Flavescence dorée
Où en est-on en Bourgogne ?
Maladie destructrice de la vigne, la flavescence dorée est installée en Bourgogne. Si elle reste, pour l'heure, contrôlée grâce à un gros travail des vignerons, on compte toutefois un nombre important de parcelles avec au moins un cep contaminé en Bourgogne, en 2023.
C’est un mal qui inquiète les viticulteurs. La flavescence dorée est bel et bien présente en Bourgogne et nécessite une attention particulière pour éviter qu’elle se propage et détruise les vignobles bourguignons.
Sur les quatre départements, c’est la Nièvre qui s’en sort le mieux, comme l’indique Charlotte Huber, directrice technique à la CAVB. « Il y avait eu de la flavescence dorée il y a quatre ans, de façon très isolée, mais on n’en a pas retrouvé récemment, ce qui est très positif. Le département reste toutefois sous surveillance », assure-t-elle.
En Côte-d’Or, le vignoble était assez préservé jusqu’à il y a encore trois ou quatre ans. « On commence désormais en voir des pieds contaminés, essentiellement à Premeaux-Prissey (où une diminution de la maladie est à noter) et à Gilly-lès-Cîteaux, et de manière plus ponctuelle sur d’autres communes de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune », poursuit Charlotte Huber.
Dans l’Yonne, la présence de la maladie est avérée depuis 2022, dans quelques parcelles, à Maligny, dans le Chablisien. « Le département est passé en « zone délimitée ». Ainsi, au lieu d’avoir un tiers du vignoble qui était prospecté annuellement (cela est en vigueur depuis les premiers cas de flavescence dorée observés en Bourgogne, en 2012, avec un développement de la maladie dans le Mâconnais, en Saône-et-Loire), tout le vignoble icaunais a dû être prospecté, dans son intégralité, en 2023 ».
Enfin, en Saône-et-Loire, des pieds contaminés ont récemment été trouvés à Rully et Mercurey, sur la Côte Châlonnaise. « Cela faisait quelques années qu’il n’y en avait pas eu dans ce secteur. Cela reste cependant des pieds isolés », assure Charlotte Huber.
Le Mâconnais, zone historique de l’apparition de cette maladie en Bourgogne, est, lui, toujours touché. « Dans le sud du Mâconnais, dans la partie beaujolaise, cela fait deux ans où la situation est très critique. Il y a eu une explosion de la maladie en 2022. Il y a un gros effort des vignerons pour essayer de contenir la maladie », confirme-t-elle. « Dans la partie nord, on a l’impression, pour la deuxième année consécutive, que la maladie régresse. Mais cela est bien évidemment à mettre au conditionnel », temporise Charlotte Huber.
En 2023, selon les données de la Fredon BFC, plus de 600 parcelles contaminées sur l’ensemble de la Bourgogne ont été recensées. Dans l’Yonne, sur les 76 échantillons relevés avec la présence de symptômes de jaunisse, 12 ont été positifs à la flavescence dorée. Pour rappel, les symptômes de cette maladie sont les mêmes que ceux du bois noir. Seul un test en laboratoire permet de les différencier.
L’importance de la prospection
Si, pour l’heure, la flavescence dorée ne semble pas se développer de manière exponentielle en Bourgogne, cela est grâce au gros travail mis en place par les vignerons. « On le voit dans l’Yonne. Sur le secteur de Maligny, il y a une double prospection qui a été proposée par les responsables communaux (des viticulteurs référents travaillant en lien avec la Fredon BFC et la CAVB pour l’organisation et la tenue des prospections, ndlr). En 2023, sur l’ensemble de la Bourgogne, 3 800 prélèvements ont été faits, lors de ces prospections, dont 585 dans l’Yonne », détaille Charlotte Huber.
Alors, comment faire pour contenir la maladie ? « D’après les experts nationaux et européens, c’est très compliqué pour que la maladie disparaisse, lorsqu’il y a des foyers. On le voit d’ailleurs dans le nord du Mâconnais où la maladie est présente depuis plus de dix ans. Dans ces cas, il y a quatre piliers de lutte contre la flavescence dorée : la prospection pour connaître la maladie ; les arrachages pour assainir ; le traitement à l’eau chaude de tous les pieds de vigne qui sont implantés dans le vignoble pour éliminer le phytoplasme dans les ceps qui pourraient déjà être contaminés afin qu’ils soient sains avant la plantation (d’après l’IFV, l’institut français de la vigne et du vin, le traitement à l’eau chaude consiste à tremper les plants de vigne dans un bain à 50 °C pendant 45 minutes, ndlr) ; et le traitement insecticide pour éliminer le vecteur de la flavescence dorée ».
Les traitements sont rendus obligatoires par arrêté préfectoral. En bio, comme en conventionnel, ils sont limités à trois par an, au maximum.
À noter qu’actuellement, lorsqu’une parcelle est contaminée à 20 % ou plus, la réglementation impose qu’elle doive entièrement être arrachée. Dans ce cas, un fonds de mutualisation nationale permet d’indemniser le vigneron pour l’arrachage et la replantation, peu importe la taille de la parcelle. Cela ne compense cependant pas la perte de récolte.
La veille reste donc accrue sur l’ensemble de la Bourgogne pour limiter la propagation de la maladie qui causerait des pertes inestimables pour les vignobles bourguignons.