Dans le Doubs
Marc Fesneau en visite dans le Doubs

Ludovic Barbarossa
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« C’est l’éleveur qui est une espèce menacée… pas le loup ! » Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a apporté son soutien plein et entier au monde agricole, le 22 octobre, lors du Super comice de Pontarlier, dans le Doubs, reconnaissant les spécificités du massif jurassien et appelant aussi à une évolution de la réglementation sur les procédures de tir.

Marc Fesneau en visite dans le Doubs
Pour le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, il était important de venir se rendre compte concrètement, du drame que constitue l'attaque d'un troupeau par un loup.

Difficile pour Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, une fois devant les représentants agricoles en mairie de Pontarlier, le 22 octobre, à l’occasion du Super comice, de ne pas avoir en tête l’image de ces deux génisses dévorées ! Une scène terrible qu’il a souhaité constater personnellement, sur place, quelques minutes plus tôt aux Pontets, entre Pontarlier et Champagnole. Avec à clé une discussion directe, sans fard, sans filtre entre lui et l’éleveur. Un peu plus tard, l’échange avec la profession agricole (dont la FDSEA, les JA et la Chambre d’agriculture 25-90), les élus et parlementaires du département, s’est déroulé à huis clos. À la sortie, le ministre de l’Agriculture ne s’est pas dérobé et s’est attardé devant une forêt de micros et de caméras. Il tenait tout d’abord à avoir une pensée pour les éleveurs. « On ne mesure pas assez la détresse et la colère provoquées par ces attaques. Elles sont un drame pour nos agriculteurs et leurs familles, drame économique bien sûr mais aussi drame personnel. Je l’ai encore constaté en milieu de matinée aux Pontets » commençait-il par expliquer.

Des spécificités du territoire reconnues

La tonalité était donnée. Mais le ministre se devait d’avancer concrètement au-delà des mots de compassion de circonstances. « Constater, dénombrer les bêtes attaquées et indemniser les éleveurs ne peut plus être la seule réponse face à cette situation. Il nous faut trouver un équilibre. Comme je l’ai indiqué aux acteurs agricoles avec qui je viens d’échanger, nous allons poursuivre le travail engagé au niveau national, comme au niveau européen, afin d’agir sur la question de la prédation et notamment celle du loup. La réglementation – je pense aux arrêtés nationaux réglementant les procédures de tir – se doit d’évoluer et d’être simplifiée dans le courant de l’année prochaine pour répondre à l’urgence de la situation. » Au passage, le ministre reconnaissait avoir pleinement conscience de la spécificité du Massif jurassien. Un territoire quelque part impossible à protéger, évacuant d’un revers de main les solutions habituelles (barrières électriques, patous…). « Que ceux qui affirment que c’est possible nous disent comment faire, qui paie… » lâche-t-il.

« Il y a trop d’attaques ! »

Et de poursuivre : « Aujourd’hui, dans certains territoires comme celui du massif du Jura, l’équilibre loup-pastoralisme n’existe pas ou plus et le pastoralisme est menacé. À travers lui, c’est la survie d’activités d’élevage utiles à la protection de notre biodiversité qui est en jeu. La biodiversité du loup n’est pas la seule qui existe. Il fait l’appréhender dans son entièreté. » Avant d’enfoncer le clou avec une phrase sans ambiguïté : « Aujourd’hui, ce n’est pas le loup qui est une espèce menacée mais bien l’éleveur. Cette situation, qui remet en question les activités même d’élevage, ne peut se résumer à des « yakafokon » de certains ou des « on ne peut rien faire ». À la question de savoir s’il y a trop de loups dans le Massif jurassien, le ministre faisait un pas de côté pour ne pas se laisser embarquer sur ce terrain glissant. « Ce n’est pas à moi de dire s’il y a trop de loups ou pas ! Je ne suis pas un scientifique. Mais ce que je sais, c’est qu’il y a trop d’attaques… »

« Rétablir confiance et dialogue »

Le ministre de l’Agriculture entend désormais avancer. Avec tous les acteurs autour d’une même table. Avec méthode et rigueur. « Rétablir la confiance et le dialogue est pour moi une priorité. Le faire en refusant les excès et en ne cédant pas aux quelques provocateurs. Le faire sans violence est aussi pour moi un impératif. Il s’agit de se faire comprendre et se comprendre pour avancer avec détermination. » Un ministre qui partait ensuite en déambulation dans les allées du Super comice, à la rencontre des acteurs du territoire, animés par la passion de l’élevage et fiers de la qualité de leurs produits…