Interview
Sommet de l'élevage : "Nous sommes la vitrine de l'excellence de l'élevage français"

Propos recueillis par Sophie Chatenet
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À l’aube du 32e Sommet de l’Élevage, qui va se tenir du 3 au 6 octobre à Cournon-d’Auvergne, son président, Jacques Chazalet, trace la voie d’un Salon qui a toutes les cartes en main pour devenir la référence mondiale de l’élevage durable.

Sommet de l'élevage : "Nous sommes la vitrine de l'excellence de l'élevage français"
Jacques Chazalet, président du Sommet de l'Elevage (Crédit Pamac)

Qu’entend-on par élevage durable ?

Jacques Chazalet : « Un système d’élevage durable c’est tout d’abord des exploitations à taille humaine pour des conditions de travail favorables à l’éleveur comme aux animaux. Ce sont aussi des animaux nourris à l’herbe, des exploitations « autonomes », pour des services reconnus rendus à l’environnement : préservation de la biodiversité, faible dégradation des forêts et stockage du carbone. Enfin, la durabilité dans l’élevage c’est un lien fort avec les territoires, pour des paysages ouverts, de la valeur économique et sociale, une identité culturelle affirmée. Il est d’ailleurs important de souligner que certains territoires ne seraient pas ce qu’ils sont sans l’élevage. »

En quoi le Sommet de l’Élevage est-il légitime pour promouvoir ce modèle ?

J. C. : « Il était important pour nous d’en faire notre cheval de bataille car notre événement est né et se développe au cœur du Massif central, un territoire préservé et constitué à 70 % de prairies naturelles. Un modèle d’élevage durable basé sur des pratiques vertueuses telles que le pastoralisme s’est développé dans cet écosystème. C’est donc tout l’enjeu de notre événement : faire de la dimension durable notre ambition majeure pour les années à venir et l’agriculture de demain en s’attachant à promouvoir l’ensemble des avancées en matière de préservation de la Nature et de l’Homme, tout en visant une plus juste rémunération, première des durabilités si l’on veut que des éleveurs soient encore là demain. »

Cette nouvelle édition du Sommet fait encore le plein de grands rendez-vous comme le concours national de la race limousine, mais aussi celui de la race brune. Ces « têtes » d’affiche contribuent-elles à accroître le visitorat international ?

J.C. : « Les concours d’une telle envergure attirent évidemment les étrangers. Année après année, les délégations étrangères, avec des projets d’investissements, sont de plus en plus nombreuses à faire le déplacement jusqu’à nous. Leurs centres d’intérêt varient entre la génétique allaitante, les races laitières, les petits ruminants (ovins), le matériel, les intrants, l’alimentation animale, les équipements pour le lait et les nouvelles technologies. Nos visites d’élevage sont très appréciées de nos amis étrangers. Cette année, nous avons le plaisir de mettre à l’honneur la Géorgie. Un pays qui fait face à un déficit chronique de lait et de viande. »

Pensez-vous pulvériser encore cette année le record de fréquentation ?

J.C. : « L’an dernier le salon a accueilli 105 000 visiteurs, un record ! Parmi eux, quelque 5 000 visiteurs étrangers, là aussi, du jamais vu. Nous espérons bien évidemment faire encore mieux cette année. »

Une ouverture dès le mardi 3 octobre

Pour profiter au maximum du Sommet de l’Élevage, les organisateurs invitent les visiteurs à préférer la journée du mardi 3 octobre. Quatrième journée mise en place depuis trois ans, ce premier jour vaut le détour comme l’explique, Fabrice Berthon, commissaire général du Salon : « En général, la circulation est plus fluide et le public peut davantage profiter pour échanger avec les exposants, admirer les concours ou encore participer à des conférences ».

Les cinq piliers de la durabilité

Selon la profession du grand Massif Central, la durabilité de l’élevage repose sur cinq piliers :

– Performant sur le plan économique et social : qui permet au maximum d’éleveurs de produire des aliments de qualité, d’être rémunérés par leur travail (minimum 2 SMIC par chef d’exploitation), de s’installer et d’investir, tout en bénéficiant d’un bon niveau de qualité de vie au travail et d’une bonne image au sein de la société.

– Qui tend vers les autonomies : à la fois en ce qui concerne l’autonomie commerciale (choix des débouchés et fixation des prix) et l’autonomie de production (fort taux d’autonomie alimentaire, réduction de la dépendance aux intrants et limitation maximale de l’usage des antibiotiques et des produits phytosanitaires).

– Ancré sur son territoire : via des filières créatrices de valeur qui contribuent au dynamisme économique, social et culturel du territoire.

– Qui valorise et optimise ses pratiques en matière : d’adaptation au changement climatique pour renforcer la résilience des exploitations par l’adaptation des pratiques et des systèmes. D’atténuation des émissions de gaz à effet de serre pour valoriser les atouts des haies et de la prairie naturelle comme solutions face aux enjeux du carbone. De protection de la biodiversité pour renforcer les nombreux atouts des systèmes herbagers en matière de préservation de la biodiversité. De fertilité des sols pour favoriser par les pratiques un sol fertile, structuré et vivant.

– Qui prend en compte le bien-être animal par des pratiques d’élevage respectueuses des besoins physiologiques des animaux, garantissant le lien entre l’animal et l’éleveur.