Action syndicale
Une mobilisation olympique

AG
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L’actuelle manifestation agricole, qui est peut-être loin d’être terminée, rentrera certainement dans les annales.

Une mobilisation olympique
Entre 150 et 200 tracteurs se sont réunis le 25 janvier près de Pouilly-en-Auxois pour former ce SOS, vu du ciel. C'était le début des hostilités, dans le 21 ! (Crédit Photo Bernard Collet pour la photo aérienne).

Alors là, celle-là, on s’en souviendra. L’action syndicale qui a commencé la semaine dernière en Côte-d’Or ne trouve peut-être pas de précédent dans l’histoire même si, de mémoire d’anciens, c’était aussi « quelque chose », en 1992. Cette manifestation de janvier 2024 est inédite au moins sur la forme, avec des images relayées en boucle sur les chaînes d’information en continu et sur les réseaux sociaux, qui n’existaient pas à l’époque. Fort du soutien de la population (9 Français sur 10), le monde agricole a initié un grand mouvement de révolte. Le ras-le-bol est « général », un petit sondage réalisé auprès de 10 agriculteurs le 25 janvier à Pouilly-en-Auxois l’illustre bien. Normes à répétition, loup, explosion des charges, contrôles incessants, manque de perspectives, une Pac qui « détruit l’agriculture », une loi Égalim qui ne tient pas ses promesses, importations trop importantes de l’étranger… : aucun sondé ne donne le même motif pour justifier sa venue. « La coupe est pleine », traduit Baptiste Colson, le président des Jeunes agriculteurs de Côte-d’Or, qui poursuit : « en temps normal, il faut le reconnaître, nous devons relancer un certain nombre de collègues pour qu’ils viennent en manifestation… Cette fois-ci, il n’y a eu aucun problème de ce côté-là ! La mobilisation est très importante, je pense que c’est du jamais vu ». « Un autre point qui en dit long », enchaîne Jacques de Loisy, son homologue de la FDSEA : « Entre un quart et un tiers des manifestants qui sont avec nous aujourd’hui ne sont pas syndiqués, c’est forcément un signe. Tout le monde est là pour faire entendre sa détresse et exprimer ses revendications sur les nombreux problèmes rencontrés au quotidien ».

Un véritable carton

Le mouvement, dans le département, a donc été lancé à Maconge, près de Pouilly-en-Auxois, avec la venue de près de 200 tracteurs pour former un « SOS » vu du ciel. Ce message adressé à la population et surtout, au gouvernement, a fait le tour de France et même un peu plus… Le cliché immortalisé par TVoxois à l’aide d’un drone a été vu plus de deux millions de fois sur la page Facebook de Terres de Bourgogne, en seulement 48 heures ! Une réunion entre les différents présidents du réseau FDSEA-JA21 s’est tenue dans la foulée pour organiser des blocages d’axes routiers dans cette même soirée. Des actions à Pouilly-en-Auxois et Arnay ont été rapidement imitées à Beaune, Til-Châtel, Saint-Marc-sur-Seine et peut-être même à d’autres endroits. Des supermarchés ont été « plus que titillés » le lendemain, notamment à Beaune et Châtillon-sur-Seine, sans oublier Semur-en-Auxois. Plusieurs actions spontanées ont été menées en parallèle, avec notamment des dépôts de fumier dans des « endroits stratégiques » selon leurs auteurs. Les annonces du Premier ministre, samedi 26 janvier, ont apaisé le mouvement mais seulement quelques heures. Le réseau FDSEA-JA avait décidé de « prendre un temps de pause afin d’analyser plus finement, avec les instances nationales, ces différentes mesures ». Un « acte 2 » semblait inévitable et celui-ci a débuté dès dimanche soir, une nouvelle fois à Arnay, Pouilly et Châtillon. Parmi les nombreuses actions menées depuis, on relevait notamment le blocage de l’usine Berthaut-Savencia par les producteurs d’Époisses qui dénonçaient le manque de rémunération du lait. Les GMS étaient notamment ciblées à partir de ce milieu de semaine. À l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ne connaissions pas encore le détail des deuxièmes propositions du gouvernement.