Vigne
Le mildiou a fait des ravages

Christopher Levé
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Avec les pluies régulières depuis la fin de l’année 2023, les maladies ont davantage tendance à se développer. Dans les vignes, le mildiou fait d’importants dégâts cette année. Dans l’Yonne, 80 % du vignoble est touché, ce qui aura forcément un impact lourd sur la récolte.

Mildiou
80 % du vignoble icaunais est touché par le mildiou.

« C’est une saison compliquée, vraiment galère », résume Louis Moreau, viticulteur à Beine. Ce dernier l’assure, « cela fait 30 vendanges que je fais au domaine, on a connu des années compliquées comme 2016 ou 2021, mais là, je n’ai jamais vu ça… C’est, selon moi, l’année la plus compliquée pour les viticulteurs. C’est juste dantesque. Où est-ce que cela va s’arrêter ? », s’interroge-t-il.
De la pluie, du gel, de la grêle, encore de la pluie, encore de la grêle… C’est un cycle sans fin qui dure depuis octobre 2023. « Encore le week-end dernier (celui du 20 et 21 juillet), on a pris entre 40 et 70 mm d’eau suivant les secteurs, voire de la grêle dans certains endroits. Si on fait le cumul, on arrive à plus de 100 mm d’eau en juillet. Cela ne s’arrête jamais », continue Louis Moreau. Et depuis notre rencontre, le jeudi 25 juillet, la pluie est à nouveau tombée dans le département ces derniers jours.
Aujourd’hui, Louis Moreau l’affirme, « personne n’est épargné. Pour les viticulteurs bios, c’est compliqué depuis un moment (la pluie a notamment lavé les produits de traitements autorisés, ndlr). Les conventionnels ont fini par aussi décrocher (le domaine Louis Moreau est en bio sur la partie Premier Cru et Grand Cru, ndlr). Alors, certes, désormais on arrive dans une phase un peu moins sensible, la vigne a bien poussé, les grappes aussi, on est plus vers la fermeture de la grappe, mais les grappes ont été touchées. Cela dure depuis début mai, avec une pression vraiment forte du mildiou. Aujourd’hui, 80 % du vignoble est touché, ce qui est énorme. Les vignes sont tachetées de partout, avec plus ou moins d’intensité ».

Vers une demi-récolte

L’impact sera alors lourd pour la récolte, avec tous ces aléas climatiques cumulés à la maladie. « On n’ose pas trop dire de chiffres mais je pense que l’on va vers une demi-récolte, soit 30 hl/ha quand on aurait pu faire 60 hl/ha, peut-être 40 hl/ha dans les secteurs moins impactés. Mais on n’ose pas se prononcer car on ne sait pas ce qui va se passer d’ici la récolte, qui sera tardive, autour du 15-20 septembre pour les vins tranquilles (une semaine avant pour les crémants). Pour le moment, on essaye de sauver ce qui peut être sauvé », confie Louis Moreau.
Le viticulteur reste toutefois optimiste quant à la qualité. « On peut encore sortir un beau millésime. Il y aura des petites cuvées mais elles peuvent être jolies, je l’espère. Il faudra toutefois être sévère pendant les vendanges, bien travailler, bien trier pour ne garder sur le meilleur ».
Une gestion de stock va donc commencer pour réussir à passer cette saison sans trop d’encombre. « On en a encore (du stock) pour le moment. On ne sera pas pénalisé tout de suite sur cette récolte mais entre 2025 et 2026. Il faut espérer pouvoir remédier à ce trou d’air les prochaines années. Le VCI fait sur l’année 2023 va nous aider, c’est un très bel outil qui permet d’aider à traverser un coup dur. Mais je pense qu’il faut aller encore plus loin car là on sait qu’on devra repartir de zéro l’année prochaine, on sait qu’on va épuiser tout le VCI. Il faudrait pouvoir construire un deuxième outil de réserve professionnelle que l’on constituerait lors de beaux millésimes comme 2023 en est un bel exemple ».
Quand on voit de tels changements climatiques d’une année à l’autre, avec un si grand écart annoncé entre la récolte 2023 et celle de 2024 à venir, il serait, en effet, plus qu’intéressant d’y réfléchir…