Morvan
Le barrage des Settons fait peau neuve

Chloé Monget
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Depuis la mi-août, les ouvriers s'activent autour du barrage des Settons avec pour objectif de renforcer son étanchéité ; explications.

Le barrage des Settons fait peau neuve
La dernière rénovation lourde de l'étanchéité date de 1963.

Le lac de retenu du barrage des Settons ne passe pas inaperçu ces derniers temps, puisqu’il est à sec. En cause, les travaux de réfection du barrage. Pour y voir plus clair, un arrêt au pied de l’édifice, avec Paul Martin, chargé de suivi des travaux chez Egis, Guillaume Janin-Gadoux, directeur de travaux Vinci Construction, et Éric Cagneaux, Adjoint au chef du service Loire Sécurité Risques de la DDT 58, s’imposait.

Accord

La vidange du barrage a débuté le 16 août. Une date un peu particulière puisqu’elle engendre des conséquences non négligeables sur l’activité économique et touristique du site : « Cette date a été sélectionnée en accord avec les acteurs économiques des environs, à l’issue de deux ans de négociation. Chaque année, le chiffre d’affaires autour du lac des Settons s’élève à environ 10 millions d’euros. Pour la vie locale, cela n’est donc pas du tout négligeable. Mais, le projet requiert quatre mois de travaux au minimum, plus six mois de remplissage. Le comité de pilotage a finalement collégialement opté pour cette date du 16 août afin de réduire au maximum l’impact sur la saison 2022 et ne pas entacher la saison prochaine » souligne Éric Cagneaux.

En l’état

La dernière réfection lourde de l’étanchéité du barrage date de 1963, depuis, même si une maintenance régulière est effectuée, l’ouvrage vieillit : « nous devons refaire les enduits dans la partie non immergée du bâtiment, et pour celle immergée, poser une membrane en PVC afin de garantir son étanchéité. C’est cette pose va être l’étape la plus compliquée et chronophage pour nos équipes » stipule Guillaume Janin-Gadoux. Outre que cette technique est une première pour lui, le support et l’environnement sont également exceptionnels, impliquant donc des contraintes particulières. « En plus d’avoir un temps imparti court pour faire les travaux, nous avons en plus des obligations tant sur le plan architectural (avec l’utilisation d’un enduit bien particulier), qu’environnemental ».

Contraintes

En effet, en aval du barrage se trouve la Vallée de la Cure et sa rivière, le tout au cœur du Parc Naturel Régional du Morvan. « Toutes les précautions sont prises pour ne pas rejeter dans la Cure les sédiments remis en suspension dans le lac, car cela pourrait avoir des conséquences sur la qualité de son eau. D’ailleurs, nous effectuons des vérifications en permanence via quatre stations automatisées. Si un problème survenait nous prendrions immédiatement les mesures qui s’imposeraient – en fonction de la situation ». Outre ces considérations environnementales, le bâti du barrage doit lui aussi être rénové avec les plus grandes précautions, pour la simple et bonne raison que sa conception est très singulière. D’ailleurs, pour acter cette valeur patrimoniale, un dossier a été déposé, par la commune, il y a quelques années, auprès de la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) pour le faire entrer dans le cercle des monuments historiques.

Conception

La première digue des Settons a été édifiée entre 1854 et 1858. Puis, elle a été flanquée, entre 1899 et 1905, d’un masque Lévy (du nom de son inventeur) : un ouvrage en maçonnerie de granit et en béton armé, drainé. Ce masque a intégré la construction d’un bâtiment dominant aujourd’hui l’édifice et abritant la chambre des manœuvres des principales vannes – interdit d’accès au public. Le tout est implanté sur un socle de granit. Pendant les travaux 2022, le chantier est protégé des petites cures par un barrage secondaire de trois mètres, situé en amont. Tous ces éléments mis bout à bout font du barrage des Settons un édifice singulier. Paul Martin souligne : « Au fur et à mesure de l’avancement des travaux, nous découvrons avec une certaine émotion les différentes couches du travail des anciens. Nous sommes d’ailleurs assez surpris du bon état de conservation de quelques-unes d’entre elles ; c’est assez fascinant ».

Sécurité avant tout

Même si la structure est assez bien préservée, cela n’empêche pas les risques : « Chaque étape d’intervention sur la structure n’est pas anodine. Je pense notamment au fait que nous allons devoir traverser la base de part en part pour rajouter des drains. Techniquement cela va demander une grande prudence ». En plus de cette dernière dont devront faire preuve les 22 ouvriers présents sur le site, Paul Martin et Guillaume Janin-Gadoux martèlent : « Le site est un chantier. Il est donc totalement interdit au public d’y accéder. Il en va de même pour les voies de manœuvres situées en contrebas ». Éric Cagneaux rappelle que des bulletins d’informations existent pour suivre les différentes étapes de la rénovation et que pour toutes questions, les équipes de la DDT sont prêtes à répondre aux personnes intéressées qui les sollicitent. Le chantier devrait se terminer d’ici le 15 janvier, avant de permettre au barrage de se remplir (avec 60 % de chance, selon la météo) pour la prochaine saison.