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Les représentants ont rencontré le préfet

Christopher Levé
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Le mercredi 19 octobre, les représentants des producteurs et des organismes stockeurs de l'Yonne, rassemblés à l'UPVY, ont rencontré Pascal Jan, préfet de l'Yonne, au silo de 110 Bourgogne, à Bonnard. 

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Le préfet de l'Yonne, Pascal Jan, est allé à la rencontre des membres de l'UPVY le mercredi 19 octobre.

Pour les représentants des producteurs céréaliers et des OS membres de l’UPVY, la rencontre avec le préfet, Pascal Jan, était l’occasion d’exposer les problématiques qui les concerne. À commencer par la dérogation au temps de travail hebdomadaire. « Aujourd’hui, durant la moisson, le temps de travail passe de 35 h/semaine à 60 h/semaine avec un maximum de 12 heures travaillées par jour. Les organismes stockeurs ont proposé de moduler les horaires à la semaine pendant la période de récolte mais la Direccte BFC n’a accepté cette proposition », explique Jean-Marc Krebs, directeur de 110 Bourgogne. « Alors que dans la région Grand-Est, par exemple, le temps de travail autorisé durant la moisson est de 66 h/semaine, nous demandons une plus grande flexibilité pendant cette période critique et la possibilité d’obtenir une dérogation similaire. Car durant les moissons, le temps est compté et les conditions météorologiques peuvent très vite altérer la qualité des grains ».
Autre sujet abordé : les impacts de la guerre en Ukraine sur les énergies (gaz, électricité et GNR). « Les tensions géopolitiques actuelles engendrent un niveau de prix du gaz très élevé en France et en Europe. Le système Européen actuel de fixation du prix de l’électricité est basé sur le coût de revient de l’électricité à partir du gaz », poursuit Pascal Krebs. « La négociation au niveau Européen en cours est actuellement bloquée par l’Allemagne et dans une moindre mesure les Pays-Bas. Si la situation n’évolue pas, les entreprises seront confrontées en 2023 à une explosion du prix de l’électricité : 550 € à 650 MWH au lieu de 50 € en 2021 et 150 € en 2022. Aussi, malgré le système de l’ARENH, le budget électricité va être multiplié par un facteur allant de 2 à 6. Il est urgent et vital d’accompagner les entreprises dans cette situation très difficile ».
Aussi, des tensions sur l’approvisionnement en GNR et en fioul, en plus d’une forte augmentation du prix (et des prix non garantis), sont à constater. Les délais de livraison s’allongent (deux semaines minimum) et un rationnement est parfois imposé. En pleine période de semis, les besoins sont importants et conditionnent la réussite des récoltes à venir.
« Nous demandons donc un encadrement des prix des énergies afin de revenir à un niveau supportable par les entreprises : un plafonnement du prix du gaz permettra de limiter le prix de l’électricité. Et nous demandons une priorisation des livraisons de GNR vers les agriculteurs », lance Damien Renoux, président de l’UPVY.

Vers un abaissement du seuil de stockage des ammonitrates

L’explosion des prix de l’azote et les problématiques de transport ont également abordé (sujet développé lors de l’édition de la semaine prochaine), ainsi que le risque d’un abaissement du seuil de stockage des ammonitrates. Un projet de texte abaissant le seuil de déclaration de stockage d’ammonitrates à haut dosage (en vrac et en conditionné) à 150 tonnes a été soumis à consultation publique puis reportée dans le contexte actuel. « Cette loi pourrait avoir des conséquences considérables en termes logistiques, économiques et des conséquences sur la souveraineté alimentaire du pays », assure l’UPVY. « L’abaissement de ce seuil à 150 tonnes d’engrais à base de nitrate d’ammonium conduirait à obliger des exploitations agricoles à relever des installations classées pour la protection de l’environnement et à réaliser des investissements coûteux ».
Sur le plan logistique, les instances agricoles estiment un risque de fermeture des sites de stockage de proximité de l’ordre de 30 à 50 %. Sur le plan économique, cette évolution conduirait au risque de fermeture d’usines françaises qui produisent des ammonitrates à haut dosage et à augmenter les importations de fertilisants, donc accroître la dépendance de la ferme France et fragiliser la souveraineté alimentaire. L’UPVY demande ainsi une suspension du processus d’adoption du projet d’arrêté et de relancer la concertation.

Les réponses du préfet

Lors de cette rencontre, le préfet de l’Yonne, Pascal Jan, a écouté et pris note des problématiques et des demandes listées par l’UPVY. Il a également tenu à apporter quelques éléments de réponse. À commencer par la pénurie de carburant. « Au niveau national, la FNSEA a fait une demande pour que les agriculteurs soient intégrés dans les personnes prioritaires pour l’accès au carburant, ce qui n’a pas débouché sur une réponse positive. C’est aussi le cas dans l’Yonne. Nous avons choisi de cibler uniquement les personnels du médical et du paramédical. Car aujourd’hui, la situation dans l’Yonne ne nécessite pas cette dérogation. Aussi, le risque est d’ouvrir cette « liste » et de ne plus maîtriser cette notion de prioritaire ». Le préfet dit cependant avoir cette demande en tête et surveille la situation.
En ce qui concerne le sujet de l’eau, dossier sur lequel travail en continu l’UPVY, Pascal Jan annonce la mise en place d’une conférence pour travailler sur cette thématique, début 2023. « Au niveau départemental et même au niveau national, on n’a pas de stratégie définie. On subit, on constate, on déplore, mais il n’y a pas de stratégie d’usage, de stockage, de distribution de l’eau sur le long terme. C’est pourquoi en début d’année (février ou mars), on va organiser une conférence où l’eau sera au cœur du sujet de l’Yonne en 2050. L’objectif est d’impulser les choses pour voir comment les acteurs de territoire peuvent se saisir des problématiques du département en ce qui concerne l’eau en assurer la pérennité des activités économiques qui ont besoin de l’eau ».