La semaine dernière (ou du moins une partie) a été propice pour semer. Rencontre avec Frédéric Le Grand, agriculteur à Noiron-sous-Gevrey.
Il a sorti le semoir mardi en fin d'après-midi, la semaine dernière, après une longue, très longue attente. « Enfin ! Nous pouvons semer, la météo le permet », confiait Frédéric Le Grand, au volant de son tracteur, « les champs sont limites, sales par endroits et de la terre colle sur le matériel mais tant pis, il ne faut pas faire le difficile, les semis de moutarde c'est maintenant ! Le 20 octobre est passé depuis trois jours, c'est vraiment le dernier carat, à mon sens, pour semer de la moutarde dans notre région. Je prends même déjà un petit risque ». L'exploitant de Noiron-sous-Gevrey se rappelait la « complexité de la météo » et les exigences de la culture : « l'excès d'eau nous bloque sur pas mal de choses, depuis longtemps. C'est simple : il pleut depuis un an sur nos terres qui sont déjà assez humides, à la base… Je n'avais jamais vu ça. En 1993 et même 2019, c'était déjà très particulier, mais pas à ce point. Le risque, en semant tard, est d'avoir une croissance trop lente, qui engendre des risques plus importants de gel durant l'hiver. Nous semons d'ordinaire entre 5 et le 10 octobre, mais nous avons repris 60 mm à cette date. Tout était noyé et il a fallu attendre jusqu'à aujourd'hui ».
Il n'y a plus qu'à
Les 57 ha de moutarde du Gaec de la Sans Fonds sont normalement semés depuis vendredi dernier, l'agriculteur estimait à 25 ou 30 heures le temps nécessaire pour implanter sa culture. Après un rendement final de 14,5 q/ha cet été, le Côte-d'orien a réalisé sa plus belle marge avec la moutarde et espère en faire autant lors de cette nouvelle campagne : « je crois en la moutarde, c'est une culture emblématique de notre région, elle mérite qu'on lui apporte tous les soins possibles. Et elle le vaut bien ! Comme tous les ans, le mélange de variétés qui a été semé a une nouvelle composition, il évolue constamment en fonction des retours d'expériences et des essais menés ». Frédéric Le Grand espérait un prolongement du beau temps pour semer, dans la foulée, son orge d'hiver et son blé : « l'orge, cela devient urgent là aussi, il ne va pas falloir trop tarder même si semer fin octobre, cela m'est déjà arrivé sans trop de conséquences par la suite. Le blé peut attendre davantage, mais quand même… De toute façon, les terres concernées sont encore trop humides pour pouvoir y accéder, au moment où je vous parle. Il faut encore attendre ».
Positif en maïs
L'agriculteur avait réussi, la semaine précédant son semis de moutarde, à récolter son maïs : « le rendement est bon avec un résultat de 110-120 q/ha. Il n'est pas exceptionnel non plus, comme il l'était lors des années 2014, 2017 ou encore 2021, mais nous allons largement nous en contenter. La production se destine, pour notre part, à notre élevage porcin. Les dégâts dans les parcelles ont été limités car, heureusement, nous sommes relativement bien équipés en pneumatiques ». Président du syndicat des irrigants de Côte-d'Or, Frédéric Le Grand se réjouit, « quelque part » du calme de cet été : « il n'y a pas eu la moindre réunion de crise, il faut voir le positif. En 2022 et 2023, nous avions des rendez-vous chaque semaine, la situation était préoccupante mais totalement inverse de celle d'aujourd'hui… D'ailleurs, je pense et j'en suis même persuadé : nous avons rattrapé tout le déficit hydrique de cas quatre dernières années. Il est dommage d'être constamment dans l'excès ».