Manifestation
La dignité de l'agriculture

Chloé Monget
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L'appel à manifestation de la FDSEA et les JA de la Nièvre était donné pour le 26 janvier. Avec plus de 150 tracteurs et plus de 200 personnes, la profession a répondu présente avec comme mot d'ordre : la dignité. 

La dignité de l'agriculture
Plus de 150 tracteurs étaient présents pour l'appel à manifestation de la FDSEA et des JA de la Nièvre, le 26 janvier à Varennes-Vauzelles sur l'A77.

Dans la continuité du mouvement « On marche sur la tête » lancé en novembre 2023, la FDSEA et les JA de la Nièvre ont lancé un appel à manifester pour le 26 janvier. Un mouvement largement suivi par la profession venue de tout le département avec plus de 150 tracteurs et plus de 200 personnes au lieu de rendez-vous sur l’A77 à Varennes-Vauzelles. Pour cette journée, le maître mot était la dignité.

Emmanuel Bernard, président de la FDSEA 58 le martèle : « Nous pouvons faire du spectaculaire sans détruire. Et, nous devons être imaginatifs afin de montrer la dignité de nos revendications et de nos métiers ». Pour rappel les revendications étaient : assurer une juste rémunération des producteurs, sauver les moyens de production des agriculteurs, obtenir une réduction des normes, stopper la surcharge administrative et les contrôles, retrouver la capacité à s’adapter et à mener des projets dans les territoires, donner des perspectives à notre métier et donner envie aux jeunes d’entreprendre en agriculture. Emmanuel Bernard ajoute : « nous voulons vivre de notre métier, car aujourd’hui la majorité des exploitants ne se dégagent peu ou pas de revenus ». Afin de faire voir leurs revendications au grand public, un barrage filtrant a donc été mis en place, avec vérification des cargaisons des camions frigorifiques. Largement supporté par les passants à grand renfort de klaxons, le mouvement a permis aux exploitants de détailler leurs problématiques à ceux s’arrêtant pour échanger avec eux. Toujours dans une ambiance conviviale, les poignées de mains et les sourires entre automobilistes et agriculteurs ont été légion. D’ailleurs, parmi les soutiens du mouvement, les boulangers de la Nièvre avaient répondu présents pour fournir le pain lors de la pause méridionale. Nicolas Morel, président de l’Union départementale des artisans boulangers de la Nièvre, indique : « Tous les métiers sont dans le même bateau. Si c’est dur pour les exploitants, cela l’est aussi pour nous. Nous avons toujours, artisans boulangers, acheté le blé au prix fort – à la différence des grandes enseignes – afin que tous puissent vivre de leurs métiers. Sans les exploitants, nous ne serions pas là, car sans blé, pas de farine et donc pas de pain ».

Points forts

Outre le barrage filtrant de l’A77, la journée fut marquée par des temps forts, comme les prises de paroles des représentants de la profession, un rendez-vous entre une délégation agricole et la Préfecture ou encore un déplacement d’une partie du cortège vers le centre de Nevers. Ainsi, parmi les interventions, Simon Gauche et Benjamin Maillault, coprésident des JA 58, l’affirment avec émotion à la mi-journée : « la situation est affolante. Mais, nous espérons que nos actions marqueront tout le monde. Nous ne sommes pas là pour faire du mal, mais bien pour montrer que nous aussi nous avons droit à la dignité de pouvoir vivre de notre travail ». Ils poursuivent : « nous sommes là pour défendre notre département perdu au milieu de rien. Mais, il faut faire entendre aux pouvoirs publics que nous ne sommes pas rien ! ». En ce qui concernait la rencontre avec la Préfecture, Emmanuel Bernard se désole : « Nous n’attendions absolument rien, donc nous ne sommes pas déçus ». Après les discours, il fut décidé qu’une partie des tracteurs se rendent au centre-ville de Nevers, devant la Préfecture, et d’Emmanuel Bernard d’insister : « quoiqu’il arrive, c’est vous qui décidez. C’est à vous, réunis aujourd’hui, d’acter ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas ou plus ». À perte de vue dans les rues de Nevers, les tracteurs se sont pressés pour décharger fumier et autres souches devant les locaux de la MSA ou encore de la Préfecture, expressions d’un mécontentement et d’un désarroi palpables. Si l’étonnement des habitants de voir des engins agricoles en centre-ville n’était pas dissimulé, les soutiens, eux non plus, n’étaient pas cachés avec applaudissement, cris de joies, ou discussions. Après quelques heures, la décision de rentrer au point de ralliement fut décidée.

Suite aux dix annonces faites par le Premier ministre en fin de journée, Emmanuel Bernard le dit sans détour : « C’était un examen de passage pour lui, il a été recalé par la FDSEA 58. Ses annonces ne sont pas à la hauteur ». Après un vote, le blocage a été levé, mais Emmanuel Bernard précise : « tout le monde souhaite poursuivre le mouvement ». De leur côté, les JA 58 appellent aussi à continuer le mouvement(1). Une autre action était organisée le 29 janvier à Cosne, toujours sur l’A 77 avec une rencontre sur le terrain entre les exploitants, le Préfet de la Nièvre et la Direction départementale des territoires pour discuter des problématiques de la profession (accès à l’eau, prédation, lenteur administrative, etc.). D’autres actions étaient prévues tout au long de la semaine dans la Nièvre.

Note : (1) à date de l’écriture de l’article (29 janvier).

Messages du cortège (Varennes-Vauzelles et Cosne)

Discussions au coeur de la manifestation (Varennes-Vauzelles)

Vérification des cargaisons (Varennes-Vauzelles et Cosne)

Tous ensemble (Varennes-Vauzelles)

Sur le terrain (Varennes-Vauzelles et Cosne)