Agronov organisait à Dijon la cinquième édition d’Ag Meet’Up, rendez-vous où les entreprises innovantes rencontrent les attentes du monde agricole. L’occasion de mieux comprendre comment se construit le lien entre ces deux mondes.

Ag Meet Up
Plus de 120 rendez-vous d'affaires ont jalonné cette édition d'Ag Meet'Up.

Depuis 2018 et sa première édition, Ag Meet’Up cultive l’ambition de permettre les rencontres entre des entreprises pas toujours au fait des réalités agricoles, mais porteuses de solutions, et cet univers agricole, confronté à des difficultés face auxquelles il n’a pas, en lui-même, les réponses. Le fait que l’évènement soit organisé par le pôle régional d’innovation en agroécologie Agronov est donc logique. L’organisme favorise la connexion des deux mondes et la cinquième édition d’Ag Meet’Up, organisée dans les locaux de Dijon Métropole le 18 octobre, permettait de mieux comprendre comment se construit ce lien. L’ouverture de l’évènement permettait à trois intervenants d’expliquer comment chacun, à son niveau, travaille afin de tirer le meilleur parti du potentiel des entreprises innovantes en agriculture ou viticulture.

Un outil pour la Chambre d’agriculture

Ainsi, Sophie Hanesse, sous-directrice de la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or et responsable du service Vigne rappelait, en introduction, la mission fondamentale de l’organisme consulaire : « être proche des agriculteurs et viticulteurs, en répondant à des problématiques de terrain. L’innovation doit y participer ». Le « réservoir » que constituent, de ce point de vue, Agronov et les entreprises qu’il fédère, est un outil pour la Chambre. « Nous étions, par exemple, confrontés à la volonté de producteurs de cassis de désherber mécaniquement leurs parcelles, expliquait Sophie Hanesse. Aucune solution technique n’existe aujourd’hui sur ce point. Nous avons donc soumis le problème à Agronov qui nous a mis en relation avec l’entreprise BC Technique, située dans l’Yonne, et qui travaille depuis deux ans sur le thème. La clé, pour nous, c’est d’être clair sur nos attentes, nous devons définir un cahier des charges précis à l’entreprise et ne jamais perdre de vue que notre métier c’est le conseil. L’expérimentation doit être au service de ce conseil… » D’où l’importance pour une entreprise qui frappe à la porte de la Chambre afin de faire connaître un projet, que ce dernier soit suffisamment abouti. « Notre rôle, c’est de valoriser une solution, de dire ce qu’on en pense, à partir du moment où elle répond à une problématique agricole ou viticole, tout en respectant une forme d’indépendance et de neutralité par rapport aux solutions qu’on présente. Pour convaincre les agriculteurs et viticulteurs, on doit, nous-même, être convaincus. D’où l’importance d’avoir en face de nous des entreprises qui ont des éléments solides ». Sans compter que, comme le rappelait Sophie Hanesse, les conseillers de Chambre doivent composer avec un public extrêmement diversifié, où plusieurs visions agricoles cohabitent, faites d’approches classiques ou innovantes.

Des projets matures avant tout

Même volonté de satisfaire des attentes diverses et concrètes pour Christophe Fouilland, responsable des équipes techniques et des appro pour la Coopérative Feder. Ici, on attend en priorité des solutions de services ou de produit pour améliorer le bien-être animal, la santé des animaux et les conditions de travail des adhérents. Mais les moyens de tirer profit au maximum de la pousse de l’herbe font aussi partie des pistes de réflexion. « Les start-up, précise Christophe Fouilland, peuvent trouver des solutions pour des besoins non couverts actuellement et apporter de la plus-value à l’ensemble de la filière. On est prêts à s’investir pour tester ces innovations mais il faut venir nous voir avec un projet suffisamment mature, ne pas nous survendre une innovation mais bien la positionner ». Enfin, troisième point de vue avec Hervé Martin, de la coopérative Dijon Céréales et du service R & D de l’Alliance BFC : « nous nous sommes appuyés sur Agronov dans le but de mécaniser la récolte de cornichons, une culture que nous souhaitons relancer en plaine dijonnaise. Pour nous ils ont sélectionné des start-up assez matures. Une seule s’est révélée prête : Touti Terre, en Haute-Savoie, qui a conçu Toutilo, un robot qui aide dans l’ergonomie de travail. Pour l’instant, cette solution ne permet pas de diminuer le nombre de personnes mobilisées, mais elle a un impact positif sur le temps de travail nécessaire. Le matériel peut être utilisé plus largement en maraîchage. Il y a un enjeu de production qui peut concerner pas mal d’hectares en Côte-d’Or ». Le représentant de l’Alliance BFC résumait assez bien l’esprit dans lequel cette relation s’intègre : « Nous sommes des incubateurs d’idées ».