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Une seconde vie

Chloé Monget
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Elsa Guillon, 23 ans, vient d’ouvrir sa boutique de vêtements de seconde main un peu particuliers.

Une seconde vie
Elsa Guillon compte sur le bouche-à-oreille, notamment, pour se faire connaître.

« Je ne voulais pas avoir de regrets » lance Elsa Guillon, 23 ans, qui vient d’ouvrir la boutique Spye à Nevers. Née à Saint-Germain-en-Laye, elle a passé toute son enfance à Nevers, mais s’est envolée vers d’autres horizons pour ses études… avant de revenir poser ses valises ici : « j’avais besoin de revenir ».

Le rêve américain

« J’ai un Master en finance dans une école franco-américaine à Philadelphie. À la suite de mon diplôme en 2020, j’ai obtenu un travail en marketing et développement dans un cabinet d’avocats à New York. Mon visa expirant, j’ai dû rentrer en France, mais ai conservé mon poste. J’étais alors soumise au décalage horaire et faisais 15 heures minuit… Cela ne pouvait plus vraiment continuer, donc j’ai choisi de chercher un emploi en France. En fait, j’ai tout lâché pour changer de vie ! ».

Durant cette période, Elsa se questionne sur son avenir : « j’avais besoin de revenir à la source. C’est pourquoi j’ai démissionné. Il fallait que je fasse quelque chose qui m’anime. Et j’ai commencé à sérieusement penser à ouvrir ma propre entreprise ». Étant passionnée de peinture depuis toute petite, et s’étant pris d’intérêt pour la mode voilà maintenant 5 ans, une idée lui vient : « pourquoi ne pas allier les deux ? ». À cela, vient se greffer un autre attachement : celui de l’écologie.

« J’ai pris conscience qu’il fallait changer nos habitudes afin de préserver un peu notre environnement. L’industrie de la mode étant l’une des plus polluante, je me suis tournée vers les vêtements de seconde main. Je les customise afin de leur donner une seconde vie et de les rendre uniques ». Pour se fournir en matière première, elle fait principalement appel aux dons, et chine aussi quelques pièces.

Lancement

Avant d’avoir sa boutique « fixe », Elsa a occupé un espace éphémère rue du commerce à Nevers durant 4 mois. « C’était une bonne manière de voir si le concept de mes vêtements allait marcher. Et, force est de constater que les clients ont été au rendez-vous ! De ce fait, je ne me voyais pas terminer l’aventure à la fin de cette expérience. Je me suis donc mise en quête d’un local, avec la personne qui partageait l’espace avec moi, Marie Wend, afin qu’elle aussi puisse profiter d’une échoppe fixe pour présenter ses sacs et sa marque (Wam). Ainsi, nous avons contacté la mairie, qui nous a proposés le 17 rue Ferdinand Gambon. L’espace est parfait pour moi afin de créer mes pièces, et il est proche de mon lieu de vie car j’essaye de faire le maximum de trajet à pieds ».

Nulle part ailleurs

Son choix d’implantation a été mûrement réfléchi. « Lorsque j’ai commencé à penser à mon entreprise, je voulais qu’elle soit à Nevers », souligne-t-elle. « C’est une petite ville qui permet de créer dans le calme. Je la résume à la plénitude car on s’y sent bien et j’ai tous mes souvenirs ici. De plus, avec l’arrivée récente de plus en plus de jeunes, je pense que mon implantation ici est tout à propos et me permet d’emboîter le pas de la municipalité qui s’investit pour redynamiser son centre-ville. À terme, je souhaite pouvoir ouvrir des boutiques éphémères dans des grandes villes, afin d’être visibles un peu partout et d’exporter les pièces de cette marque nivernaise. Mais, je tiens à tout prix à garder le siège de la création ici ».

Sans hésiter

Consciente que son âge et son parcours peuvent surprendre, elle insiste : « Mon aventure professionnelle peut paraître un peu folle, car on ne se dit pas qu’à 23 ans on peut monter son entreprise. Je pense que si on a des doutes sur son parcours professionnel, il faut se demander si dans dix ans j’aurai des regrets ? Si la réponse est oui, alors, il faut se lancer – en mettant toutes les chances de son côté évidemment et en connaissance de cause ». Elsa conclut : « Pour le moment la clientèle répond présente pour l’achat de mes pièces, j’en suis ravie car elles apportent un grain de folie aux dressings. À terme, si cela ne marche pas (ce que je n’espère pas), je me dis qu’au moins j’aurai essayé… Pas de regrets ! ».

Note : Spye : 17 rue Ferdinand Gambon à Nevers, ouvert du lundi au samedi de 10 heures à 19 heures ; fermé le dimanche. Renseignements et contact ici

La Belle Nièvre
La boutique Spye a ouvert officiellement ses portes le 23 septembre dernier.

La Belle Nièvre


Spye est estampillé La Belle Nièvre (voir TDB n° 1622, 1624, 1633, 1654, 1691) : « Ce groupement est une belle initiative pour réunir tous les artisans et producteurs autour d’une idée commune : faire découvrir les atouts de la Nièvre. En plus, cela permet de rencontrer de nouvelles personnes, ce qui est formidable pour obtenir une belle cohésion ».

Inspiration
L'une des deux pièces préférée d'Elsa (l'autre pièce étant un costume pour femme) : « j'adore les taches sur la manche, et je pense sérieusement à en faire une marque de fabrique ».

Inspiration

Pour les motifs et les couleurs, Elsa tire son inspiration de son expérience aux États-Unis : « j’ai été très marquée par le Street-Art, qui est très présent là-bas. C’est presque une institution ». Outre cela, elle a une attirance prononcée pour le Japon : « je trouve l’univers très intéressant, je ne m’explique pas pourquoi, mais cela me plaît ».

photo supplémentaire
Outre les pièces d'Elsa, les clients peuvent découvrir les sacs de Marie Wend.