les cultures, Laurent Garnier pensait en premier lieu au blé d’hiver : «s’il n’a pas été aussi homogène depuis bien longtemps, des attaques de rouille jaune ont été constatées dans plusieurs variétés, comme par exemple Altigo. Les alertes du Bulletin de santé du végétal (BSV) ont été très utiles pour intervenir précocement et ne pas avoir trop de problèmes. La septoriose était également présente et s’est développée avec les précipitations. Mais là encore, la grande majorité des blés ont été traités à temps, avant les grandes pluviométries». La plus grande interrogation de Laurent Garnier concerne le colza : «je ne connais pas son pouvoir de compensation mais les fortes pluies durant la floraison ont sans doute impacté plusieurs siliques. Le potentiel pourrait être légèrement affaibli même s’il ne s’agit que de l’étage supérieur de ces siliques, qui ne fait pas partie des composantes principal du rendement».

Prix baissiers
S’il ne connait pas «la suite des événements», Laurent Garnier se réjouit au moins d’un tel début de campagne, surtout par rapport au «marasme des prix» et de leur actuelle tendance baissière. Interrogé sur les cours céréaliers et oléagineux, l’agriculteur côte d’orien reconnaissait ne pas connaître leur niveau précis à la date du 12 mai, et pour cause : «j’opte pour le prix moyen et non pour le prix ferme. Je ne suis pas attentif au marché quotidiennement. J’estime ne pas avoir assez de compétences et de temps pour travailler au coup par coup. Avec le prix ferme, c’est comme la bourse, une lecture constante des évènements s’impose... Et il y a beaucoup trop d’incertitudes sur la récolte au niveau mondial. Je suis très méfiant sur les effets d’annonce. Tout le monde donne son avis, il fait froid ici, sec là-bas, il pleut dans tel pays et cela a directement des impacts sur les prix. La FAO prévoit pour sa part une récolte record au niveau mondiale : à mon avis, elle dit cela volontairement pour brider les traders dans leurs spéculations !».
Désherbage post-levée
Pour l’aspect économique, Laurent Garnier préfère se concentrer sur la baisse de ses charges. Avec ses deux fils, l’exploitant s’intéresse depuis deux ans au désherbage post-levée des plantes et des mauvaises herbes  : «nous appliquons des micro-doses comme c’était le cas avec les betteraves. Cela nécessite des passages supplémentaires mais l’utilisation de produits chimiques est au moins divisée par trois. Nous attendons d’avoir un peu plus de recul pour confirmer la préservation des rendements. Des essais avec le Cétiom sont également dans les cartons».