Taille de la vigne
Une étape essentielle et déterminante

Christopher Levé
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Avec le changement climatique et ses aléas de plus en plus fréquents et impactant, l'étape de la taille de la vigne est plus que jamais essentielle et déterminante dans la culture de la plante. Explications. 

Taille
En réaction aux aléas climatiques de plus en plus réguliers, les viticulteurs ont tendance à tailler leurs vignes plus tard, jusqu'à début avril, pour que la plante gagne en résistance.

Le monde de l’agriculture et de la viticulture subit chaque année de plus en plus les effets du changement climatique : hausse des températures, sécheresses, épisodes de gel intense, grêle destructrice… Alors, les professionnels n’ont d’autre choix que d’adapter leurs pratiques.
En vigne, la taille qui a toujours été une étape essentielle dans la culture de la vigne, est devenue, plus que jamais, déterminante pour le développement et la résistance de la plante aux aléas climatiques. « Avec le changement climatique, la vigne débourre beaucoup plus tôt », assure Jean-Baptiste Thibaut, viticulteur à Quenne.
À cela, les pratiques de taille évoluent afin de ralentir ce phénomène. « Avant, on avait tendance à tailler relativement tôt, en novembre-décembre. Désormais, les tailles tardives sont souvent privilégiées face au débourrement qui est de plus en plus précoce et rend la vigne sensible au gel ».
Pour la petite leçon d’histoire, il faut savoir qu’il y a un siècle, les viticulteurs commençaient à tailler après la Saint-Vincent, soit début février, jusqu’à début avril. « Puis, il y a une quinzaine d’années, lorsque les risques de gelées étaient moindres, les viticulteurs ont fait le choix de commencer à tailler plus tôt (novembre/décembre). Et cela se terminait en mars ».
Cependant, les accidents climatiques des dernières années, surtout les gelées d’avril 2021, on fait changer les pratiques des vignerons. « On est revenu à une taille plus tardive. Aussi, on a tendance à tailler les parcelles les plus sensibles, comme celles en bas de vallée, à la fin, à partir du 15 mars. Cela permet d’accroître au maximum leur résistance au phénomène de gel », explique Jean-Baptiste Thibaut.

Différents types de taille

Pour ce dernier, le respect des dates de taille est important. « Si on taille trop tôt, la vigne à tendance à débourrer. Mais si on attend trop longtemps, et que la végétation a déjà commencé à pousser, le pied gagne en vigueur, ce qui l’affaiblit. Il faut donc trouver un juste milieu entre tout cela. C’est un peu un numéro d’équilibriste », sourit-il. « C’est pour cela que je fais plusieurs types de taille, pour ne pas mettre tous mes œufs dans le même panier ».
Dans le Chablisien et l’Auxerrois, il y a deux grands types de taille : la taille dite « Chablis », aussi appelée Guyot double, et la taille Guyot simple. « Le principe est simple. Dans le premier cas, on laisse deux coursons et deux baguettes, dans le second cas on ne laisse qu’un courson et qu’une baguette. Là, l’idée, est de ne pas éplucher tout de suite, ce qui fait qu’il y a plein de bourgeons sur la baguette, ce qui ralentit le développement de la vigne (car cela lui demande plus d’énergie) ».
L’épluchage n’intervient ensuite qu’en avril. « Il faut savoir qu’en Guyot simple, on peut aussi laisser dans un premier temps deux baguettes. On en coupera ensuite une un peu plus tard, une fois les risques de gel passés, ce qui permet, là encore, de ralentir le débourrement de la vigne. Et s’il gèle, cela laisse un potentiel de taille plus important », conclut Jean-Baptiste Thibaut.

J'ai testé pour vous, la taille de la vigne

La taille de la vigne est certainement la tâche la plus technique de l’année, dans la culture de la plante. Alors, pour mieux comprendre la technicité, je me suis rendu dans les vignes de Jean-Baptiste Thibaut, muni d’un sécateur, et je me suis mis le temps d’un instant dans la peau d’un ouvrier viticole. Bien sûr, sous l’œil avisé du professionnel m’expliquant comment procéder. Une expérience partagée en vidéo, à découvrir sur notre site internet, agribourgogne.fr.