Emploi
Le secteur des semences peine à attirer de nouveaux profils

Actuagri
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Secteur phare de l’agriculture française, cette filière peine pourtant à attirer, alors qu’elle propose des emplois diversifiés et valorisants.

Le secteur des semences peine à attirer de nouveaux profils
Le secteur des semences est confronté à une vraie crise d'attractivité de ses emplois.

La France est le premier exportateur mondial de semences et dégage un excédent commercial d’1 milliard d’euros. Pourtant, les entreprises ne trouvent pas la main-d’œuvre nécessaire pour assurer la pérennité et le développement de leurs activités. Les responsables professionnels de l’interprofession semences et plants (Semae) s’en sont inquiétés début octobre. Au champ, comme à l’usine, de nombreuses offres d’emploi ne trouvent pas de candidats, en dépit de ses atouts. L’activité est répartie sur l’ensemble du territoire, même si elle est plus concentrée dans les Pays-de-Loire et dans le Sud-Ouest, et elle offre une gamme de métiers variés, aussi bien dans les exploitations agricoles pour accompagner les agriculteurs, que dans les entreprises tant dans la sélection des variétés que dans le marketing pour vendre les semences. La filière emploie 17 000 personnes. Dans les entreprises de la filière, notamment dans les 70 établissements de sélection, 10 à 20 % des postes seraient non pourvus, estime Didier Nury, président de l’Union française des semenciers (UFS). Tous les métiers sont concernés, ceux de la maintenance, comme ceux plus « pointus » liés à la recherche et à l’expérimentation, le manque de candidats se fait surtout sentir chez les techniciens. « Nous sommes structurellement en déficit de main-d’œuvre et cela devient un frein à la production chez les agriculteurs à cause des difficultés à gérer la main-d’œuvre », poursuit-il.

La main-d’œuvre, un vrai problème

Didier Nury attribue cette situation au manque de connaissance du secteur par la société civile, y compris dans les établissements de formation, à la faible mobilité géographique des candidats et de leur famille ainsi qu’aux idées reçues qui circulent sur la semence. En outre, pendant l’été où les besoins de main-d’œuvre sont plus importants, le recrutement des saisonniers est de plus en plus difficile, notamment chez les étudiants, observe-t-il. Le phénomène touche également les agriculteurs multiplicateurs. Si certains réduisent leur activité en raison des difficultés rencontrées en termes de main-d’œuvre, beaucoup renoncent. Selon Pierre Pagès, le nouveau président de l’interprofession et de la Fédération des producteurs de semences de maïs et de sorgho, l’effectif aurait perdu 10 % en cinq ans, et ils ne seraient plus actuellement que 17 300 agriculteurs à exercer cette activité. S’ils ont la sécurité des débouchés, beaucoup de multiplicateurs considèrent qu’ils ne disposent plus des moyens nécessaires à exercer correctement le métier. Activité très technique et qui nécessite une certaine expertise, elle pose des difficultés en matière de moyens de production, qu’il s’agisse d’irrigation de plus en plus encadrée ou d’utilisation des produits phytosanitaires pour lutter contre les ravageurs. D’autres, notamment des jeunes qui souhaitent une rentabilité plus immédiate, n’hésitent pas à effectuer des arbitrages au profit d’autres cultures jugées, sur le champ, plus rémunératrices ou moins contraignantes.