Syndicalisme
En « investigation » à Dijon

AG
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Une délégation FDSEA-JA21 s’est rendue vendredi dans trois grandes surfaces dijonnaises.

En « investigation » à Dijon
Une partie des manifestants, au début de la « tournée », dans un des rayons d'Intermarché.

Intermarché, Leclerc et Carrefour ont fait l’objet d’une petite visite le 23 février, veille du salon de l’agriculture. Une cinquantaine d’exploitants FDSEA-JA21 y ont mené une « petite investigation », trois semaines après la dernière sortie syndicale dans le département. « C’était le moment de mener une nouvelle action », indique Baptiste Colson, président de JA21, « nous sommes allés voir ce qui se passe en grandes surfaces pour contrôler l’origine et l’étiquetage des produits, évaluer la part du local dans les rayons et se donner une idée de la construction du prix, en discutant avec les directeurs de magasins ». Cette action était également axée sur la communication grand public avec de nombreux autocollants destinés aux produits qui ne rémunèrent pas les agriculteurs français.

Du bon et du moins bon

La FDSEA et les JA dressent le bilan de ces trois visites. À Intermarché, si la viande en découpe est « beaucoup d’origine française », dans le bio, les produits transformés ne le sont pas. Autre remarque : des étiquettes « Transformé en France » ou « Origine France » sont légion mais ne concernent bien souvent qu’un seul ingrédient des produits… « Consommateurs, si vous souhaitez soutenir l’agriculture française, lisez attentivement les étiquettes ! », préconisent les syndicats. Chez Leclerc, les agriculteurs retiennent du « bon et du moins bon » : « des étiquettes avec des drapeaux français sont collées à des produits qui viennent de nulle part ! Mais là direction se dit ouverte à multiplier les partenariats locaux, au juste prix ». Il y avait « de tout », aussi, à Carrefour Toison d’Or, comme des « étiquettes à la limite de la tromperie, des œufs vendus très cher par rapport au prix payé producteur… Mais ici aussi, nous pouvons développer les partenariats locaux ».

 

Dans le même temps, à Paris

Productions végétales

« Nous allons travailler à perte en 2024 »

Clément Babouillard, exploitant à Ampilly-les-Bordes et président de la commission « productions végétales » de la FDSEA de Côte-d’Or, lance un cri d’alerte pour les grandes cultures : « La fin d’année dernière était déjà compliquée, mais celle qui est en cours le sera encore plus. Les marchés se sont fortement dégradés, la guerre économique que mène la Russie via les céréales nous dessert complètement. L’entrée du blé ukrainien sur le territoire européen, sans taxe ni droit de douanes, n’a rien sûr rien arrangé… Avec des cours actuels à 170 euros/tonne et des coûts de revient proches de 220 euros/tonne, nous allons travailler à perte en 2024… ». Cette situation est « très difficile à accepter », poursuit Clément Babouillard : « des fermes vont rencontrer de grandes difficultés avec des EBE négatifs, comme le confirment les centres de gestion. Certaines ne pourront même plus rembourser leurs annuités… Nous rappelons, dans ce contexte, les handicaps des zones intermédiaires comme les nôtres… Nous nous sommes battus pendant de nombreuses années pour les faire reconnaître et nous y sommes parvenus, récemment. Malheureusement, les fonds abondés à cette zone, par le biais de l’argent de la Pac, sont largement insuffisants et ne permettent pas une véritable compensation… Les zones intermédiaires sont d’autant plus fragilisées dans une telle situation. Une enveloppe digne de ce nom fait partie de nos revendications syndicales, en plus de toutes les autres mesures demandées par la FDSEA et les JA ».