Chambre d'agriculture
Rendements, prix, grippe aviaire… Ce qu'il faut retenir de la session

Christopher Levé
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La dernière session de l’année de la Chambre d’agriculture de l’Yonne a eu lieu le vendredi 25 novembre, à Auxerre. Les rendements, les prix des marchés et sur la grippe aviaire font partis des points qui ont été abordés.

Session
Arnaud Delestre, président de la Chambre d'agriculture de l'Yonne.

En viticulture, « les stocks sont bas, mais la récolte 2022 est bonne voire excellente dans le Chablisien », débute Arnaud Delestre, président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne. « Dans l’Auxerrois, 2022 marque le retour à une quantité normale ».
Une question se pose, est-ce que les prix de 2021 pourront se maintenir ? « Dans le Chablisien, la demande (en vin) existe mais semble différenciée selon les segments. Les GMS pourraient accuser une perte d’habitude d’achat. De même, le segment « bouteille de plus de 15 euros » pourrait pâtir d’une relative pénurie pendant un an », indique le président. « Dans l’Auxerrois, les résultats du gel ont permis de constater que les vins pourraient être achetés plus cher. Cependant, quelle sera la demande des ménages qui doivent arbitrer dans leurs budgets les hausses de carburants, d’électricité, d’inflation en général avec des achats plaisirs qui ne sont plus prioritaires ? Et quelle sera la résistance des vignerons face à des acheteurs soucieux de retrouver les conditions antérieures du marché en revenant à des plus modestes ? », questionne Arnaud Delestre.
Si, dans le Chablisien, la parité Euro - Dollar est très favorable et des recettes supplémentaires sont potentiellement envisagées, tous les domaines n’exportent pas et les vignerons doivent faire face aux hausses de l’énergie et des matières premières (verre, capsules, bouchons). Dans l’Auxerrois, côté export, les viticulteurs bénéficient peu du changement de parité Euro - Dollar car seule une faible partie de sa production est exportée hors UE.

80 % des céréales icaunaises vendues

En grande culture, environ 80 % de la récolte icaunaise est déjà vendue, les prix attractifs d’avant moisson ayant eu un effet accélérateur. « Le prix de vente moyen du blé est estimé à 270 €/t ce qui paraît intéressant ». Une moyenne qui cache une grande diversité de situation avec des prix allant de 170 €/t à 430 €/t. « À ce jour, le blé quitte les fermes de l’Yonne à environ 305 €/t, le blé fourrager à 290 €/t, l’orge fourragère à 270 €/t, l’orge de brasserie de printemps à 350 €/t, celle d’hiver à 330 €/t et le colza à 600 €/t », détaille Arnaud Delestre. Le maïs, lui, est actuellement vendu 295 €/t environ.
Concernant les betteraves, dont la récolte icaunaise se termine, celle-ci enregistre un rendement de 58 t/ha à 18,3 % de sucre (6 t/ha ramené à 16°). « Avec une fourchette de 50 à 9 t/ha, le rendement est en dessous de la moyenne de ces cinq dernières années qui étaient de 74 t/ha à 16° (hors 2020) ». La hausse des prix du sucre vient cependant compenser l’aléa climatique. Les betteraviers viennent d’apprendre que le prix des betteraves atteindrait au minimum 40 €/t.

La grippe aviaire inquiète

En élevage, les courts aussi évoluent. « Après avoir atteint les 2,20 €/kg, le porc charcutier amorce une décrue. Le revenu dépend du coût de production au regard du prix de vente. La situation se dégrade de mois en mois », constate Arnaud Delestre. En viande bovine, la baisse du cheptel allaitant dans l’Yonne se poursuit et entraîne une offre réduite en viande. « Parallèlement, pressentant un possible sursaut du prix du lait, les laitiers auraient réformé à un rythme habituel mais conservé davantage de primipares, ceci malgré des ressources fourragères réduites en raison de la sécheresse. Cela contribue à un recul relatif de l’offre de viande qui soutient les prix ».
Au niveau de l’élevage ovin, le prix de l’agneau lourd, à près de 8 €/kg, se maintient. Quant au lait ? « La collecte nationale connaît un surcoût saisonnier précoce, ce qui est surprenant avec un troupeau laitier restreint (-2,2 % de vaches laitières en France en un an). Nous retrouvons également une ressource fromagère réduite en raison de la sécheresse ».
Des signaux encourageants du marché sont favorables aux éleveurs : la remontée de la MILC (marge ipampa sur coût total indice) à 127 €/1 000 l (point le plus haut depuis cinq ans), la hausse du prix de détail du lait/yaourt/beurre/fromage, et le maintien du prix du beurre à un niveau élevé. « Cependant, la hausse du prix du lait (+ 72 €/1 000 l) est presque intégralement gommée par celle des charges (+ 66 €). C’est donc le prix de la viande qui permet de conforter la situation globale des laitiers en France. Localement, la stratégie commerciale des laiteries et leur type de produits déterminent des écarts conséquents sur les prix du lait alors que l’impact de la sécheresse sur la récolte de fourrage constitue un facteur plus aggravant ».
Enfin, en aviculture, la situation sanitaire est inquiétante. « La grippe aviaire est maintenant présente sur tout le territoire national. L’obligation de claustration est générale y compris pour les volailles fermières ou basses-cours familiales non équipées de filet. Cette maladie est contagieuse et foudroyante. Des mesures d’exception sont prises : dès lors qu’un élevage est suspecté ou pire atteint, l’ensemble des élevages situés dans un rayon de 20 km font l’objet d’une analyse par semaine ».
Si aujourd’hui Duc n’est pas atteint, « les précautions sont prégnantes et prennent du temps d’autant que la zone de ramassage s’étend sur quatre régions administratives qui présentent chacune d’elles leurs particularités en matière de prévention et de contrôle », conclut Arnaud Delestre.