Solidarité
Du matériel médical partagé pour les personnes âgées ou dépendantes

Fabrice Borowczyk
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Venu de Scandinavie et du Canada, le partage des aides techniques est un vrai plus pour l’économie et l’environnement. Aima Autonomie en a développé le concept pour l’ensemble du département des Pyrénées-Atlantiques, avec un bel essor.

Du matériel médical partagé pour les personnes âgées ou dépendantes
Éric Bonneau directeur d'Aima et sa responsable administrative et de clientèle, Julie Larrouy. Depuis avril  2021, 1 000 aides techniques ont déjà été collectées. (Crédit photo Le Sillon)

Au cours des cinquante dernières années, la consommation de ressources naturelles et de matières premières par l’homme a décuplé. Le fait de jeter un produit après utilisation augmente, d’une part, le volume de déchets, source de pollution, et entraîne le renouvellement du recours à des ressources aujourd’hui limitées pour relancer la production de nouveaux biens. Par la réutilisation des ressources, produits et autres déchets, l’économie circulaire offre la possibilité de sortir du tout jetable. C’est dans ce cadre qu’a été créé Aima (Allons imaginer un monde d’amitié) Autonomie en 2021, dans le but de collecter et redistribuer des aides techniques à l’autonomie. Derrière ces termes on trouve, par exemple, des fauteuils roulants, des cannes, ou encore des téléphones pour non-voyants. Ces aides techniques participent à compenser une perte d’autonomie due aux aléas de la vie (accidents, dépendance…). L’augmentation du nombre de personnes âgées et la volonté de maintien à domicile au maximum des personnes dépendantes entraînent une augmentation massive d’achats d’aides techniques. Or, deux problèmes majeurs se posent. D’une part, ce marché annuel de 500 millions d’euros est pris en charge par l’Assurance maladie. D’autre part, près de 40 % des aides techniques achetées ne sont plus utilisées un an après leur acquisition. En cause, entre autres : du matériel devenu inefficace du fait de l’évolution physique de la personne âgée, ou rendu inutile par le décès de la personne.

Prêts gratuits

Contrairement à d’autres pays (Allemagne, Canada, Norvège), l’achat d’aides techniques d’occasion est très faible en France, en raison notamment de sa non-prise en charge par la CPAM. C’est là que le projet d’Aima prend toute sa valeur. Installée à Osserain-Rivareyte, près d’Orthez, l’association collecte ce matériel d’occasion pour le proposer en prêt gratuit afin d’aider non seulement les personnes dépendantes mais aussi leurs aidants. Outre sa capacité à collecter, l’autre force d’Aima réside dans la prise en charge complète de la démarche. Ainsi, l’association compte dans ses rangs un ergothérapeute qui va se charger d’analyser l’environnement complet de la personne et son ou ses aidants : état physique, environnement… Il est le point prépondérant du concept. Après avoir dressé un bilan, il formule une proposition d’équipement à la personne dépendante. « Ce n’est qu’une proposition, explique Éric Bonneau, directeur d’Aima Autonomie, la personne est libre d’accepter ou de refuser le prêt du matériel d’occasion », même si ce dernier est convaincu de l’utilité du procédé : « Il existe un nombre important de ce que le monde médical appelle les patients boomerangs. Comprenez des sorties d’hôpital mal accompagnées et qui engendrent soit un retour en hospitalisation, soit des coûts supplémentaires pour la CPAM pour y remédier. Notre objectif est justement de réduire considérablement ces dysfonctionnements. »

Objectif : 500 dossiers

L’opération qui concerne l’ensemble du département des Pyrénées-Atlantiques a été lancée en avril 2021. Actuellement, cinq points de collecte ont été mis en place, permettant la récupération de 1 000 aides techniques, dont un tiers environ a nécessité un reconditionnement. Ce dernier a été effectué au sein du hangar d’Aima, à Osserain-Rivareyte. « Cela nous a permis de prendre en charge 100 dossiers » explique Éric Bonneau. L’objectif, d’ici au mois d’août 2023, est d’atteindre les 500 dossiers. Pour parvenir à un tel succès, Aima Autonomie a pu compter sur un premier financement de 100 000 € du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques. « Cette somme nous a permis d’acheter le matériel neuf indispensable pour les usagers mais que nous n’avons pu collecter, du fait du manque d’offre », détaille le directeur. Dans son projet d’économie sociale circulaire, Aima Autonomie est accompagnée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) via le réseau Transition écologique pour l’autonomie en Nouvelle-Aquitaine (Teana) qui œuvre pour l’autonomie des personnes âgées et de celles en situation de handicap à travers l’économie circulaire des aides techniques. L’ambition de Teana est de fédérer les acteurs de l’économie circulaire, sociale et solidaire, du sanitaire et du médico-social autour de projets intégrant la transition écologique aux questions liées à l’autonomie. Ce réseau est né de la transformation depuis le 5 avril 2022 de l’Observatoire régional de l’économie circulaire des aides techniques, porté depuis 2009 par le Groupement pour l’insertion des personnes handicapées physiques (GIHP).