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Assises de l’énergie

Ça gaze pour l’Yonne

Après la filière bois, l’éolien et la mobilité électrique, le Syndicat Départemental d’énergies de l’Yonne a choisi pour thème de ses Assises cette année, la méthanisation.
Par Dominique Bernerd
Ça gaze pour l’Yonne
Claude Boursier, vice-président de la Chambre d’agriculture et Régis Dondaine ont apporté leur témoignage sur le rôle majeur joué par l’agriculture en matière de méthanisation.
Al’heure de la COP 21 et de la fin programmée des énergies fossiles, la révolution énergétique dans laquelle nous vivons est devenue une réalité du quotidien. Le contexte en a été tracé avec le vote en août dernier, de la loi sur la transition énergétique, qui s’est fixée pour objectif de faire passer la part d’énergies renouvelables à 23 % d’ici 2020 et à 32 % à l’horizon 2030 (dont 40 % de production d’électricité d’origine renouvelable). La méthanisation est un élément clé de cette transition énergétique et l’Yonne est aujourd’hui leader en la matière en Bourgogne, avec 6 unités en fonctionnement, qui sont autant de réussites agricoles. L’atout supplémentaire du département étant d’avoir un réseau gaz important, permettant d’y injecter le méthane produit.

Des matières méthanisables essentiellement issues de l’agriculture
En lien avec la Chambre d’agriculture, la Chambre des métiers, la Chambre de Commerce et d’Industrie, l’Ademe et GRDF, un schéma départemental de la méthanisation a été dressé par le Syndicat Départemental d’Energies de l’Yonne (SDEY), avec pour ambition de conforter cette place de leader à l’échelle bourguignonne, en relevant les zones du territoire les plus favorables à de nouveaux projets. Un zonage résultant d’une cartographie croisée des ressources méthanisables, avec la liste des débouchés pour l’énergie, que ce soit par réinjection du gaz dans le réseau ou concernant la chaleur produite par cogénération. Aujourd’hui, une dizaine de projets d’installation supplémentaires sont à l’étude, situés majoritairement au nord du département, combinant à la fois la présence de gisements et la possibilité de se raccorder au réseau.
Le secteur d’activité produisant le plus de matières méthanisables dans l’Yonne, reste et de loin, l’agriculture, devenue un acteur incontournable, avec 90 % des ressources potentielles. Elle sont d’origines diverses, avec une majorité de résidus végétaux à 61 % suivies des fumiers, lisiers, pailles, grains déclassés, à 31,3 % Le reste étant constitué de déchets de l’agroalimentaire, de boues d’épuration, de déchets verts, de biodéchets ménagers ou encore, des déchets de la grande distribution. Toutes activités confondues, 2,8 millions de tonnes de déchets et matières organiques sont générées chaque année dans le département. Même si seulement 20 % de ce gisement peuvent être collectés et méthanisés, la quantité d’énergie produite d’ici 10 ans pourrait, selon l’étude menée par le SDEY, atteindre les 700 GWh, soit l‘équivalent de 40 % des importations icaunaises en gaz.

Des projets pas toujours bien acceptés
Pas toujours facile d’installer une unité de méthanisation sur sa commune, comme en témoigne Irène Eulriet-Brocardi, maire de La Ferté-Loupière : «le propre de ce type d’installation est de créer du conflit avec les riverains, qui y voient avant tout une dépréciation des biens immobiliers, des nuisances visuelles, olfactives, un trafic routier plus important, etc. Il est certain que la méthanisation n’est pas forcément perçue de prime abord comme une plus value par les voisins». Dans l’obligation d’une neutralité absolue entre les craintes de ses administrés et la volonté d’exploitants de la commune d’installer un méthaniseur sur leur ferme : «on ne peut pas faire l’économie de s’intéresser à ces projets puisqu’on est en pleine transition énergétique et qu’ils ont au moins l’avantage, même si cela a créé des conflits dans le village, d’ouvrir le débat sur cette transition, perçue parfois comme très lointaine à l’échelle de notre territoire». Autre témoignage, celui de Régis Dondaine qui, avec son frère Eric, tous deux exploitants agricoles, ont créé une centrale à méthanisation de 600 kw à Athie, dans l’Avallonnais, aujourd’hui encore, la plus puissante du territoire icaunais : «il y a 10 ans, quand nous nous sommes lancés, le procédé était encore peu connu et a véhiculé toutes les craintes, comme l’explosion, les odeurs, les nuisances routières». Ils ont du faire face à la création d’associations hostiles au projet mais ont tenu bon et aujourd’hui, les installations tournent depuis un an : «si 55 % des matières mises dans le méthaniseur sont d’origine agricole, le reste est constitué de déchets reçus de l’extérieur, mais nous nous sommes engagés à ne pas utiliser les plus olfactives, comme les boues d’épuration, afin d’éviter toute nuisance». Avec le recul, il apparaît que l’acceptation sociale de ce type d’installation passe avant tout par une grande communication, le plus en amont possible, surtout si le projet est porteur de la possibilité de chauffer une partie du hameau ou de la commune.
Directeur territorial Yonne à GRDF, Thierry Gay a pour sa part évoqué les opportunités offertes par le «gaz vert» en matière de transport : «le GNV ou Gaz Nature Véhicule, permet une réduction de 95 % d’émission de CO2 par rapport au gasoil, une réduction importante de dioxydes d’azote et il rend le moteur deux fois plus silencieux» Un projet ambitieux fixe à l’horizon 2030 l’installation de 1 400 installations d’injection, qui permettraient de faire rouler 200 000 véhicules lourds au GNV : «à titre de comparaison, un poids lourd roulant au biogaz méthane a autant d’impact environnemental à lui seul que 50 voitures électriques» Reste à implanter la première «pompe» dans le département, celle située sur le site auxerrois de GRDF n’étant pas ouverte au public.

30 bornes de charge en électricité bientôt installées

Dans le cadre du Schéma départemental de mobilité électrique, 30 bornes vont être installées à partir du 1er décembre sur l’ensemble du département. Première phase d’un projet soutenu par l’Ademe à hauteur de 157 bornes au total, sur la période 2015/2017, réparties entre :
137 bornes de charge accélérée à 9 000 € l’unité
20 bornes de charge rapide à 30 000 € l’unité
Ces bornes de charge pourront êtres couplées dans les communes, avec un totem complémentaire de services multimédia
Contrairement aux idées préconçues, un véhicule électrique peut très bien dépasser le cadre urbain pour s’adapter au monde rural, selon les études faites par le SDEY, qui démontrent que l’autonomie des véhicules, d’environ 120 km, correspond pour 85 % au trajet quotidien des français, y compris dans les campagnes.