FDSEA
Considérer le mal être en agriculture

Christopher Levé
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Le 18 juin s’est tenu la troisième journée nationale contre le mal-être en agriculture, organisée par la FNSEA à Paris, en partenariat avec la MSA, la Chambre d’agriculture, la Coopération agricole, les Jeunes agriculteurs, Groupama et le Crédit Agricole sur le thème « le collectif, levier de prévention du mal-être en agriculture ».

Mal-être agricole
La troisième journée nationale contre le mal-être en agriculture a eu lieu le 18 juin, à la FNSEA, à Paris (photo : FNSEA).

Cette journée du 18 juin fut riche en échanges, la dignité et le sens du métier étant la revendication première de la FNSEA devant la rémunération et la simplification. Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, présent lors ce moment, a insisté sur « l’importance de travailler sur la détection et l’accompagnement ».
Plusieurs sujets ont été abordés, dont le réseau Sentinelle, et le réseau Réagir. Un bilan d’étape du plan interministériel « prévention mal être » a également été présenté.
François Régis Lenoir, agriculteur dans les Ardennes et docteur en psychologie sociale, est intervenu à deux reprises lors de cette journée. Selon lui, « il est primordial de travailler sur les relations entre êtres humains à l’heure où la société tend vers l’individualisme », il déplore que la santé mentale soit, trop souvent encore, un sujet tabou. Même si nous ne sommes plus à l’époque de Zola, « nous en sommes toujours au Germinal de la santé mental ».
Du côté de la MSA, l’attention a été portée sur le renforcement de l’accès aux droits et la prévention. Avec d’une part, la consolidation de son réseau riche de 5 000 sentinelles, qui œuvrent sur l’ensemble du territoire pour repérer les personnes en situation de mal-être et les orienter vers un accompagnement personnalisé : un dispositif efficace de soutien, qui permet aussi de lutter contre le non-recours, en lien étroit avec les équipes sociales des MSA. Et d’autre part, sur la création d’une nouvelle aide au répit administratif, permettant de prévenir l’épuisement professionnel et le « burn-out administratif » des agriculteurs confrontés à une surcharge administrative exceptionnelle. Cette intervention à domicile est expérimentée dans quelques caisses du réseau MSA et sera progressivement étendue dans les mois qui viennent.
Au sujet du plan interministériel, le vice-président de la FNSEA, Luc Smessaert, a demandé que ces comités, aujourd’hui pilotés aux deux tiers par les directions départementales des territoires, soient pris en charge et « pilotés par les élus et non par des fonctionnaires ». Le coordinateur interministériel du plan de prévention du mal-être en agriculture, Olivier Damaisin, ne s’oppose pas à cette proposition y voyant le moyen de redonner de la dynamique.

L’accompagnement est primordial

En deuxième partie de journée, c’est l’organisme « Gaec et sociétés » qui est venu placer « les relations humaines au cœur de la vie des entreprises ». Leurs conseillers sont formés à accompagner les agriculteurs pour prévenir les tensions au sein des structures (rédaction de contrats et de règlements intérieurs, entretiens, médiation), à traiter les situations conflictuelles et à aider les associés à porter un regard nouveau sur leur situation.
Le « droit à l’essai » est un dispositif porté par la FNSEA qui souhaite l’inscrire dans le PLOA (Projet de loi d’orientation agricole). Cette démarche, très sollicitée dans certaines régions dont la Haute-Savoie où elle a largement fait ses preuves, consiste à se tester pendant un an avant d’intégrer un associé sur une structure (hors cadre familiale). Le futur installé et ses associés bénéficient d’un suivi et d’un accompagnement afin que chacun trouve sa place et repérer en amont les sujets entre associés susceptibles de découler sur des tensions à long terme.
Un travail reste à faire pour adapter le droit à l’essai au cadre familial. En effet, il paraît nécessaire de lever les tabous familiaux, se délester de la pression générationnelle afin d’aborder la transmission de la manière la plus sereine possible.
Pour terminer, les groupements d’employeurs ont présenté les avantages d’un « salarié clé en main » avec leurs prestations RH. Ce mode de fonctionnement permet aux exploitations d’employer de la main-d’œuvre, sans la contrainte administrative liée aux ressources humaines, et tout en garantissant un suivi et un encadrement de qualité pour le salarié.

NOTE : Retrouvez en ligne, via ce QR code, un livret réalisé par le réseau Chambres d’agriculture France et Gaec et sociétés, en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, illustrant 10 idées reçues sur l’accompagnement humain en agriculture.

chambres-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/National/FAL_commun/publications/National/idees-recues_accompagnement-humain.pdf

La formation « bien dans ses bottes » revient

La FDSEA de l’Yonne prend le sujet du mal-être très au sérieux. C’est pourquoi une formation « bien dans ses bottes » sera remise en place dès l’automne dans le département. Elle a pour objectif d’amener les participants à la réflexion sur leurs conditions de travail, et les manières d’optimiser l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Les inscriptions ouvriront prochainement.