Visite préfet
Le préfet à la rencontre des éleveurs de l'Avallonnais

Christopher Levé
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Le jeudi 22 juin, le préfet de l’Yonne, Pascal Jan, s’est rendu dans l’Avallonnais, sur l’exploitation de Franck Commaille à Saint-Germain-des-Champs. L’objectif pour le préfet était de découvrir le fonctionnement d’un élevage de bovins allaitants. Dans le même temps, la profession (à travers la FDSEA et les JA) a tenu à mettre en avant les enjeux de l’agriculture dans le département de l’Yonne.

Préfet
Le jeudi 22 juin, le préfet de l’Yonne, Pascal Jan, s’est rendu dans l’Avallonnais, sur l’exploitation de Franck Commaille à Saint-Germain-des-Champs.

Des éleveurs de la FDSEA de l’Yonne et des JA 89 étaient réunis le jeudi 22 juin, sur l’exploitation de Franck Commaille à Saint-Germain-des-Champs, pour accueillir Pascal Jan, préfet de l’Yonne. Ce dernier avait fait la demande aux syndicats de venir visiter une exploitation en bovins allaitants, afin de découvrir son fonctionnement.
Une visite, oui, mais surtout des échanges lors de cette rencontre. « On entend partout que la consommation de viande en France baisse, mais cela n’est pas la réalité. Elle ne baisse pas », a tout d’abord tenu à rappeler Pascal Jan.
Un sujet a longuement alimenté les échanges : celui de la communication interne à la profession. Pour le préfet, la profession agricole doit arriver « à valoriser ses pratiques, que ce soit dans l’assiette mais pas que. Il faut aussi mettre en avant le bien-être animal que vous respectez », a-t-il exposé aux éleveurs présents. « Vos opposants ou ceux qui défendent d’autres modèles d’agriculture sont très présents au niveau de la communication. À vous de l’être tout autant, voire plus, pour valoriser davantage ce que vous faites. Les agriculteurs sont peu visibles sur les réseaux sociaux, pas assez valorisés et cela manque clairement. La communication est une bataille de longue haleine. Mais si chaque agriculteur communique ne serait-ce qu’un peu, cela vous donnera de la voix ».
Si les éleveurs présents ont tous reconnu ne pas assez communiquer sur leurs métiers et leurs pratiques, Charles Baracco, président des Jeunes agriculteurs de l’Yonne, a confié au préfet ne pas comprendre « pourquoi les éleveurs ne sont pas plus défendus par l’État. Pourquoi devons-nous nous expliquer autant à la population sur ce que nous faisons ? Manger, c’est vital. Et nous, qui produisons à manger, devons sans cesse nous justifier. Cela me dépasse ».
Et selon Arnaud Guyard, éleveur de l’Avallonnais, « il est compliqué aujourd’hui avec les nouveaux arrivant de faire comprendre aux gens le fonctionnement d’une exploitation. Il y a des plaintes sur tout : les odeurs, les bruits, les mouches… C’est un phénomène qui monte ces dernières années ».

« Le loup va mal s’adapter sur nos zones »

Durant la visite, d’autres sujets ont été abordés. La sécheresse, ainsi que les sangliers. « Sur ce sujet, nous nous rendons compte que lorsque les sociétés de chasse veulent bien collaborer, nous faisons, ensemble, des choses intéressantes. Cette année, nous constatons une baisse de dégâts dans l’Avallonnais. Il faut espérer que cela dur et se fasse ailleurs », constate Pierre-Olivier Guyard, éleveur de l’Avallonnais et trésorier de la FDSEA.
Autre sujet épineux dans le secteur : celui du loup. Pour Charles Baracco, « le loup va mal s’adapter sur nos zones. Il y a peu, l’objectif était d’avoir 500 loups en France. Aujourd’hui on atteint les 1 000. C’est de moins en moins gérable pour les éleveurs. On le voit, désormais, les loups commencent à s’attaquer à des plus gros animaux, comme les bovins », lance-t-il.
À cela, Pascal Jan a tenu à rappeler que dans l’Yonne, « dès lors qu’il y a un doute sur une attaque (à la suite des expertises faites par l’OFB), il y a une indemnisation pour l’éleveur. Cette doctrine, qui est claire et simple, je l’ai fixée dès mon arrivée dans le département ».
Si la profession aimerait que les choses bougent davantage pour voir leurs troupeaux épargnés par le prédateur, le préfet a expliqué que cela n’était pas si facile que cela. « Le loup est une espèce protégée au niveau international par plusieurs conventions (dont celle de Berne datant de 1979). Quand bien même on voudrait faire quelque chose, cela serait immédiatement annulé par ces conventions internationales. Cela demande donc du temps. Ce qu’il faut faire dès à présent, c’est bien identifier les zones de présence du loup. Nous n’avons pas assez d’informations là-dessus. Plus il y aura d’images prises par des caméras ou des pièges photos, mieux nous pourrons identifier ses zones de présence et mieux nous pourrons agir », assure-t-il.
Enfin, Pierre-Olivier Guyard a alerté le préfet sur le pouvoir d’achat des Français, qui a un impact sur leur consommation. « Nous comptons sur vous pour ne pas continuer de voir baisser le panier moyen des consommateurs. Les lois Egalim nous aident, mais en cas de nouvelles difficultés (économiques), nous savons que nous serons encore ceux qui paieront les pots cassés », a-t-il avancé.

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La communication, les sangliers et le loup font partis des sujets qui ont été abordés.