Programme expérimental « Pâturond »
Tester des alternatives

Chloé Monget
-

Le 7 juillet à Beaumont-la-Ferrière dans l'exploitation de Vincent Pommery, McDonald's France présentait son programme expérimental nommé « Pâturond ».

Tester des alternatives
La rencontre s'est faite à Beaumont-la-Ferrière afin de présenter le système AMP. Crédit photo : McDonald's France.

Afin de présenter le programme expérimental « Pâturond », McDonald’s France organisait une visite dans l’une des fermes partenaires à Beaumont-la-Ferrière le 7 juillet. Ce programme est mis en place dans le cadre de la stratégie Filières Durables de l’enseigne. Ainsi, les éleveurs partenaires mettent en place les conduites proposées en pâturage afin de constater des effets sur : la séquestration de carbone, la biodiversité, la valorisation des prairies, favorisant la rétention d’eau et la viabilité dudit système. Ce programme est effectué conjointement avec Moy Park Beef Orléans, fournisseur de steaks hachés de McDonald’s France et accompagné par l’Inrae et VetAgro Sup. Ce programme est engagé sur trois ans (2022 à 2024) et débouchera sur une thèse dont la soutenance devrait se faire en 2025.

Pâturond, qu’est-ce que c’est ?

« Pâturond » permet de comparer trois types de systèmes : le premier, avec des parcelles pâturées toute l’année (aucun temps de repos), le second avec des pâturages tournants (la même parcelle découpée en quatre parties avec des temps de séjour variant de 3 à 15 jours par partie), et le troisième sera le système AMP (ou « Adaptive Multi Paddock ») avec une même parcelle découpée entre 15 et 40 parties, où les animaux ne resteront que 1 à 5 jours. Pour tester ces éléments, la même parcelle sera suivie sur les trois années avec un lot de génisses de renouvellement (laitière ou allaitante) mis à disposition par les éleveurs partenaires. Outre l’aspect environnemental, celui de la performance ou encore la technique, le bilan économique et la charge de travail seront aussi étudiés. En effet, si le système est performant pour les premiers aspects, mais non rentable ou équilibré pour la ferme, il ne sera pas retenu pour une application nationale. Pour le moment, les résultats des expérimentations françaises ne sont pas encore connus mais une telle étude a déjà été menée aux États-Unis ou encore en Grande-Bretagne.

Détail de terrain

En pratique, à Beaumont-la-Ferrière, c’est le système AMP qui est testé dans une parcelle de 8 ha de Vincent Pommery. Celle-ci est découpée en 20 paddocks avec un chargement de 15 génisses de 18 mois pâturant deux à trois jours dans un îlot avant d’être transférées dans un autre. Vincent Pommery, l’exploitant partenaire, mesure régulièrement la hauteur d’herbe et sa biomasse, entre autres. Comme évoqué plus haut, aucun résultat définitif n’est pour le moment publié, mais l’exploitant livre déjà quelques observations. « J’ai constaté que l’an passé (première année de test de l’AMP) et malgré la sécheresse, les génisses n’ont pas été affouragées. Elles ont donc pâturé d’avril à décembre sans problème. Ceci dit, sur ces parcelles je n’ai pas pu faire de foin. Côté croissance, en période estivale, elles prennent 800 gr à 1 kg, ce qui n’est pas exceptionnel mais qui se fait sans dépense en fertilisation ou mécanisation ». Vincent Pommery souligne aussi que « comme les génisses reviennent 40 jours après le premier passage et ne restent que deux ou trois jours, l’herbe n’a pas le temps d’être totalement râpée et la montée en graine peut se faire naturellement. De plus, je note que toute la parcelle est assez hétérogène, ce qui n’est pas souvent le cas par rapport à un système de pâturage simple ». Vincent Pommery est motivé à poursuivre l’étude. « La dynamique de l’herbe m’intéresse et ce système semble pouvoir donner de la disponibilité permanente aux vaches. Cette expérimentation est donc une opportunité pour faire évoluer mon système ».

Pour la suite, « il serait intéressant de mesurer l’évolution de la biodiversité (faune et flore) sur plus de trois ans » précise-t-il. « C’est un travail touchant diverses thématiques qui font partie des pistes de réflexion pour faire évoluer nos pratiques et adapter nos conduites aux variations climatiques ».

Réaction syndicale

Pour Emmanuel Bernard, président de la FDSEA 58, ce programme est louable. « McDonald's a déjà eu des initiatives concernant le bien-être animal il y a quelques années avec la mise en place du diagnostic BoviWell (voir TDB n° 1631, 1637, 1723 ). Leur travail dans les élevages n'est donc pas nouveau. Pour le sujet environnemental que cible le programme « Pâturond », l’approche est intéressante car elle ne se limite pas à la séquestration de carbone mais va plus loin avec une certaine transversalité (économique notamment) ». Et de poursuivre : « cela étant, je pense que le point faible de ces actions réside dans l’objectif annoncé : 30 000 animaux contractualisés pour un million abattus afin d'atteindre les 46 000 t de steak haché… Je pense que cet objectif est à éclaircir ».

McDonald's en chiffres

  • 43 années de présence dans l’hexagone
  • Près de 2 millions de repas servis chaque jour
  • Plus de 1 500 restaurants répartis sur l’ensemble du territoire français
  • Près de 29 400 agriculteurs français approvisionnent l’enseigne dont 28 100 éleveurs de bovins
  • 75 % des achats de matières premières agricoles sur les 5 principales filières de l’enseigne réalisés en France (bœuf, poulet, blé des pains, pomme de terre, salade)
  • En 2022, plus de 876 millions d’euros d’achats alimentaires ont été réalisés auprès de sites de production français soit 73,2 % des achats alimentaires totaux
  • Pour évaluer et accompagner le progrès des élevages bovins, McDonald’s France s’est associé aux experts de la filière pour participer aux avancées environnementales via l’outil CAP’2ER® de l’Institut de l’Élevage.
  • McDonald’s et son fournisseur de steak ont développé l’outil BoviWell permettant d’évaluer le bien-être animal au sein d’un élevage bovin et d’identifier les améliorations potentielles.