Distributeur automatique
Est-ce que ça marche ?

AG
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Certains agriculteurs écoulent une partie de leur production via un ou plusieurs distributeurs automatiques. Trois Côte-d'oriens évoquent le sujet.

Est-ce que ça marche ?
Mickaël Pacaut-Mimeur et son distributeur à Voudenay.

Les distributeurs automatiques utilisables sept jours sur sept et 24 heures sur 24 sont de plus en plus nombreux dans le département. Investir dans ce type d’équipement est-il pertinent ? La question a été posée à trois Côte-d’Oriens ayant un peu, voire beaucoup de recul sur ce mode de commercialisation. Mickaël Pacaut-Mimeur a franchi le cap depuis deux ans à Voudenay, entre Arnay-le-Duc et Autun. Son appareil installé au cœur de sa ferme propose des œufs fermiers et divers produits à base viande bovine, en conserves. L’éleveur est aujourd’hui pleinement satisfait de son outil, fabriqué par ses soins pour limiter l’investissement : « Les ventes sont en constante évolution. Nous élevons 249 poules et plus du tiers des œufs sont désormais vendus à l’aide de ce distributeur. Les clients viennent majoritairement du secteur mais il y a aussi pas mal de personnes de passage et même des touristes, qui n’hésitent pas à faire un petit détour par la ferme ». Mickaël Pacaut-Mimeur profite de ce distributeur pour communiquer sur ses autres produits : « nous passons tout type d’informations, notamment sur les ventes de nos colis de viande, c’est un moyen supplémentaire pour communiquer ».

Le plus expérimenté

Jérôme Lhuillier, maraîcher à Échenon, avait été l’un des tout premiers agriculteurs côte-d’oriens – et peut-être même le premier — à s’équiper d’un distributeur pour vendre une partie de sa production. C’était en 2015, ce sujet avait d’ailleurs été relayé dans Terres de Bourgogne. Des salades étaient notamment proposées dans son appareil. Aujourd’hui, la « donne » a bien changé pour Jérôme Lhuillier, qui a vu « beaucoup plus grand » avec un système de casiers : « Ce système marche très bien, beaucoup mieux que mon ancien distributeur en location qui ne permettait pas de travailler avec de gros volumes. Par le biais de cet équipement, nous vendons une centaine de produits chaque jour de l’année, nos ventes à des grossistes ont été arrêtées, nous ne faisons désormais que du détail. Ces casiers permettent d’écouler 40 % de nos légumes », informe le producteur. Des carottes, mais aussi de l’ail, des courgettes, des pommes de terre, des poivrons, des concombres, des aubergines et ou encore des oignons trouvent régulièrement preneur, selon la saison : « nous produisons 35 légumes sur l’exploitation, environ une dizaine se retrouvent dans nos casiers, selon la période de l’année. Ce mode de commercialisation est une réussite, mais il demande beaucoup de travail, environ l’équivalent d’un temps plein, il faut le savoir. La seule chose que je regrette aujourd’hui est de ne pas avoir commencé plus tôt ».

Adieu, le Chatillo’lait

Yannick Salomon, éleveur de vaches Brunes à Savoisy, avait installé un distributeur de lait sur le parking d’Intermarché à Châtillon-sur-Seine, en avril 2021. Le JA nous informe que l’activité est définitivement arrêtée, depuis le mois de juillet dernier : « Cet équipement marchait très bien à ses débuts, nous vendions jusqu’à 70 litres par jour, mais l’engouement ne s’est malheureusement pas prolongé ». Les ventes ont progressivement diminué pour atteindre la barre quotidienne des 15 litres cet été. À cette baisse de ventes se sont ajoutées bien d’autres contraintes, comme l’explique Yannick Salomon : « la DDPP m’a imposé d’aller changer le lait toutes les 24 heures, d’après une très vieille loi sur le lait. Le fait que le lait soit stocké à des températures inférieures à celle de la ferme n’est pas pris en compte, ni même notre système de nettoyage performant… Un aller-retour vers le distributeur représente 50 km : cela devenait compliqué au niveau économique. Les frais augmentaient également avec l’électricité… Pour ne rien arranger, la Direccte m’a demandé de faire certifier l’appareil, un peu comme les pompes à essence : l’idée était de certifier aux clients qu’il y avait bien un litre de lait à chaque fois… Les bouteilles étaient pourtant de cette contenance… Le coût annuel de cette certification aurait approché les 1 000 euros, donc ce n’était plus possible. La plus-value réalisée par litre de lait était d’environ 50 centimes, mais celle-ci était très vite effacée avec toutes ces contraintes. C’est dommage, surtout pour les clients les plus fidèles qui s’étaient attachés à ce nouveau service ».