Des veaux ont été tués ces derniers jours dans quatre fermes autour de Précy-sous-Thil, en Côte-d’Or. Pour les éleveurs, il n’y a guère de doute : il s’agit du loup.
On connaissait les attaques sur des moutons mais pas encore sur des veaux… Ce temps est révolu depuis quatre attaques et autant de morts dans le secteur de Précy-sous-Thil. Le premier élevage sinistré est celui de Pascal et Jean-Luc Finelle, à Roilly, le 26 avril. Un de leurs veaux a été retrouvé éventré au petit matin. Et pas un « petit calibre » : un charolais de quatre mois dépassant très certainement les 150 kg… Le comportement des vaches la veille au soir était « anormal » selon les éleveurs : tout laisse à penser que le prédateur rôdait déjà dans les parages. La deuxième attaque est survenue chez Lionel Blandin, au Val-Larrey, le 17 mai. Un veau d’une centaine de kilogrammes a été mordu au cou en y laissant la vie. La même nuit, un grand prédateur a sévi 10 km plus loin, du côté de Montlay-en-Auxois sur une pâture appartenant à Raphaël Leu. Un bovin de trois mois et 120 kg a été à moitié dévoré. Une vache a également été blessée au cou.
Quatre à la suite
La dernière attaque s’est déroulée chez Gilles Barbier à Noidan, le 19 mai, au lendemain de l’Ascension. Un veau de 150 kg a été retrouvé énuqué à 200 mètres des bâtiments. L’éleveur revient sur cette macabre découverte : « je suis sorti vers 7 heures du matin et j’ai entendu une vache meugler bizarrement : à l’évidence, il y avait un problème… Cela ne peut pas être un autre animal que le loup, j’ai déjà vu des attaques de gros chiens sur des moutons, il y avait des griffures un peu partout. Dans le cas de ce veau, seule la nuque est touchée… Parmi les attaques qui ont eu lieu dans le secteur, deux ont eu lieu la même nuit, mais l’autoroute sépare les deux parcelles. Il y a bien les ponts pour le passage des voitures, mais à mon avis, il n’y a pas qu’un seul loup… Dans l’Yonne très récemment, un taureau de plus d’une tonne s’est fait attaquer… ».
Colère et incompréhension
Gilles Barbier est forcément désabusé avec, en plus, une actualité « agricole » pleine de « bêtises » : « j’ai appris hier, comme tout le monde, que la Cour des comptes préconise la baisse du nombre de bovins : ils n’ont vraiment rien à faire de nos élevages ! Avec le loup, nous sommes malheureusement dans la même logique… ». Jean-Luc Finelle partage bien sûr le même désarroi. Pour ne rien arranger, les indemnisations ne devraient pas être au niveau escompté : « Je viens d’avoir des échos sur le sujet, de la part de la DDT. Je devrais vraisemblablement toucher 700 euros. Le veau était une belle femelle : si je l’avais vendue l’hiver prochain, j’aurai pu prétendre à 1300, 1 400 voire 1 500 euros. Je considère avoir perdu la moitié de la valeur de l’animal, sans parler des éventuelles conséquences de tout ordre que nous pouvons rencontrer derrière un tel sinistre ».
Deux attaques à Foissy : le canton d’Arnay-le-Duc est également touché par des attaques sur bovins. La commune de Foissy en recense deux : la première le 16 mai et la seconde le 21, pour deux veaux tués.
Une semaine à réactions
Les éleveurs, qui se montrent de plus en plus présents sur les réseaux sociaux et notamment sur Facebook, ont été nombreux à réagir la semaine dernière sur ces attaques de loups. Michel Baudot, de Pont-et-Massène, s’est notamment exprimé : « Cette fois, c’est chez nous ! On croit toujours que ça n’arrive qu’aux autres, loin, très loin, mais cette fois, c’est dans l’Auxois, là où le dernier loup a été chassé il y a plus de 100 cent ans ! Continuons ainsi : loups, Cour des comptes, lobbies véganes… Et l’élevage finira par tirer sa révérence pour de bon pour laisser place à des plaines de céréales – dans le meilleur des cas – ou à de la broussaille dans les zones à faibles potentiels, avec le feu pour réguler de temps à autre. Nous mangerons bientôt du steak végétal ou de synthèse, des viandes hormonées et nourries aux OGM qui façonnent les paysages des feedlots américains en lieu et place des prairies françaises hôtes de biodiversité ! Les villages reculés vont se transformer en villages vacances et ou en ruines, les mieux desservis deviendront des lotissements de maisons préfabriquées avec des aires de jeux en plastique qui remplaceront les jeux dans les cours de ferme et la découverte des animaux. Bravo à tous ceux qui pensent pour nous ! ».
Dans l'Yonne, ça ne s'arrête plus
Incroyable mais vrai : un taureau de cinq ans, pesant environ 1 100 kg, s’est fait attaquer dans l’Yonne. Julien Content, jeune éleveur de 33 ans basé Vault-de-Lugny, n’a fait que constater les dégâts le 23 mai au matin : « Je faisais mon tour comme chaque début de journée. Quelques minutes avant, j’avais déjà découvert une brebis morte dans un autre pré… Mon taureau était dans un sale état, touché surtout en haut des épaules et sous le ventre. S’attaquer à un aussi gros animal, il fallait le faire… Bien sûr, il s’agit d’un loup, j’en suis persuadé même si aujourd’hui, les expertises ne sont pas encore revenues. Un voisin avait justement aperçu un loup quelques jours plus tôt se balader autour de 8 heures du matin. S’agit-il de plusieurs loups ? Ça, nous ne savons pas. La semaine précédente, avant que le voisin n’aperçoive le loup, j’avais déjà perdu un veau de 200 kg. On espère que cela va vite s’arrêter car il y en a vraiment ras-le-bol ! ». Le jeune homme en SCEA avec Geneviève, sa mère, avait connu un premier sinistre en 2019 avec la perte d’une brebis, couplée à trois blessures d’autres ovins. L’achat de deux Patous, suite à cette première attaque, n’aura finalement rien changé, malgré le fait que ces deux chiens ne se trouvent pas dans les mêmes lots. Contacté la semaine dernière par téléphone pour ces informations, Julien Content venait d’apprendre quelques minutes plus tôt qu’une nouvelle attaque – sur brebis – était à déplorer dans sa commune…
