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Luzerne

Ça bouge à Baigneux-les-Juifs

La SCA de déshydratation de la haute Seine affiche de belles ambitions pour les mois à venir.
Par Aurélien Genest
Ça bouge à Baigneux-les-Juifs
Pascal Guérin, Jean-Luc Longechamp, Didier Robin, Nicolas Porcherot et Pascal Géliquot, réunis la semaine dernière devant l’usine de déshydratation.
Plusieurs réunions, dont l’assemblée générale annuelle, viennent de se succéder à la société coopérative agricole de déshydratation de la haute Seine. Ces rendez-vous ont notamment permis d’accueillir et d’échanger avec Jean-Luc Longechamp, nouveau directeur de l’usine de Baigneux-les-Juifs. Ce Jurassien âgé de 50 ans et ancien directeur financier de Terre Comtoise va participer activement à la «réorganisation» de la coopérative.

«Maintenance préventive»
Un plan d’investissement sur quatre ou cinq ans sera prochainement mis en place pour améliorer le fonctionnement de l’outil. «L’idée première est de s’équiper et de s’organiser pour mieux faire face à d’éventuelles pannes de machines, particulièrement handicapantes lorsque celles-ci surviennent, aussi bien lors de la récolte que lors de la déshydratation. Nous voulons être davantage dans l’action, et le moins possible dans la réaction. Nous pouvons appeler cela de la maintenance préventive, au service de nos adhérents», indique Jean-Luc Longechamp. Un deuxième projet vise à rendre autonome la deuxième ligne de séchage du site. «Nous l’avons remise en route il y a trois ans, mais celle-ci rejette sa production dans les presses. Cette séparation des lignes sera source de performances. Ce travail s’effectuera dans un second temps», annonce pour sa part Didier Robin, le président de la coopérative.

Promesse d’un bel avenir
Baigneux-les-Juifs est la dernière des seize usines de déshydratation en France à appartenir exclusivement à des agriculteurs. «Dans les autres structures de l’Hexagone, de grands groupes sont systématiquement rentrés dans le capital. Ce n’est pas le cas chez nous. Baigneux, c’est 100% adhérents et 100% biomasse, cette caractéristique nous est chère», poursuit Didier Robin. Le plan protéines national devrait permettre de pérenniser l’outil, selon le nouveau directeur : «la luzerne revient sur le devant de la scène. Si la Région met les moyens dans ce plan, la luzerne deviendra encore plus attractive. Les producteurs trouveront un plus grand intérêt à opter pour cette culture. C’est une grande chance d’avoir aujourd’hui cette usine de déshydratation. Une chose est sûre, il ne s’en refera plus à l’avenir, cela coûte bien trop cher. Des sommes de 10 à 20 millions seraient alors nécessaires. De plus, les agriculteurs devraient reprendre des parts de l’ordre de 350 euros de l’hectare, ce n’est pas rien». Didier Robin rappelle que la coopérative facilite la conversion de nombreuses exploitations en agriculture biologique : «j’y suis moi-même passé en 2015. Sans l’usine, je ne sais pas si je me serais lancé. Nous avons désormais 800 ha en luzerne bio, soit la moitié de nos surfaces en production. L’an prochain, les surfaces AB seront majoritaires, car nous avons pas mal d’hectares actuellement en C2. La luzerne représente également un solution intéressante face aux nombreux problèmes d’insectes rencontrés dans le colza». La SCA prévoit de dépasser les 2000 ha de luzerne à moyen terme. De nouveaux débouchés voient déjà le jour avec la relance du sainfoin. D’autres projets sont également dans les cartons.

Une nouvelle sécheresse ?
L’actualité de la coopérative, c’est aussi et surtout la fin de la première coupe de luzerne. Débutée le  7 mai, celle-ci s’est achevée le 27 juin, avec près de 1600 ha fauchés pour un peu plus de 5 000 tonnes de matières sèches récoltées. «Ce résultat est plutôt moyen», commente Didier Robin, «nous payons un début d’année tardif et les conséquences de faibles précipitations. Nous avions près d’une tonne de plus à l’hectare l’an passé à la même date, mais la sécheresse est vite arrivée. Par la suite, nous n’avions presque plus rien récolté. Avec le temps actuel, nous craignons logiquement une nouvelle sécheresse. Heureusement, la deuxième coupe est déjà bien avancée, et avec les 20 mm tombés le week-end des 22 et 23 juin, nous espérons faire un peu plus de volumes que lors de la deuxième coupe de 2018. Nous en saurons davantage fin juillet».

Dominique Garnaud salué

Réunie le 14 juin en assemblée générale, la SCA de déshydratation a fêté le départ en retraite de Dominique Garnaud, chef de l’usine depuis 1996. Son parcours professionnel a été retracé à cette occasion. L’activité de la coopérative s’est considérablement développée durant son exercice : le volume de produits finis a plus que doublé en 23 ans, passant de 11 000 à près de 25 000 tonnes aujourd’hui, avec une grande diversification de la production. La main d’oeuvre a suivi cette tendance, avec 25 équivalents temps plein actuellement, contre onze, seulement, en 1996. Production phare à Baigneux, la luzerne est désormais récoltée sur près de 1 600 ha, sur les terres de 280 adhérents dans un rayon de 40 km. «L’usine tourne désormais 4000 heures par an, 1800 heures sont exclusivement consacrées à la luzerne», indique Dominique Garnaud. Un bel avenir est réservé à cette culture ainsi qu’à sa déshydratation, selon le néo-retraité : «la luzerne est bien placée pour répondre à toutes les problématiques agronomiques et environnementales que nous connaissons aujourd’hui en agriculture. Elle est bénéfique pour les sols, les animaux, elle est en capacité de résoudre les problèmes rencontrés dans les cultures de colza. La luzerne est une très bonne tête de rotation et la déshydratation est un bon moyen de la valoriser. Notre secteur connait de plus en plus de conversions en agriculture biologique, c’est un autre avantage». Didier Robin salue la carrière de ce Jurassien d’origine (comme son successeur), aujourd’hui de 62 ans  : «Dominique Garnaud a mené à bien notre outil et son implication a permis de s’orienter dans de nouvelles filières comme celles du bois et de la luzerne en brins longs. Dominique Garnaud a été omniprésent dans nos actions, nous pouvions constamment compter sur lui. Sa vision stratégique a permis de pérenniser notre structure, quand d’autres ont dû fermer la porte ces dernières années un peu partout en France. Qu’il en soit chaleureusement remercié».