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Atteinte aux biens

7 651 vols en un an dans les exploitations agricoles

7 651 vols ont été recensés en France dans les exploitations agricoles en un an par les services de gendarmerie. Tronçonneuses, outillage, fuel, tracteurs, rien n’est oublié. Des vols qui sont sans doute moins le fruit du hasard que de bandes organisées. Celles-ci ciblent leur butin probablement pour répondre à des commandes. Les GPS et autres systèmes d’autoguidage sont aujourd’hui particulièrement recherchés.
Par Jean Dubé
7 651 vols en un an  dans les exploitations agricoles
Les agriculteurs ont 35 % de plus de chances de se faire voler entre juillet et août qu’entre décembre et janvier. Les matériels sont plus souvent sortis des hangars, les exploitants sont occupés par les travaux des champs et sont donc moins présents dans
En 2014 la gendarmerie nationale avait sur sa zone de compétence comptabilisé plus de 11 000 plaintes pour vol. À partir de 2015 - et 9 839 cas de vols recensés - les chiffres s’améliorent, jusqu’en 2018. Mais ils se détériorent à nouveau en 2019 notamment dans certaines régions, dont l’Ouest (1). Les actions de prévention menées par la  gendarmerie ne suffisent pas. Les gendarmes soulignent la nécessité pour chaque particulier, chaque professionnel, de prendre en compte ce phénomène et véritablement sécuriser les matériels, les installations, et même quelquefois les animaux.

Seulement 30 % de plaintes
En 2015, la gendarmerie nationale avait communiqué sur les chiffres de vols dans les exploitations agricoles. En un an, ceux-ci représentaient 479 faits enregistrés avec plainte déposée. Autant dire qu’ils étaient sous-estimés, dans la mesure où beaucoup d’exploitants ne déposent pas plainte. Pour ce type de fait, on estime qu’environ 30 % des personnes seulement portent plainte (source bilan statistique, insécurité et délinquance 2018). Or pour les gendarmes, le non-signalement de faits peut être préjudiciable à l’avancée d’autres enquêtes. De plus, il est maintenant possible de déposer une pré-plainte par internet, sur le site du ministère de l’Intérieur, pour des faits dont vous êtes directement et personnellement victime et pour lesquels vous ne connaissez pas l’auteur, concernant une atteinte aux biens (vols, dégradation…). Ce qui permet ainsi d’accélérer le volet administratif de la procédure. L’Ouest est particulièrement concerné parce que le nombre de vols y est important (2) et ils y sont en forte hausse. La gendarmerie recense plus d’un vol chaque jour en Bretagne. C’était d’ailleurs une des explications de sa présence au Space cette année avec un stand qui n’est pas passé inaperçu entre les halls 7 et 8.

De 11 à 18 % de hausse en un an
Le début d’année 2019 a été très mauvais au niveau des chiffres des vols, notamment dans le Grand Ouest. Les quatre départements bretons enregistrent des variations supérieures à 10 % de 2017-2018 par rapport à la période juillet 2018/juillet 2019. Mais ce qui inquiète les services de gendarmerie, c’est aussi l’évolution de certains types de vols qui laissent penser à une criminalité plus organisée, plus structurée, et répondant à des commandes. Ainsi, ils constatent un ciblage de matériels et équipements électroniques type GPS, ou système d’autoguidage, qui n’ont rien à voir avec les vols classiques de fuel dans les périodes de hausse de prix du gasoil. Ce type d’équipements n’est pas volé pour être utilisé par le voleur, mais bien destiné à être revendu. Il est en effet nécessaire d’une part d’avoir un marché probablement à l’échelle européenne, et d’autre part d’un minimum maîtriser l’électronique et l’informatique… Ce qui n’est pas à la portée du « premier venu ».

L’été est plus favorable aux vols
Plus étonnant, les statistiques de la gendarmerie sont formelles, et ces chiffres se vérifient année après année. Vous avez 35 % de plus de chances de vous faire voler entre juillet et août qu’entre décembre et janvier. Les matériels sont plus souvent sortis des hangars, les exploitants sont occupés par les travaux des champs et sont donc moins présents dans les bâtiments. On peut aussi imaginer que les voleurs aient eux-mêmes pendant les périodes de fêtes de fin d’année d’autres points d’intérêt au moins aussi lucratifs ! Les statistiques de la gendarmerie permettent aussi de bien cerner ce phénomène des vols. Sur un seul mois en 2016 pour la France entière (source gendarmerie nationale), 53 000 «atteintes aux biens» étaient enregistrées dont 47 000 «vols sans violence». Les 650 à 700 «vols simples» mensuels dans les exploitations agricoles font partie de cette catégorie au même titre que les «vols simples sur chantier» qui sont d’ailleurs dans des proportions tout à fait comparables.

La gendarmerie totalement mobilisée
Pour les gendarmes, le message est donc clair, il faut que chaque exploitant agricole prenne conscience du risque et qu’il se prémunisse contre tout acte malveillant, et en particulier le vol. Des référents sûreté sont identifiés dans chaque gendarmerie et peuvent intervenir à la demande sur les exploitations pour identifier les points de fragilité et conseiller sur les mesures à mettre en place. Un dispositif d’alerte a aussi été mis en place avec les chambres d’agriculture et le syndicalisme afin d’alerter par SMS sur des faits de délinquance commis au préjudice de tel ou tel agriculteur et ainsi prendre d’éventuelles mesures de prévention adaptées à une situation particulière. Car le constat des gendarmes est clair : «Les exploitations agricoles sont souvent mal protégées et sont particulièrement vulnérables face à une délinquance de plus en plus mobile et organisée. Cette délinquance est attirée par les équipements coûteux mais aussi par la variété des matériels et outillages que l’on peut trouver. Le préjudice causé par l’augmentation des vols commis dans les exploitations agricoles et le sentiment d’insécurité ressenti par les agriculteurs appellent à une mobilisation et une réponse coordonnée des différents acteurs».