Vendanges 2023
Premier bilan des vendanges positif

Cédric Michelin
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Du Domaine Faiveley au Château Chamirey, qu’annoncent les récoltes pour le millésime 2023 ? C’est ce qu’ont voulu savoir le préfet de région, Franck Robine, celui de la Saône-et-Loire, Yves Séguy et les principaux acteurs régionaux de la filière.

Premier bilan des vendanges positif
Didier Paris (à gauche) député de Côte-d'Or, admire le processus de fermentation en compagnie du Préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté, Franck Robine (au centre), sous la supervision de Thiébaut Hubert et de leur hôte, Erwan Faiveley.

La Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB) a organisé sa traditionnelle visite régionale en Saône-et-Loire (tournante à tour de rôle avec la Côte-d’Or et l’Yonne), mercredi 20 septembre, pour faire le point sur les vendanges et laisser entrevoir ce que sera le millésime 2023 aux représentants de plusieurs ODG, de la DDT, de la Banque de France, de négociants ou d’élus à l’instar de Christian Morel, en charge de l’Agriculture à la Région. Erwan Faiveley, septième génération à la tête du négoce et domaine basé à Nuits-Saint-Georges, en Côte-d’Or, a reçu sur son site de Mercurey ce groupe de plusieurs dizaines de visiteurs. Un site de 66 hectares. « Nous venons de terminer les vendanges, précise-t-il. Nous possédons une soixantaine d’appellations différentes » dans tout le vignoble de Bourgogne. Dernier défi à relever pour le domaine, la certification bio. Pour suivre la conversion, Clément Grison, ingénieur agronome, a été embauché l’année dernière en tant que régisseur. « Nous avons récolté cinquante hectares à la main, il nous a donc fallu une centaine de vendangeurs ».

Jongler avec la chaleur

Particularité de cette récolte, l’inédite vague de chaleur de septembre. Il a donc fallu faire rentrer rapidement le raisin à une température fraîche, d’où des vendanges très matinales, voire nocturnes, mais aussi des chambres froides pour refroidir le raisin avant de le presser. « C’est l’un des enjeux du millésime, insiste le régisseur du Domaine Faiveley. Il a fallu être particulièrement vigilant et réactif ». Une canicule tardive qui a légèrement diminué les volumes et accru le nombre de degrés d’alcool de nombre de parcelles. Si la récolte s’annonce prolifique, Mercurey a particulièrement été touché par le violent épisode de grêle de mois de juillet, comme aux alentours (Bouzeron…). « Ces aléas climatiques sont de plus en plus fréquents, violents et touchent plus particulièrement la Bourgogne », se désole la directrice technique de la CAVB, Charlotte Huber. À l’heure du bilan des vendanges, Amaury Devillard, président de l’Organisme de défense et de gestion de Mercurey (ODG), au Château de Chamirey, soulève une épineuse question : celle de l’emploi saisonnier. « En quelques minutes, j’ai perdu près de 90 vendangeurs, se lamente-t-il. Je faisais appel depuis plusieurs années au même prestataire de services mais, au dernier moment, les saisonniers ont choisi de partir en Champagne ». Les vignerons de Bourgogne vont peut-être devoir s’aligner sur les tarifs champenois, lorsqu’ils en ont les moyens du moins, pour s’assurer une certaine tranquillité à l’heure cruciale de la récolte.

La question des rendements

Autre question récurrente : celle des rendements autorisés. Ce millésime s’annonce généreux dans l’ensemble et soulève la question des marchés, qui diffèrent selon chaque appellation, bien que la dynamique globale en Bourgogne soit un manque de disponibles. « Si les AOP limitent le rendement dans leur cahier des charges, les vignerons ont toujours la possibilité d’aller jusqu’au rendement buttoir, plus élevé et validé par l’INAO », précise Marion Saüquère, directrice de la CAVB. La CAVB a interpellé le Département de Saône-et-Loire sur les Zones de non-traitement (ZNT) - aujourd’hui dénommées Distances sécurité riverains (DSR) - que certaines associations voudraient voir passer à 150 mètres au lieu des 10 actuellement en vigueur. Mais la question sanitaire de la flavescence dorée et des traitements obligatoires prévus dans la loi, questionnent les professionnels. Pour Frédéric Brochot, vice-président du Conseil départemental en charge de l’Agriculture, il faut maintenir la distance actuelle et ne jamais reculer au-delà, comme le souhaitent les associations environnementales.

Flavescence dorée

Alors que le nombre de cas de flavescence dorée dans le sud du département semble exploser, les professionnels, accompagnés de la CAVB, de la Fredon BFC et du Service régional de l’alimentation (SRAI), renforcent le dispositif de prospections précoces sur les nouvelles communes contaminées. Elles visent à identifier, analyser et éliminer les pieds potentiellement atteints afin d’en limiter la dissémination. Mais les foyers remontent toujours plus au nord (Côte-d’Or et Yonne sont touchés) et le dispositif coûte toujours plus cher en termes de temps pour les vignerons qui font la prospection et pour les partenaires impliqués. Ces équipes sont en partie financées par l’État et la profession (CAVB – ODG/BIVB) via un appel de cotisation obligatoire qui varie selon les années entre six et dix euros/hectare. Cette année, la profession a dû augmenter sa cotisation pour amplifier le dispositif de lutte et le nombre de prélèvements et d’analyses. Les collectivités territoriales participent également, la Région à hauteur de 70 000 € et le Département 20 000 € (la CAVB demande 10 000 € de plus). À la fin de cette visite, profitant de la présence de différents représentants de l’État, les professionnels de la filière ont interpellé le gouvernement sur la question des transmissions d’exploitation dont la valeur foncière explose, en raison notamment d’une spéculation tous azimuts, surtout au nord de la Saône-et-Loire. Dans son rapport sur ce sujet, le député de la Marne, Éric Girardin, propose de se tourner vers le pacte Dutreil et d'« harmoniser la fiscalité applicable à la transmission à titre gratuit des biens loués par bail à long terme sur le dispositif applicable aux transmissions d’entreprises », comme le rappelle le président de la CAVB, Thiébaut Huber. La CAVB demande une exonération de 75 % sans plafond mais elle formule aussi une autre proposition, celle de « porter l’exonération à 85 % en contrepartie d’un engagement d’affectation des biens à l’exploitation pendant au moins 18 ans, ou encore augmenter l’abattement de droit commun pour les donations entre vifs, effectuées avant un certain âge ».