Coopératives
Une page s'est tournée pour Feder

Berty Robert
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L’assemblée générale de l’union de coopératives Feder aura été marquée par des changements de présidence. Yves Largy cède son siège à Bertrand Laboisse à la tête de l’union. Quant à l’éleveur côte-d’orien Josselin Laligant, il est devenu président de Feder Élevage.

Une page s'est tournée pour Feder
A gauche, Yves Largy, président sortant de Feder Union et de Feder Elevage et, à droite son successeur à Feder Elevage, l'éleveur de Côte-d'Or Josselin Laligant.

Des applaudissements debout, dans la salle du palais des congrès de Beaune, pour Yves Largy. L’éleveur Saône-et-Loirien, aujourd’hui retraité, présidait l’union de coopératives Feder depuis 17 ans, cela valait bien une « standing ovation », au moment de passer le relais à Bertrand Laboisse, éleveur de Villefranche-d’Allier, dans l’Allier. Ce changement de présidence, à l’occasion de l’assemblée générale de Feder, le 20 juin, n’était d’ailleurs pas le seul : Yves Largy a également passé le flambeau à l’éleveur côte-d’orien Josselin Laligant à la présidence de Feder Élevage. L’union de coopératives se retrouve donc avec une gouvernance grandement renouvelée, à l’heure de dresser le bilan de son année. La structuration de l’union a évolué avec l’adhésion de la coopérative Corel, basée dans le Centre-Ouest, dans les Deux-Sèvres.

Forte progression pour les jeunes bovins

Dans le contexte toujours présent de décapitalisation sévère décrit par le directeur général de Feder, Michel Millot, l’activité bovins s’est traduite par un total de 210 446 animaux commercialisés (par Feder Élevage, Féder Éleveurs bio et Corel) en progression de 6 % par rapport à 2022, avec, comme point saillant, une forte progression de la mise en marché de jeunes bovins (27 300 taurillons). Pour le directeur général de Feder « il existe du « minerai » disponible chez Feder pour développer l’engraissement, mais faire progresser cette activité nécessite des lignes de trésorerie pour les coopératives adhérentes de l’union ». Un financement destiné à l’engraissement, de 12 M d’euros, a donc été signé. Il n’empêche que les charges financières, entraînées par les broutards, par exemple, pèsent sur les comptes et la question des effets attendus d’Egalim est donc venue sur la table. « En 2023, plus de 12 000 bovins ont été contractualisés avec Bigard, rappelait Michel Millot, mais où en sont les contrats avec la grande distribution ? » La question reste pour l’heure en suspens mais, en attendant, Feder a décidé de proposer un contrat « Egalim broutards préparés ». C’est la prise en compte du fait que l’adéquation entre broutards et attentes du marché n’existe pas naturellement et qu’il faut donc la « travailler », mais ceci a un coût. Deux chiffres résument cette situation : 10 % des broutards commercialisés en France par Feder doivent être « embellis » et 35 % de ceux placés en atelier ne sont pas conformes à l’exigence technique.

Besoin de visibilité

Du côté des ovins, le contexte de niveaux de prix historique pour les agneaux est une bonne nouvelle qui ne semble pas ponctuelle. Les trois composantes (Terre d’ovin, Copagno et Feder Éleveurs bio) peuvent revendiquer pour 2023 145 872 animaux commercialisés, soit presque 2 700 de plus qu’en 2022. « Nous nous développons, précisait Michel Millot, parce que nous élargissons notre cercle de fournisseurs ». Au-delà de la commercialisation d’animaux, Feder Union, c’est aussi des activités de conseil et d’approvisionnement qui ont totalisé un chiffre d’affaires de 10,7 M d’euros en progression de 20 000 euros comparé à 2022. Mais Feder, c’est aussi les marchés export avec la filiale dédiée Eurofeder : par ce biais, 215 595 bovins ont été commercialisés en 2023, chiffre en progression de 20 % sur 2022, sur l’Italie, mais aussi la Grèce, la Turquie, le Moyen-Orient, et l’Afrique du Nord. Pour son dernier discours en tant que président, Yves Largy prenait en compte la bonne évolution des prix constatée depuis 2022, « mais qui ne compense pas totalement la baisse des aides PAC. Nous sommes sur des marchés porteurs mais nous manquons de visibilité pour l’avenir. Il faudra aussi que l’administration et les élus prennent beaucoup plus au sérieux les problèmes de prédation liés au loup, et les traumatismes que cela entraîne chez les éleveurs ». Enfin, Feder Union réfléchit aussi à l’indispensable renouvellement des générations, notamment en développant une contractualisation plus aboutie.