Jeunes agriculteurs de BFC
AG des JA BFC

Séverine Vivot
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Les Jeunes agriculteurs de Bourgogne-Franche-Comté ont tenu leur assemblée générale le 15 avril à Besançon. Quatre invités sont intervenus lors d’un débat sur les impacts du contexte géopolitique sur l’agriculture régionale.

AG des JA BFC
Les intervenants de la table ronde.

S’exprimer sur l’impact du contexte géopolitique et économique sur l’agriculture régionale, thème choisi par JA BFC, nécessitait de prendre de la hauteur mais en même temps d’avoir une bonne connaissance de la région. Le syndicat avait sollicité Christophe Richardot, directeur d’Alliance BFC (coop Dijon Céréales, Terre Comtoise, Bourgogne du Sud), Jérémy Decerle, eurodéputé La République En Marche (LREM) et agriculteur en Saône-et-Loire, Sylvain Marmier, président du comité d’orientation économie à la Chambre régionale d’agriculture de BFC et agriculteur à Frasne, dans le Doubs, et Basile Faucheux, vice-président de JA national et agriculteur dans le Loiret. Ils ont été unanimes sur la complexité de la situation géopolitique.

Difficile de se projeter

Si chacun avait à l’esprit ce qui se passe en Ukraine, et qui bouleverse tous les scénarios économiques imaginés, le plus difficile est de se projeter. « Le Parlement européen, avec le « Green Deal », a choisi de lutter prioritairement contre le changement climatique. Si la donne a changé, ne le remettons pas en cause mais ajoutons-y la souveraineté alimentaire » entamait Jérémy Decerle. « Baisser la garde sur la question de la souveraineté alimentaire, ce n’est pas sérieux » ajoutait Sylvain Marmier. « S’il est nécessaire de mettre de la hauteur dans nos propos, après tout, nous ne jouons pas nos vies au quotidien sur nos exploitations agricoles comme d’autres à 2 heures d’avion de chez nous, nous avons besoin de souplesse pour amener de la vision à nos agriculteurs ». De la vision, c’est compliqué d’en avoir et aucun économiste ne se risque à dresser des scénarios dans un contexte aussi instable. « Personne ne sait et ceux qui disent qu’ils savent mentent » a renchéri Christophe Richardot. C’est pourtant dans cette incertitude que l’on demande aux agriculteurs comme aux autres acteurs de l’économie d’avancer. L’agriculture n’a plus été au cœur des débats de façon aussi prégnante depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

« ça va tanguer, mais ça va tenir »

Des opportunités s’ouvrent au moment où la souveraineté alimentaire est de tous les discours. « Je suis plus positif aujourd’hui qu’il y a cinq ans » poursuivait le directeur général d’Alliance BFC. « Ça va tanguer mais ça va tenir. Nous aurons des tensions sur le prix des engrais, nous aurons des gros besoins de liquidités mais de nouvelles voies s’ouvrent aux agriculteurs et aux acteurs du monde agricole ». Sylvain Marmier en était convaincu : « La contractualisation sera l’alpha et l’oméga de la production agricole. On peut s’amuser à se faire peur mais on peut aussi se dire qu’on se retrousse les manches, on contractualise et on écrit un futur alimentaire positivement ». Souveraineté alimentaire, oui mais pas à n’importe quel prix. Cette idée était également partagée par les acteurs de la table ronde. « Le travail du Parlement européen sur la réforme de la Pac a placé l’agriculture européenne et française parmi les plus fiables et respectueuses de l’environnement au monde. Ne bradons pas l’environnement ni la maîtrise des prix. Le réchauffement climatique impacte en premier lieu les agriculteurs. Lutter contre lui est un postulat » expliquait Jérémy Decerle. Basile Faucheux ajoutait : « Les autres doivent faire mieux pour se mettre à notre niveau. Ne baissons pas notre niveau d’exigences car c’est ce qui fait la particularité et la richesse de notre agriculture ».

DJA : Marie-Guite Dufay s'est exprimée

Présidente du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay était présente lors de l’AG des JA régionaux. Elle est revenue sur le sujet qui a tendu les rapports entre le Conseil régional et les JA ces dernières semaines : la dotation à l’installation. « Cette dotation permet d’aider à l’installation de jeunes en agriculture. Elle sert aussi à répondre à des enjeux que peu de secteurs ont à relever. L’enjeu du renouvellement des générations, celui de l’écologie et de l’énergie. L’évolution des consommations de nos concitoyens et celui de la souveraineté alimentaire qui n’a jamais été aussi concret. Près d’un exploitant sur deux en BFC a plus de 50 ans, seulement deux départs sur trois sont remplacés en moyenne. Il existe une disparité entre les départements, 100 % de remplacement dans le Doubs contre 25 % dans la Nièvre. Dans ce contexte, la Région insiste sur la différenciation territoriale. Nous avons donc, élus agricoles et Conseil régional, réussi à obtenir plus que ce qui existait sur la dernière génération des fonds. Nous n’avons pas demandé à hériter de la gestion de la DJA. Si nous ne sommes pas d’accord sur tout, nous sommes d’accord sur l’essentiel. Nous aurons 410 installations soutenues, avec une moyenne d’aides de 30 500 € par exploitation. Ce qui est plus qu’avant puisque la moyenne était de 23 000 €. La Région va rajouter 14 millions. Je pense que vous avez compris que nous n’avons pas tous les éléments sur le second volet qui est celui de l’accompagnement des jeunes agriculteurs dans le processus d’installation. L’État ne nous donne pas de réponses concrètes sur le nombre de postes qu’il consacrait à l’installation au niveau de notre région. […] Nous ouvrirons dès juin 13 postes pour l’instruction du Feader et il y aura des postes dédiés à la DJA. L’État doit nous transférer les moyens financiers. Pour l’instant nous ne sommes pas d’accord sur ces moyens. Nous n’oublions pas l’exercice de fin de gestion pour lequel nous dédierons cinq postes supplémentaires. Au-delà de l’installation, la question du portage du foncier sera ouverte dans le courant du second semestre. Nous réfléchissons aussi à une aide pour ceux qui ne peuvent prétendre à la DJA car trop âgés ».

Présidence des JA BFC : Florent Point reconduit

À l’issue de leur assemblée générale, les Jeunes Agriculteurs BFC ont reconduit le nivernais Florent Point dans ses fonctions de président.

- Secrétaire : Thomas Lemée (21)

- Secrétaire général adjoint : Guillaume Moyot (21)

- Trésorier : Loïc Farey (25)

- Vice-présidents : Guillaume Martin (39), Étienne Vaconnet (70) et Guilain

Desnoyers (89)

- Membres du conseil d’administration : Maxime Bonnot (71) et Émilien Claudepierre (25)

- Nationaux : Arnaud Gaillot (25), Pol Devillers (25), Aurore Paillard (71) et Joffrey Beaudot (71)